les résultats le programme par jour

Roland-Garros 2024 : Jasmine Paolini, l'inattendue finaliste à l'éclosion tardive

L'Italienne de 28 ans, adversaire d'Iga Swiatek en finale, samedi, n'avait jamais dépassé le deuxième tour du tournoi parisien avant cette année.

L'ère est à l'extrême précocité dans tous les sports. Demi-finaliste de Roland-Garros à 17 ans cette année, Mirra Andreeva l'a encore démontré. Mais il arrive que l'élan de cette jeunesse triomphante n'écrase pas tout sur son passage. Pour la jeune Russe, l'aventure s'est arrêtée brutalement face à Jasmine Paolini, 28 ans et tête de série n°12 du tournoi. Contrairement aux apparences, ce n'est pas l'expérience de l'Italienne qui a décidé de l'issue de la rencontre puisque cette dernière était habituée aux éliminations aux 1er et 2e tours des tournois du Grand Chelem avant cette année.

Peu de gens auraient pu prévoir qu'elle serait l'adversaire de la double tenante du titre Iga Swiatek en finale, samedi 8 juin. Elle-même ne se voyait pas aller aussi loin. "Plus jeune, je regardais les autres Italiennes qui gagnaient en Grand Chelem, mais m'imaginer à leur place, c'était difficile. C'était quelque chose de totalement fou pour moi. Je n'ai jamais rêvé d'être n°1 mondiale, de gagner un Grand Chelem ou même d'être dans le top 10. Je l'espérais, mais n'y croyais pas vraiment. Aujourd'hui, je suis heureuse, mais aussi surprise", a-t-elle reconnu en conférence de presse après sa demi-finale.

Il faut dire que la native de Castelnuovo di Garfagnana, en Toscane, n'a intégré le top 100 pour la première fois qu'à l'âge de 24 ans. Ce n'est qu'à la fin de l'année 2023 que cette dernière s'est affirmée parmi les joueuses de premier plan. Un cap a été franchi en février dernier quand elle a remporté le WTA 1000 de Dubaï, alors qu'elle n'avait gagné jusque-là qu'un WTA 250 en carrière, en Slovénie en 2021. Mais n'essayez surtout pas de lui demander ce qu'elle a changé ou un quelconque ingrédient de sa recette magique.

Aussi timide qu'explosive

"Je ne crois pas qu'il y ait eu de moment où j'ai changé, ça a été un processus. Je perdais presque tous mes matchs contre les grandes joueuses, mais je me rapprochais de plus en plus. J'ai acquis davantage de confiance dans mon jeu, dans moi-même. Et parfois, je vais sur le court avec l'idée que je peux gagner le match, et je crois que c'est ça qui représente le vrai déclic", explique Jasmine Paolini, faisant comprendre sa grande difficulté à engranger de la confiance avant ces derniers mois.

Son entraîneur Renzo Furlan a observé une grande progression technique en même temps que sa protégée a commencé à croire en elle. "Au début, elle avait tendance à toujours faire les mêmes choses, à toujours jouer de la même manière. Maintenant, elle est une joueuse de tennis complète. Elle sert bien, elle sait frapper avec de nombreuses variantes, et surtout elle n'est plus seulement très habile en défense, elle sait aussi attaquer. La combinaison est fondamentale", raconte ce dernier dans les colonnes de La Gazzetta dello sport [article en italien].

Le fait d'être compétitive en double avec sa compatriote Sara Errani (37 ans), dernière finaliste italienne de Roland-Garros (en 2012), a participé à nourrir sa bonne dynamique. Depuis que les deux joueuses se sont associées fin 2023, elles ont remporté trois tournois (Monastir, Linz et Rome) et, surtout, elles sont en finale du tableau de double féminin porte d'Auteuil. "Avec Sara, je peux parler tennis. Je lui demande ses stratégies et ses conseils : comment arriver sur le court, que faire pour mieux jouer... C'est quelqu'un qui m'aide tellement", s'est réjouie Paolini à Paris.

Plutôt réservée en dehors des courts, l'Italienne au petit gabarit (1,63m) s'appuie sur un jeu de fond de court explosif qui s'adapte mieux à la terre battue qu'aux autres surfaces. Son profil est à l'opposé de celui d'Iga Swiatek (1,76m) jusque dans le caractère sur le court, où son sourire innocent tranche avec la mine fermée du rouleau compresseur polonais. Elle n'a qu'une seule chose en commun avec son adversaire en finale, des origines polonaises par sa mère.

"J'essaie de parler polonais, mais ce n'est pas facile. Je suis un peu timide, parce que je ne me sens pas très à l'aise dans cette langue."

Jasmine Paolini

en conférence de presse

Samedi, pour grimper l'Everest que représente Iga Swiatek, qui n'a lâché qu'un seul set depuis le début du tournoi, Jasmine Paolini devra produire une prestation totalement décomplexée. En deux confrontations avec la n°1 mondiale, l'Italienne n'a remporté que six jeux (défaites 6-2, 6-1 à Prague en 2018 puis 6-3, 6-0 à l'US Open 2022). Le défi sera d'autant plus difficile qu'elle a passé au total 17 heures et 46 minutes sur les courts dans cette édition de Roland-Garros (simple et double confondus) quand son adversaire s'est concentrée sur le simple, ne jouant que 8 heures et 50 minutes jusqu'à présent.

Tous les articles