Pouvoir d’achat : retraités, les grands perdants

C dans l'air

Ras-le-bol de faire des sacrifices, des milliers de retraités ont manifesté hier dans les grandes villes de l'Hexagone pour défendre leur pouvoir d'achat. Dans leur cahier de doléances, nos aînés exigent l'annulation de la hausse de la CSG pour tous, la revalorisation des pensions à la hauteur de l'inflation, le retour à l'indexation sur les salaires, ainsi que le maintien de la pension de réversion selon les modes de calculs actuels.   En décembre dernier, pour répondre au mouvement des Gilets jaunes, Emmanuel Macron avait concédé une baisse du taux de CSG pour environ 5 millions de personnes. Mais l'exécutif a maintenu le quasi-gel des pensions, qui ont augmenté de 0,3 % au 1er janvier, alors que l'inflation a atteint 1,2 % sur un an. Une « attaque » selon eux contre leur pouvoir d’achat qui fait des séniors les « sacrifiés » du quinquennat.   Alors les retraités sont-ils réellement les grands perdants des réformes d'Emmanuel Macron ? A l’heure où l’OFCE annonce un pouvoir d’achat dopé en 2019, qui va véritablement en bénéficier ? D’après l’organisme indépendant de recherche, les mesures annoncées en urgence par le gouvernement en décembre dernier vont conduire cette année à une hausse sensible du pouvoir d’achat pour la plupart des ménages. Les classes moyennes sont clairement les grandes gagnantes de cette politique avec un gain qui « irait de plus 200 euros à plus 640 euros par an », mais au total « trois ménages sur quatre gagneraient à la mise en place des mesures » note l’OFCE.   Néanmoins cela laisse par déduction 25 % de perdants. Qui sont-ils ? Principalement ceux qui sont situés en haut de la fourchette des revenus… ou tout en bas. Ainsi, parmi les 5 % de ménages les plus modestes, un tiers verrait son revenu diminuer cette année. Quant aux plus aisés qui devraient perdre du pouvoir d’achat, il s’agit majoritairement de retraités qui vont subir un « quasi-gel » de leurs pensions. Ces dernières augmenteront en effet beaucoup moins vite que l’inflation. D’autant que le mois de février connaît son lot de changements. Ainsi les prix de nombreux produits alimentaires de grandes marques vont augmenter, ce vendredi, dans les supermarchés, en raison du relèvement à 10 % du « seuil de revente à perte » imposé par la récente loi Alimentation. A cela vient s’ajouter la hausse des tarifs de péage. Un sujet sensible alors que les Gilets jaunes ont régulièrement bloqué des péages autoroutiers pour protester contre leurs prix, et plus généralement contre une baisse de leur pouvoir d’achat.   Invités : Dominique Seux - Directeur délégué de la rédaction des Echos   Mathieu Plane - Economiste à l'OFCE, directeur adjoint au Département Analyse et Prévision   Fanny Guinochet - Journaliste à L’Opinion, spécialiste des questions économiques et sociales   Flavien Neuvy - Économiste, spécialiste de la consommation