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Roland-Garros 2024 : Novak Djokovic, une saison sur terre battue loin de ses standards, qui interroge sur la suite de sa carrière

Le Serbe, qui était arrivé à Roland-Garros sans aucune finale disputée pour la première fois depuis 2018, a déclaré forfait avant les quarts de finale.

Blessé au genou, Novak Djokovic a dû renoncer aux quarts de finale de Roland-Garros pour la première fois depuis 2009, mardi 4 juin. La dernière fois qu'il avait raté ce rendez-vous, c'est l'Allemand Philipp Kohlschreiber qui l'avait poussé dehors au troisième tour, à une époque où Guillermo Canas et Nikolay Davydenko bousculaient encore les favoris. Depuis, le Serbe a joué 14 quarts d'affilée et a remporté trois fois le tournoi.

Une évidence qui s'était déjà quelque peu estompée à l'aube de ce Roland-Garros. S'il était le tenant du titre et toujours n°1 mondial, ce Novak Djokovic-là n'offrait aucune garantie d'un long parcours à Paris.

Une de ses pires années sur terre battue

Aucune finale à son actif cette année, une première depuis 2018. Pas de victoire à l'Open d'Australie non plus, là aussi une première lorsqu'il participait au tournoi depuis 2018. Six petites victoires sur terre battue, son troisième plus faible total depuis dix ans avant d'entamer le Grand Chelem parisien après 2020 et 2023 (cinq victoires).

Dans cette édition 2024, son premier tour laborieux face à Pierre-Hugues Herbert et son deuxième un peu plus convaincant face à Roberto Carballes Baena laissaient augurer d'une relative montée en puissance. Elle s'est effritée contre Lorenzo Musetti, avant une blessure au genou en huitièmes de finale face à Francisco Cerundolo, un match qu'il a pourtant remporté, lundi 3 juin. Mais en conférence d'après-match, son discours respirait l'incertitude. "Ces dernières semaines, j'ai eu une petite gêne au genou droit, mais rien à voir avec une blessure inquiétante. J'ai joué des tournois avec et il n'y a rien eu jusqu'à aujourd'hui. Mais au troisième jeu du deuxième set, j'ai glissé et ça a affecté mon genou, a-t-il détaillé. Je ne sais pas ce qui se passera demain ou après-demain, ni si je serai capable d'entrer sur le court et de jouer". L'annonce de son forfait, mardi 4 juin, n'est donc pas sortie de nulle part.

La conséquence d'une préparation tronquée et marquée par les doutes. "Evidemment que je suis inquiet. Je ne joue pas bien du tout depuis le début de la saison", disait-il le 25 mai, après sa défaite face à Tomas Machac en demi-finale du tournoi de Genève, une anomalie pour lui, qui ne dispute jamais de tournoi la semaine précédant un Grand Chelem. 

Il s'était pourtant montré positif avant Roland-Garros, mais avec une pointe de doute loin d'être dans ses habitudes. "Mes attentes sont basses et mes espoirs élevés [sourire]. L'une des raisons qui fait que je joue toujours au plus haut niveau est ma volonté d'écrire l'histoire et de remporter les plus grands titres. Roland-Garros en fait évidemment partie. Donc mes objectifs sont toujours les mêmes. Mais cette année, je dois réviser à la baisse mes attentes."

Comme si l'homme aux 24 titres du Grand Chelem était devenu un peu plus prudent, lui qui a l'habitude d'étriller les Grands Chelems sans pitié quand il est en forme. "A Monte-Carlo [battu en demi-finales], Rome [battu au 3e tour] et Genève [battu en demi-finales], j'ai vraiment bien commencé le tournoi. Mes premiers matchs étaient super. Et les deuxième ou troisième, c'était autre chose... Donc je ne veux pas trop m'enthousiasmer", avançait-il après son premier tour.

L’usure de la motivation a-t-elle fini par l’atteindre aussi, lui qui avait pris l’habitude repousser les limites, mentales et physiques ? S'il claironne souvent que ses objectifs sont les plus hauts, Novak Djokovic n'a plus grand-chose à gagner car il a... tout gagné sur le circuit ATP. Comme il l'avait répondu à la question de savoir quel tournoi il voudrait encore gagner, dans une vidéo en janvier 2023. "Je les ai tous gagnés... Désolé, ça ne fait pas très humble, on recommence ! Bon, ce n'est pas grave, laissez comme ça", avait souri le Serbe, aussi fier que gêné.

Une fin qui se rapproche

Lui qui voit ses deux ennemis jurés conclure leur carrière, Roger Federer en 2022 et désormais Rafael Nadal, qui n'a plus que quelques mois à donner, peut aussi être atteint par une certaine lassitude, après une carrière débutée sur le circuit ATP en 2004 et remplie de 98 titres. "Une partie de moi veut toujours continuer, je n'ai pas de date d'expiration", ambitionnait-il mi-mai dans le podcast de Nick Kyrgios. Avant d'ouvrir dans la foulée une brèche qu'on lui connaissait peu jusque-là. "Le Novak de 4 ans est toujours à l'intérieur et toujours amoureux de ce sport et a toujours faim de plus. Mais en même temps, il y a probablement un Novak plus mûr, un père et un mari, qui se dit : 'Allez, mec. Il y a aussi d'autres choses dans la vie.'"

Comme si, lui aussi, beaucoup plus proche de la fin que du début, commençait à arriver au bout du chemin. Lui, qui sait que son record ne devrait pas être rattrapé avant au moins une décennie au nombre de Grands Chelems, commence aussi à anticiper la suite, alors que ses enfants ont désormais six et neuf ans. "J'ai de la chance d'avoir ma vie mais, certains matins, je suis démotivé et moins inspiré à l'idée de voyager, de jouer alors que j'ai envie d'être à la maison et d'avoir une vie normale."

Roland-Garros évacué, Novak Djokovic va désormais se concentrer sur Wimbledon, son autre jardin, qu'il a remporté sept fois (10 pour l'Open d'Australie). Avant de se projeter vers les JO de Paris, qui ne sont pas un tournoi ATP, mais qu'il n'a jamais remportés (bronze à Pékin en 2008). De quoi redonner un surplus de motivation à Novak Djokovic, pour qui ce sera sans doute la dernière chance. Le Serbe a suffisamment montré que, même dans une passe difficile, ce serait une grave erreur de le sous-estimer.

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