Venezuela : la crise qui divise le monde
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Après l’autoproclamation du président du Parlement à la tête du Venezuela mercredi, la crise politique s’intensifie dans le pays sur fond de bras de fer diplomatique : entre l’opposant Juan Guaidó, immédiatement reconnu « président par intérim » par les États-Unis et le Brésil notamment, et le président Nicolas Maduro soutenu par l'armée ainsi que ses alliés russe et chinois qui dénoncent des « ingérences extérieures ».
Lors d’une session spéciale devant la Cour suprême, qui lui a renouvelé son appui, le chaviste a remercié les militaires pour leur soutien. « Il ne fait aucun doute que c’est Donald Trump lui-même qui veut imposer de facto un gouvernement », a déclaré Nicolas Maduro mercredi. Un peu plus tôt, il avait également annoncé la rupture des relations diplomatiques avec les États-Unis, donnant 72 heures aux représentants américains pour quitter le pays. Le secrétaire d'État américain, Mike Pompeo, avait rétorqué que ce dernier n'avait plus « l'autorité légale » pour prendre de telles décisions. Washington a toutefois rappelé hier ses diplomates « non essentiels » et le président américain a réclamé une réunion d’urgence aux Nations Unies. Mais Moscou s’y oppose et s'est dit prêt à jouer les intermédiaires entre le gouvernement de Nicolas Maduro et les forces d'opposition au Venezuela.
De son côté, Juan Guaidó qui se trouvait jeudi « à l'abri » dans un lieu qui n'a pas été précisé, selon une source au sein de l'opposition, a continué à recevoir des messages de soutien de dirigeants d'Amérique et de l'Union européenne (UE), parmi lesquels le Premier ministre espagnol. Par ailleurs dans une interview, il a dit avoir commencé à travailler avec son gouvernement sur l’arrivée d’une aide humanitaire de 20 milliards de dollars pour soulager le poids de la crise économique, de l’inflation et des pénuries. Il a également annoncé que des évènements seraient organisés dans la rue ce week-end, sans donner plus de détails.
Cette crise politique intervient en pleine débâcle économique dans ce pays pétrolier, jadis prospère et désormais frappé par d’importantes pénuries de nourriture, de médicaments, et soumis à une hyperinflation qui devrait atteindre 10 000 000 % en 2019. Trois millions de Vénézuéliens ont déjà fui le pays, la majorité d’entre eux vers la Colombie et le Pérou. Mais selon l’ONU le nombre de migrants et de réfugiés devrait encore augmenter et s’élever à 5,3 millions à la fin de l‘année.
Alors que se passe-t-il au Venezuela ? Qui est Juan Guaidó qui revendique depuis ce mercredi diriger le pays ? Les militaires resteront-ils fidèles au régime ? Et si l’armée demeure aux côtés de Nicolas Maduro, que va-t-il se passer ? Les pays qui ont reconnu Juan Guaidó interviendront-ils, avec tous les risques que cela comporte ? Donald Trump lui-même avait évoqué il y a quelques mois la possibilité d’une intervention armée au Venezuela, alors que dans le même temps, il disait ne plus vouloir être le gendarme du monde.
Invités :
Pascal Boniface - Directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques
Philippe Dessertine - Directeur de l’Institut de haute finance
Paula Vasquez - Chercheuse au CNRS, spécialiste du Venezuela
François-Xavier Freland - Journaliste, ancien correspond à Caracas pour RFI et France 24
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé