Annuler la dette... c'est vraiment possible ?
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Alors que certaines voix appellent à une annulation pure et simple des dettes souveraines engendrées par la crise du Covid-19, cette solution a été balayée par les instances européennes. Elle est “inenvisageable” et serait “une violation du traité européen qui interdit strictement le financement monétaire des États”, a déclaré dans le JDD la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) Christine Lagarde.
Le débat est pourtant loin d’être clos en France. À gauche, la France Insoumise, entre autres, pousse pour cette solution. Mais des voix se font également entendre à droite en ce sens, comme celle de Guillaume Peltier, député et vice-président des Républicains.
De nombreux économistes, dont Thomas Piketty, jugent eux aussi qu’il faut annuler ces dettes.
Près de 150 d’entre eux ont d’ailleurs lancé un appel dans une tribune parue dans neuf publications européennes, dont le Monde. Ils estiment qu’en annulant ses créances, l’institution pourrait “offrir aux États européens les moyens de leur reconstruction par la transition écologique, mais aussi de réparer la casse sociale, économique et culturelle”.
Au gouvernement, la question se pose et divise. Les patrons de Bercy expliquent régulièrement qu'un non remboursement mettrait en danger la solidité de la marque France sur les marchés, et rendrait tout emprunt futur plus délicat.
“La dette se rembourse, c'est un principe”, a ainsi déclaré mi-décembre le ministre délégué chargé des Comptes publics, Olivier Dussopt. D’autres jugent au contraire que le “quoi qu’il en coûte” doit rester d’actualité, et que l’arrêt de la perfusion de l’économie ne peut être envisagée que de manière très progressive.
Au Sud du continent la situation est catastrophique. En Espagne, au Portugal et en Italie, les mesures de restrictions pour contenir la pandémie ont entrainé une crise économique, qui laisse ces pays exsangues. La situation est telle que l’Espagne, incapable de pouvoir à nouveau mettre le pays à l’arrêt comme lors de la première vague, a dû se résoudre à choisir l’économie au détriment de la santé.
En Italie, la crise est devenue politique. Alors que le président du Conseil Giuseppe Conte a présenté sa démission 25 janvier dernier, le chef de l’État Sergio Mattarella a chargé Mario Draghi, ancien président de la BCE, favorable au soutien de l’économie par les institutions européennes, de former un nouveau gouvernement.
En France, l’état de l’économie est également critique. Les tribunaux de commerces voient se succéder les chefs d’entreprise qui tentent de sauver ce qui peut l’être, quand ils ne viennent pas pour la pure et simple liquidation de leur affaire.
Est-il vraiment soutenable de rembourser la dette massive due à la pandémie de Covid-19 ?
Quelles solutions sont sur la table pour des relances française et européenne ?
Comment les pays du Sud vont-ils pouvoir faire face aux crises qu’ils affrontent ?
Est-il encore envisageable d’éviter les faillites de nombreuses entreprises françaises ?
Invités :
- Françoise Fressoz, éditorialiste - Le Monde
- Dominique Seux, directeur délégué de la rédaction Les Échos
- Mathieu Plane, économiste OFCE - SciencesPo
- Florence Autret, correspondante à Bruxelles - Télégramme
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé