Inflation : la nouvelle vie des Français
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Des conserves de légumes en hausse de 17 %, un café 10 % plus cher, une augmentation semblable pour les féculents, et une explosion du prix des croquettes pour animaux à + 41 %. L'inflation qui a atteint 6,2 % sur un an au mois d'octobre, n’est pas près de ralentir selon Michel-Edouard Leclerc, président des Centres E. Leclerc. Pour 2023 "toutes les augmentations sont au-dessus de deux chiffres (…) Si on laisse passer ça, c'est un tsunami" s’est inquiété lundi le patron des magasins E. Leclerc.
Le pire est-il à venir pour le porte-monnaie des Français ? Le même jour, le ministre de l’Économie s’est montré rassurant sur l’évolution des prix en 2023. "Nous n’aurons pas d’inflation à deux chiffres sur l’ensemble des produits français" l’an prochain, a estimé Bruno Le Maire. "Toute notre politique vise à ce qu’en 2023, l’inflation reflue. Ça reste notre hypothèse centrale de travail", a-t-il ajouté, soulignant que "l’inflation à deux chiffres existe déjà pour les produits alimentaires". D’après un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) dévoilé le 6 novembre dernier, "certains produits alimentaires ont connu des hausses de prix particulièrement élevées avec par exemple + 60 % pour les huiles, + 22 % pour la farine, + 20 % pour les pâtes et + 16 % pour la volaille" sur un an. L’inflation reste à un niveau "très élevé" et "c’est extraordinairement difficile pour tous nos compatriotes", a reconnu le patron de Bercy. Il a cependant vanté les mérites des dispositifs gouvernementaux visant à limiter cette hausse, en particulier sur l’électricité et le gaz.
Une énergie néanmoins toujours plus chère et qui est devenue la grande préoccupation des élus réunis au Salon des maires de France. Le sujet devrait d’ailleurs s’inviter dans les discussions avec le chef de l’Etat qui a prévu une déambulation parmi les stands ce mercredi après-midi. Quand du côté des associations d’aide alimentaire, on tire également la sonnette d’alarme. Ainsi alors que la 38e campagne des Restos du Cœur s’est ouverte mardi, son patron Patrice Douret dit faire face à une "situation jamais connue" avec "une augmentation de 12 % des personnes inscrites et accueillies depuis avril dernier". Avec la hausse des prix, le nombre de bénéficiaires a gonflé.
Parmi eux, on trouve souvent des étudiants, travailleurs pauvres, des familles avec des jeunes enfants. L’aide alimentaire concernerait désormais entre 3,2 et 3,5 millions de personnes.
Face à cette situation inquiétante, le gouvernement a annoncé début novembre la création d'un "fonds pour une aide alimentaire durable" de 60 millions d'euros en 2023. Ce mardi, il a dit débloquer une enveloppe de 10 millions d'euros pour l'aide alimentaire aux étudiants. Parallèlement les initiatives se multiplient au niveau local pour venir en aide aux plus démunis. Des villes proposent désormais une mutuelle communale à leurs habitants pour leur permettre un meilleur accès aux soins.
Alors les prix vont-ils bondir en 2023 ? Comment lutter contre la montée de la pauvreté ? Quelle est la situation ailleurs en Europe ? Pourquoi l'inflation annuelle dépasse-t-elle les 20 % dans certains pays de l’Est comme en Hongrie (21,1%) ?
Invités :
- Philippe Dessertine, directeur de l’Institut de Haute Finance, auteur de "Le grand basculement"
- Emmanuel Duteil, directeur de la rédaction - L’Usine Nouvelle
- Soazig Quemener, rédactrice en chef du service politique - Marianne
- Sandra Hoibian, directrice générale du CRÉDOC
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé