4h35 ce matin, les russes envahissent l’Ukraine …
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La guerre après le coup de force. Dans une prise de parole, diffusée cette nuit vers 4 heures du matin à la télévision russe, Vladimir Poutine a annoncé le lancement d’une "opération militaire spéciale" pour "démilitariser et dénazifier l’Ukraine". "Nous n'avons pas dans nos plans une occupation des territoires ukrainiens, nous ne comptons imposer rien par la force à personne", a-t-il déclaré avant d’appeler les soldats ukrainiens "à déposer les armes". Puis le maître du Kremlin s'est adressé à ceux "qui tenteraient d'interférer avec nous (...) ils doivent savoir que la réponse de la Russie sera immédiate et conduira à des conséquences que vous n'avez encore jamais connues".
Dans la foulée de ces déclarations, une attaque de grande ampleur a débuté. Des frappes ont lieu un peu partout dans le pays à commencer par la capitale Kiev mais aussi à Odessa et dans d’autres grandes villes d’Ukraine. Des chars russes ont également été filmés entrant dans le territoire ukrainien, notamment depuis la Crimée annexée et la Biélorussie.
Dans la capitale ukrainienne, la population tente de se protéger comme elle peut et certains trouvent refuge dans des anciens abris sous terre construits du temps de l'URSS et dans le métro, dont les stations sont parfois très profondes. D’autres essaient de fuir, mais ce mouvement crée de longues files d'attente aux stations-service et de très nombreux bouchons sur les routes. Des fils de véhicules ont aussi été observés à Oujhorod, ville ukrainienne frontalière avec la Slovaquie, un pays membre de l'Union européenne et de l'espace Schengen.
"Gardez votre calme !", a écrit sur Twitter le ministre de la Défense, Oleksiï Reznikov. "Si possible, restez chez vous. La situation est sous contrôle […] Votre tranquillité d’esprit et votre confiance dans les forces armées ukrainiennes sont actuellement la meilleure aide", a-t-il enjoint à la population. Le président ukrainien a également appelé son peuple à ne pas paniquer : "nous allons vaincre". Depuis hier 40 000 réservistes de l’armée ont été rappelés et aujourd’hui tous les Ukrainiens "qui ont une expérience de combat et sont aptes" sont appelés à rejoindre les unités de défense territoriale. "La Russie a attaqué l'Ukraine de façon lâche et suicidaire comme faisait l'Allemagne nazie pendant la Seconde guerre mondiale", a déclaré Volodymyr Zelensky. Mais "nous sommes en train de bâtir une coalition anti-Poutine", a-t-il assuré à l’issue d’entretiens notamment avec les dirigeants américains, britanniques et allemands. "Le monde doit contraindre la Russie à la paix", a-t-il ajouté.
Depuis l’ensemble de la communauté internationale a condamné l’offensive russe. Seule la voix de la Chine est dissonante. Le régime de Xi Jinping a dit "comprendre les préoccupations" de la Russie en matière de sécurité et suivre "de près les derniers développements".
En France, un Conseil de défense s'est tenu ce jeudi matin à l'Élysée. À l'issue de la réunion, Emmanuel Macron a déclaré, dans une allocution, que "la France se tient aux côtés de l'Ukraine". Le président Poutine a décidé "de bafouer la souveraineté européenne. A cet acte de guerre, nous répondrons sans faiblesse, avec sang-froid. Nous prendrons des décisions rapidement. Les sanctions portées seront à la hauteur de l’agression, sur le plan militaire autant qu’économique (…) Les événements de cette nuit sont un tournant dans l’histoire de l’Europe. Ils auront des conséquences profondes et durables sur nos vies, ainsi que sur la géopolitique du continent" a affirmé le chef de l’Etat.
Quelques minutes plus tôt, le Premier ministre britannique a estimé que "cette agression n'est pas seulement une attaque sur l'Ukraine. C'est une attaque contre la démocratie, contre la liberté en Europe de l'Est, et dans le monde entier". Boris Johnson a apporté son soutien au peuple ukrainien face "au dictateur russe" et promis des sanctions "massives". De son côté, le chancelier allemand Olaf Scholz a qualifié l'opération militaire russe de "violation éclatante du droit international", parlant d'une "journée sombre" pour l'Europe toute entière. L’Allemagne s’est aussi dite prête à "aider massivement" ses voisins, tout particulièrement la Pologne, en cas d’afflux de réfugiés fuyant l’invasion russe en Ukraine.
La Pologne, qui a une longue frontière avec l’Ukraine et qui abrite déjà environ 1,5 million de ses ressortissants, a indiqué que neuf premiers "centres d’accueil" pour les réfugiés ukrainiens allaient ouvrir, dans la perspective d’une possible vague fuyant l’agression russe. Le gouvernement polonais a par ailleurs annoncé avoir demandé à l'Otan d'activer l'article 4 du traité de l'Alliance qui prévoit des consultations en cas de menace à la sécurité de l'une des parties, à la suite de l'attaque russe contre l'Ukraine. Les ambassadeurs des 30 pays membres de l'Otan vont se réunir en urgence ce jeudi à Bruxelles, a annoncé un porte-parole de l'Alliance. Les dirigeants des pays de l’Otan vont également se retrouver vendredi pour un sommet en visioconférence.
Les invité(e)s :
- Pascal Boniface, directeur de l’IRIS, Institut de Relations Internationales et Stratégiques
- Armelle Charrier, éditorialiste en politique internationale - France 24
- Jean-Dominique Merchet, éditorialiste, spécialiste des questions de défense et diplomatie - l’Opinion
- Alexandra Goujon, maîtresse de conférences à l’Université de Bourgogne, auteure de "L’Ukraine : de l’indépendance à la guerre"
- Benoît Vitkine, journaliste - Correspondant à Moscou - Le Monde
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé