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Le 8 septembre dernier, la planète rugby célébrait en grande pompe le début de la grand-messe mondiale avec un France-Nouvelle-Zélande de rêve. Au milieu de cette osmose collective, un joueur a vécu un mélange de sentiments. Ce même jour, le jeune arrière écossais Ollie Smith (23 ans) commémorait la mort de son frère Patrick, survenue quatre ans plus tôt.
Dans cette funeste nuit du 7 au 8 septembre 2019, cet étudiant en ingénierie de 21 ans basculait par la fenêtre du troisième étage d'un immeuble d'Edimbourg. Son décès, constaté par les secours sur place, a ému l'Ecosse. "Patrick était un étudiant fantastique, sur le point de commencer un master", se lamentait alors son professeur Lev Sarkisov.
Contrairement à son frère, alors grand espoir du rugby écossais, Patrick Smith préférait les bassins de natation. "Et c'était un donneur du sang passionné, racontait Ollie Smith au podcast Refuse To Fail[en anglais] en 2022. Je ne sais pas comment cela lui est venu, mais il a fait son premier don dès qu'il l'a pu, le jour de son 17e anniversaire."
Une association pour entretenir la passion du frère
Pour s'adonner à cette passion peu commune, "Patzo", comme le surnommaient ses proches, n'hésitait pas à braver des interdits. "Comme il faisait partie de la communauté LGBTQ, il n'avait pas le droit de donner son sang, poursuivait son frère. Donc il mentait, car lui voulait seulement aider les gens." Cette interdiction a été abrogée au Royaume-Uni en juin 2021, près de deux ans après le décès de Patrick Smith.
Pour entretenir sa mémoire et poursuivre sa passion, ses proches ont fondé l'association Give Blood 4 Good. "Cela s'est fait pendant le premier confinement, six mois après sa mort", continue Ollie. L'ONG vise à démocratiser cette pratique méconnue, puisque seuls 7% des Britanniques s'y adonnent, d'après un sondage publié par YouGov [lien en anglais] en novembre 2022.
Sur son site, Give Blood 4 Good indique avoir sauvé plus de 10 000 vies en trois ans. "Mais c'est surtout ma sœur Hanna et mon père qui gèrent ça", précise le joueur. Celui-ci apporte tout de même sa pierre à l'édifice en médiatisant l'association. "Je me suis moi-même mis au don du sang", affirme-t-il.
"Il y a beaucoup d'idées reçues à ce sujet. Mais j'ai joué 80 minutes la veille de mon premier don, et tout s'est très bien passé."
Ollie Smith, joueur écossaisau podcast Refuse To Fail
La caisse de résonance de l'association croît en même temps que la carrière d'Ollie Smith progresse. Professionnel depuis janvier 2021, soit un peu pus d'un an après le décès de Patrick, il a honoré sa première cape avec l'Ecosse 18 mois plus tard, en juillet 2022. Faut-il voir dans cette histoire personnelle une forme de résilience ? "C'est terrible à dire, mais j'ai dit à ma mère il y a quelques mois que ce drame était la meilleure chose qui puisse arriver pour grandir", acquiesçait-il pour le Times [article en anglais] en 2022. "Je prends tout avec une pincée de sel, cela n'a pas autant d'importance", relativise-t-il.
Sa carrière décolle... en musique
Sa famille soutient l'éclosion d'Ollie au quotidien, et si vous assistez à un match de l'Ecosse durant le Mondial, il y a fort à parier que vous reconnaissiez son père Gavin. "Il joue de la trompette lors de chacun de mes matchs ! sourit le joueur de Glasgow pour The Herald. Et en club, quelqu'un derrière lui tient des feuilles géantes avec les paroles des chansons qu'il écrit. Il y en a une pour chaque joueur !" Par exemple, le nom de Huw Jones est fredonné sur l'air de "Hey Jude", des Beatles.
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Malgré quelques tracas lors du match de préparation contre les Bleus à Saint-Etienne au mois d'août (sa trompette lui a été momentanément confisquée), Gavin Smith offre "un visage familier" à son fils pour sa première Coupe du monde. Et il l'accompagne à l'orée d'un des plus grands défis du rugby écossais, puisque Smith, plus jeune joueur du Chardon lors de ce Mondial, est appelé – en alternance avec Blair Kinghorn – à prendre la relève de l'illustre Stuart Hogg, icône nationale et ex-capitaine retiré des terrains depuis juillet. Une énorme responsabilité. Mais qu'il prendra sans doute avec une pincée de sel.
