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ZFE : la prochaine révolte ?
C dans l'air- 1 h 3 min
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Si les zones à faibles émissions se sont multipliées ces dernières années dans les grandes villes d'Europe, en France la mise en place des ZFE fait de plus en plus polémique. De quoi parle-t-on ? L’idée au départ est de bannir les véhicules polluants des 43 plus grandes villes de façon progressive d’ici 2025. Dans un premier temps, sont interdits sous peine d’amende (68 euros) les véhicules au-dessus de "Crit’Air 3" (les diesels d’avant 2011, les "essence" d’avant 2006, soit 40 % du parc automobile actuel), puis ce sera au tour des "Crit’Air 2" (tous les diesels, ainsi que les "essence" d’avant 2011, soit 70 % du parc). L’objectif officiel est de faire baisser le niveau des particules fines qui tuent des milliers de personnes chaque année et d’inciter les ménages à passer à des voitures moins polluantes et notamment à l’électrique. Depuis le 1er janvier, en théorie, dans les villes de plus de 150 000 habitants existent donc des zones à faibles émissions. Mais les exceptions et les décalages se multiplient car le dispositif crée trop d’inégalités, la colère gronde chez les automobilistes et les oppositions se font entendre. Ainsi pour le secrétaire national du Parti Communiste Fabien Roussel, "c’est une bombe sociale parce qu’il y a aujourd’hui dix millions d’automobilistes qui vont être interdits de se déplacer". De son côté, la leader d'Europe Écologie-Les Verts Marine Tondelier déplore le manque d’accompagnement de l’État. Dans ces conditions, et parce que "le gouvernement n’a rien anticipé", elle juge nécessaire de "prendre son temps" pour déployer le dispositif. C’est ce qu’a d’ailleurs décidé la métropole lyonnaise gérée par l’écologiste Bruno Bernard qui vient d’annoncer le report de deux ans, à 2028, de l’interdiction de la circulation des véhicules diésel (Crit’air 2). A Toulouse et à Montpellier les élus Nupes-LFI demandent "la suspension de la ZFE". A Perpignan, le maire RN a fait voter une motion contre l'application de la ZFE dans la préfecture catalane en 2025. Et maintenant c'est au tour de 40 millions d'automobilistes de tirer à boulet rouge sur le dispositif. Prenant l’exemple de nos voisins allemands, précurseurs en matière de ZFE mais en train de faire marche arrière, l’association réclame son abandon pur et simple, dénonçant dans un communiqué une "mesure environnementale obsolète" et "une bombe sociale à retardement". Il faut dire que lorsqu’il s’agit de la voiture, le risque politique est toujours très fort : l’écotaxe sur les poids lourds avaient entrainé le mouvement des Bonnets rouges, la taxe carbone et le passage aux 80 km/h heure celui des gilets jaunes… Alors dans cette période déjà marquée par l’inflation et la contestation de la réforme des retraites, la grogne des automobilistes est scrutée par le gouvernement qui tente d’apaiser les esprits en se disant ouvert "au dialogue". Évoquant "14 pays en Europe où il y a des zones à faibles émissions", le ministre de la Transition écologique Christophe Bechu met en avant le fait lorsque "la qualité de l’air s’améliore, il y a des endroits où ces ZFE sont supprimées" comme en Allemagne. Car "cette mesure est prise pour des raisons de santé publique" rappelle-t-il. "La France a été condamnée par trois fois pour des dépassements de seuils de pollution." Mais cela implique aussi que "les villes qui ne sont pas en dépassement de seuil n’ont aucune obligation d’aller durcir, multiplier les règles" explique-t-il. Revenant, par ailleurs, sur la fin des motorisations thermiques dans l’Union européenne qui vient de connaître un revers majeur avec le refus de l’Allemagne de signer le texte, pourtant adopté au Parlement européen, le ministre estime qu’il s’agit là d’une "crise politique interne à l’Allemagne". "À l’intérieur de la coalition allemande, le plus petit des partenaires est aujourd’hui en train de remettre en cause la position allemande" mais "décarboner notre parc de véhicules, c’est le seul moyen de lutter contre le réchauffement climatique" juge-t-il. Le ministre chargé des Transports a exhorté de son côté l'Allemagne à soutenir à nouveau l'interdiction de la vente de voitures neuves à moteur thermique dans l'Union européenne en 2035, regrettant une "forme de fronde" de Berlin. "Si on ne garde pas cette ambition nous serons balayés sur le plan industriel et écologique (...) ce n'est pas en donnant des contre-signaux que l'on va réussir à créer cette voiture électrique accessible à tous" a déclaré Clément Beaune alors que le patron de Stellantis, groupe réunissant PSA-Citroën et Fiat Chrysler, s’inquiète d’une transition trop rapide vers l’électrique qui profiterait à la Chine. Alors les ZFE, une polémique française ? L’UE est-elle allée trop vite en voulant interdire les moteurs thermiques à partir de 2035 afin de réduire les émissions de CO2 ? Enfin qui sont ces scientifiques d'une vingtaine de pays, réunis au sein de Scientist Rebellion, qui lancent des actions de désobéissance civile afin de souligner l'urgence à agir pour le climat ? Invités : - Philippe Dessertine, directeur de l’Institut de Haute Finance - Nathalie Saint-Cricq, éditorialiste politique - France Télévisions - Arnaud Gossement, avocat en droit de l’environnement - Professeur associé à Paris 1 - Flavien Neuvy, économiste - Directeur de l’Observatoire Cetelem
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Si les zones à faibles émissions se sont multipliées ces dernières années dans les grandes villes d'Europe, en France la mise en place des ZFE fait de plus en plus polémique.
De quoi parle-t-on ? L’idée au départ est de bannir les véhicules polluants des 43 plus grandes villes de façon progressive d’ici 2025. Dans un premier temps, sont interdits sous peine d’amende (68 euros) les véhicules au-dessus de "Crit’Air 3" (les diesels d’avant 2011, les "essence" d’avant 2006, soit 40 % du parc automobile actuel), puis ce sera au tour des "Crit’Air 2" (tous les diesels, ainsi que les "essence" d’avant 2011, soit 70 % du parc).
L’objectif officiel est de faire baisser le niveau des particules fines qui tuent des milliers de personnes chaque année et d’inciter les ménages à passer à des voitures moins polluantes et notamment à l’électrique.
Depuis le 1er janvier, en théorie, dans les villes de plus de 150 000 habitants existent donc des zones à faibles émissions. Mais les exceptions et les décalages se multiplient car le dispositif crée trop d’inégalités, la colère gronde chez les automobilistes et les oppositions se font entendre. Ainsi pour le secrétaire national du Parti Communiste Fabien Roussel, "c’est une bombe sociale parce qu’il y a aujourd’hui dix millions d’automobilistes qui vont être interdits de se déplacer". De son côté, la leader d'Europe Écologie-Les Verts Marine Tondelier déplore le manque d’accompagnement de l’État. Dans ces conditions, et parce que "le gouvernement n’a rien anticipé", elle juge nécessaire de "prendre son temps" pour déployer le dispositif. C’est ce qu’a d’ailleurs décidé la métropole lyonnaise gérée par l’écologiste Bruno Bernard qui vient d’annoncer le report de deux ans, à 2028, de l’interdiction de la circulation des véhicules diésel (Crit’air 2). A Toulouse et à Montpellier les élus Nupes-LFI demandent "la suspension de la ZFE". A Perpignan, le maire RN a fait voter une motion contre l'application de la ZFE dans la préfecture catalane en 2025.
Et maintenant c'est au tour de 40 millions d'automobilistes de tirer à boulet rouge sur le dispositif. Prenant l’exemple de nos voisins allemands, précurseurs en matière de ZFE mais en train de faire marche arrière, l’association réclame son abandon pur et simple, dénonçant dans un communiqué une "mesure environnementale obsolète" et "une bombe sociale à retardement".
Il faut dire que lorsqu’il s’agit de la voiture, le risque politique est toujours très fort : l’écotaxe sur les poids lourds avaient entrainé le mouvement des Bonnets rouges, la taxe carbone et le passage aux 80 km/h heure celui des gilets jaunes… Alors dans cette période déjà marquée par l’inflation et la contestation de la réforme des retraites, la grogne des automobilistes est scrutée par le gouvernement qui tente d’apaiser les esprits en se disant ouvert "au dialogue".
Évoquant "14 pays en Europe où il y a des zones à faibles émissions", le ministre de la Transition écologique Christophe Bechu met en avant le fait lorsque "la qualité de l’air s’améliore, il y a des endroits où ces ZFE sont supprimées" comme en Allemagne. Car "cette mesure est prise pour des raisons de santé publique" rappelle-t-il. "La France a été condamnée par trois fois pour des dépassements de seuils de pollution." Mais cela implique aussi que "les villes qui ne sont pas en dépassement de seuil n’ont aucune obligation d’aller durcir, multiplier les règles" explique-t-il.
Revenant, par ailleurs, sur la fin des motorisations thermiques dans l’Union européenne qui vient de connaître un revers majeur avec le refus de l’Allemagne de signer le texte, pourtant adopté au Parlement européen, le ministre estime qu’il s’agit là d’une "crise politique interne à l’Allemagne". "À l’intérieur de la coalition allemande, le plus petit des partenaires est aujourd’hui en train de remettre en cause la position allemande" mais "décarboner notre parc de véhicules, c’est le seul moyen de lutter contre le réchauffement climatique" juge-t-il.
Le ministre chargé des Transports a exhorté de son côté l'Allemagne à soutenir à nouveau l'interdiction de la vente de voitures neuves à moteur thermique dans l'Union européenne en 2035, regrettant une "forme de fronde" de Berlin. "Si on ne garde pas cette ambition nous serons balayés sur le plan industriel et écologique (...) ce n'est pas en donnant des contre-signaux que l'on va réussir à créer cette voiture électrique accessible à tous" a déclaré Clément Beaune alors que le patron de Stellantis, groupe réunissant PSA-Citroën et Fiat Chrysler, s’inquiète d’une transition trop rapide vers l’électrique qui profiterait à la Chine.
Alors les ZFE, une polémique française ? L’UE est-elle allée trop vite en voulant interdire les moteurs thermiques à partir de 2035 afin de réduire les émissions de CO2 ? Enfin qui sont ces scientifiques d'une vingtaine de pays, réunis au sein de Scientist Rebellion, qui lancent des actions de désobéissance civile afin de souligner l'urgence à agir pour le climat ?
Invités :
- Philippe Dessertine, directeur de l’Institut de Haute Finance
- Nathalie Saint-Cricq, éditorialiste politique - France Télévisions
- Arnaud Gossement, avocat en droit de l’environnement - Professeur associé à Paris 1
- Flavien Neuvy, économiste - Directeur de l’Observatoire Cetelem
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé