Afghanistan : les talibans, la burqa et la terreur
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À leur retour au pouvoir à Kaboul en août dernier après le retrait des troupes américaines, les talibans ont promis un régime plus souple que lors de leur premier règne entre 1996 et 2001. Mais ils ont rapidement renié leurs promesses, érodant à nouveau progressivement les droits et balayant deux décennies de liberté conquise par les femmes afghanes. Les jeunes femmes éduquées et connectées de Kaboul, qui ont grandi pendant vingt ans avec le droit d’étudier, de se maquiller, de faire du sport ou de travailler, se sont vues brutalement isolées. Un voile sombre est tombé sur leur existence.
Celles-ci sont désormais largement exclues des emplois publics et il leur est interdit de voyager à l'étranger ou sur une longue distance dans le pays sans être accompagnées d'un membre masculin de leur famille. En mars, les talibans ont fait fermer aux filles les lycées et collèges, quelques heures à peine après leur réouverture, annoncée de longue date, et le voile intégral est redevenu obligatoire pour les femmes dans l'espace public depuis le 7 mai. Les talibans ont précisé que leur préférence allait à la burqa, ce voile intégral le plus souvent bleu et grillagé au niveau des yeux, mais que d’autres types de voile ne laissant apparaître que les yeux seraient tolérés. Ils ont aussi estimé qu’à moins que les femmes n’aient de raison pressante de sortir, il était "mieux pour elles de rester à la maison".
Symbole de cet immense pas en arrière : les présentatrices des principales chaînes de télévision afghanes sont passées à l'antenne dimanche en se couvrant le visage, un jour après avoir défié l'ordre des talibans de dissimuler leur apparence. Certaines activistes qui militent pour le droit des femmes continuent toutefois à faire savoir qu’elles refusent cette mesure. Mais elles déplorent également le manque de soutien de la communauté internationale.
Lors d’une rencontre samedi avec le chef de la diplomatie du gouvernement afghan, l’envoyé spécial des États-Unis a rappelé l’opposition de la communauté internationale aux restrictions sévères imposées aux femmes. Il a également évoqué avec lui la stabilisation de l’économie afghane et les risques d’attentat.
Car l'Afghanistan ne maltraite pas que les femmes mais son peuple tout entier. Alors que les attaques terroristes se multiplient et l'aide internationale n'est plus acheminée, le pays a basculé dans la pauvreté et même dans la famine. Affamées, endettées, des familles ont recours à la vente d'un enfant pour survivre. Un phénomène qui aurait tendance à s’intensifier au fil des mois, depuis le retour de talibans à Kaboul en août dernier.
A l'époque, les États-Unis avaient précipité leur départ du pays, souhaitant consolider leur présence dans la zone Asie-Pacifique et offrir une alternative à la Chine, de plus en plus influente dans la région. Dans ce but, Joe Biden a d’ailleurs annoncé lundi le lancement d'un nouveau partenariat économique avec douze pays, dont le Japon, mais sans l’empire du Milieu. Il a également réitéré l’engagement américain à défendre Taïwan en cas d’agression chinoise. Toutefois un conseiller de la Maison Blanche a rapidement précisé qu’il ne s’agissait pas là d’un abandon de ce que l’on appelle la doctrine de "l'ambiguïté stratégique". Washington ne reconnaît diplomatiquement que la seule République populaire de Chine, mais s'engage par ailleurs à fournir à Taïwan l'aide militaire nécessaire -mais pas de troupes américaines - pour se défendre en cas d'invasion décidée par Pékin. Depuis plusieurs décennies, cette ambiguïté est maintenue.
Invités :
- Pascal Boniface, directeur de l’IRIS, Institut de Relations Internationales et Stratégiques
- Mr L’Ambassadeur David Martinon, ambassadeur de France en Afghanistan et auteur de "Les 15 jours qui ont fait basculer Kaboul"
- Margaux Benn, Grand Reporter - Le Figaro et co-auteure du documentaire "Afghanistan : vivre en pays taliban"
- Marc Hecker, directeur de recherche à l’IFRI, Institut Français des Relations Internationales
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé