Un million d’espèces menacées… et nous ?
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Un million d’espèces animales et végétales – soit une sur huit – risquent de disparaître à brève échéance de la surface de la Terre ou du fond des océans si l’espèce humaine ne modifie pas radicalement, et rapidement, son comportement à brève échéance. Telle est l’alerte mondiale, lancée lundi 6 mai, à Paris, par la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES).
Réunis pendant une semaine à la Maison de l’Unesco, les représentants de 110 pays, sur les 132 que compte cette organisation onusienne, souvent appelée le « GIEC de la biodiversité », ont approuvé à l’unanimité un « résumé pour les décideurs » d’un rapport de 1800 pages sur lequel ont travaillé 450 experts pendant trois ans. Et leur constat est sans appel : « la nature décline globalement à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine. (…) Nous sommes en train d’éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier ».
D’après ce rapport, 75 % de l’environnement terrestre et 40 % de l’environnement marin présentent des « signes importants de dégradation ». En 40 ans, 50 % des animaux marins ont disparu et aujourd’hui plus de 40 % des espèces d’amphibiens, près de 33 % des récifs coralliens et plus d'un tiers de tous les mammifères marins sont menacés. En parallèle, quelque 290 millions d'hectares de forêts primaires ont disparu à travers la planète entre 1990 et 2015. Aussi, plus d'un tiers de la surface terrestre et près de 75 % des ressources en eau douce sont destinées à l’agriculture ou à l’élevage. Et l’on pense que rien qu’en France, sur les 15 dernières années, on aurait perdu un tiers du nombre d’oiseaux.
La sixième extinction de masse des espèces est bel et bien en marche, pour autant pas question de céder au découragement. « Notre message au monde est un message d’espoir », assure Anne Larigauderie, secrétaire exécutive de l’IPBES. « Nous n’avons pas perdu la bataille. La nature peut être restaurée si tout le monde agit dans le bon sens ». Il faut pour cela, selon le terme du rapport, des « changements transformateurs » de nos sociétés. Quels sont ces changements ?
Après une rencontre avec des représentants de cet organisme, Emmanuel Macron a estimé hier soir qu’il « fallait changer notre manière de produire, de nous organiser » et a annoncé une série de mesures, telle qu’« une revue des aides fiscales et budgétaire » à l’aune de ces objectifs ainsi qu’une extension des aires maritimes et terrestres protégées. Il s’est montré également critique sur le projet d’extraction d’or en Guyane jugeant qu’« en l’état, il n’est pas compatible » avec des ambitions écologiques. « Il y aura une évaluation complète pour le prochain Conseil de défense sur ce sujet et une décision formelle et définitive sera prise, en concertation avec le territoire », a-t-il ajouté.
Très controversé, ce projet prévoit d’exploiter une mine de plus de deux kilomètres de long à partir de 2022 en pleine forêt tropicale. Le patronat local est pour, certains élus aussi, mais les associations de défense de l’environnement sont contre, justement pour éviter des pertes considérables de biodiversité. Plus de 1500 hectares de forêt et 2000 espèces sont menacés. Et en métropole, certains proches d’Emmanuel Macron, comme Pascal Canfin, s’y opposent fermement. Le candidat LREM aux européennes ne s’en était pas caché ces derniers mois.
Alors le projet est-il enterré ? Grande oubliée de la conférence de presse d'Emmanuel Macron, l’écologie devient-elle un enjeu majeur pour le prochain scrutin des européennes ? En matière de biodiversité, la situation est-elle à ce point catastrophique ? Pourquoi la France figure parmi les dix pays les plus menacés ? Comment inverser la tendance ?
Invités :
- Jean Viard, sociologue, directeur de recherche CNRS.
- Anne-Laure Barral, journaliste, spécialiste environnement sur Franceinfo.
- Benoît Hartmann, géographe.
- Gérard-François Dumont, géographe et démographe.
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé