Sabotages : Moscou menace Londres de représailles
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Londres coupable de sabotage ? Le Kremlin a accusé hier le Royaume-Uni d’être à l’origine des explosions ayant endommagé en septembre dernier les gazoducs Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique, construits pour acheminer le gaz russe en Europe. "Nos services de renseignement disposent de preuves suggérant que l’attaque a été dirigée et coordonnée par des spécialistes militaires britanniques", a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. Les Britanniques démentent. Le porte-parole du nouveau Premier ministre Rishi Sunak a estimé que les accusations des autorités russes visaient à "détourner" l’attention, ce qui "fait partie de leurs méthodes habituelles". C'est que sur le terrain ukrainien, Moscou n'est pas au mieux. Un début de contre-offensive ukrainienne se dessine sur le front est, statique depuis la libération début octobre de l'axe Kharkiv-Zioum-Lyman. La situation pourrait donc très prochainement évoluer selon les soldats engagés sur ce secteur, confirmant des déclarations des autorités ukrainiennes. Au Sud, la pression est également très forte pour reprendre Kherson. Kiev déploie de très importants efforts pour progresser au maximum avant l'arrivée de l'hiver, qui devrait stabiliser le front.
En Mer Noire, la Russie a annoncé reprendre sa participation à l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes après avoir reçu des "garanties écrites" de la part de l'Ukraine sur la démilitarisation du couloir utilisé pour leur transport. Le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est garant de cet accord crucial pour l’approvisionnement alimentaire mondial, a confirmé la reprise à partir d'aujourd'hui à la mi-journée des exportations ukrainiennes en mer Noire via ce couloir sécurisé. Moscou avait suspendu samedi sa participation à l’accord après une attaque menée aux drones sur sa flotte basée en baie de Sébastopol, en Crimée annexée. Depuis le début du conflit, Moscou agite la menace du blocage des exportations de denrées alimentaires. Certains pays, notamment en Afrique et au Moyen-Orient, particulièrement dépendant de ces céréales, risquent la disette voire la famine.
L'Allemagne, elle, dépend de la Chine. Le pays est pour la sixième année consécutive le premier partenaire commercial de Berlin. L'industrie automobile allemande réalise 30% de son chiffre d'affaires sur le marché chinois. Et les grands groupes allemands continuent à miser sur ce pays. Ils ont investi sur place 10 milliards d'euros depuis le début de l'année. Un record. C'est pourquoi le chancelier Olaf Scholz se rend ce vendredi en Chine. Mais ce déplacement fait grincer des dents chez ses partenaires européens ainsi qu'au sein même de sa coalition en Allemagne. On redoute que le chancelier ne se jette dans la gueule du loup, exactement comme Angela Merkel l'avait fait avec Vladimir Poutine en favorisant une forte dépendance de l'Allemagne vis-à-vis du gaz russe. Il y a quelques jours, le dirigeant allemand a donné l’autorisation à un groupe chinois, Cosco, de prendre 25% du terminal portuaire de Hambourg, la stratégique porte d'entrée du pays. L'empire du Milieu, proche de la Russie, est hostile à l’Occident. La Chine est même qualifiée de "rival systémique" par Bruxelles. Emmanuel Macron avait suggéré à Olaf Scholz qu'ils se rendent ensemble à Pékin pour envoyer un signal d'unité européenne, mais le chancelier allemand a décliné l'offre du président français. Signe supplémentaire de l'effritement de la confiance entre Paris et Berlin.
Qui est responsable de l'explosion des gazoducs en mer Baltique ? Vladimir Poutine peut-il aller jusqu'à affamer des peuples dépendant des exportations ukrainiennes ? L'Allemagne, en faisant cavalier seul vis-à-vis de la Chine, va-t-elle reproduire les mêmes erreurs qu'avec la Russie ?
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé