Impôts, 35 heures... Qui va payer la dette du Covid ?
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Explosion du chômage partiel, plan d'urgence historique à 110 milliards d'euros, dette cumulée en 2020 à 115 % du PIB... En France, comme partout ailleurs, la crise du Covid-19 et le "Grand confinement" ont fait exploser les déficits et mis l'économie à genoux. "Beaucoup de secteurs sont très durement touchés" et "même si l'économie redémarre, elle ne redémarre pas au même rythme" qu'avant a expliqué ce matin le ministre Bruno Le Maire qui présage "des faillites" et "des licenciements dans les mois qui viennent".
Dans ce contexte, quelle potion administrer ? Face à l'ampleur du choc, certains estiment que l'économie d'après ne pourra plus ressembler à celle d'avant, et voient là une occasion inespérée de concilier croissance et environnement, ou de pousser à plus de "made in France". A plus court terme, le chômage et l'appauvrissement qui se profile pour une partie de la population relancent le débat sur l'organisation du temps de travail, la création d’un revenu universel et les choix fiscaux du quinquennat.
Emmanuel Macron avait baissé les impôts pour les plus riches au début de son quinquennat, espérant les voir financer l'économie. Mais la crise et les sommes colossales mobilisées pour faire face à l’impact de l’épidémie reposent la question d’un rétablissement de l'impôt sur la fortune (ISF), remplacé en 2018 par l'impôt sur la fortune immobilière (IFI). Il est réclamé par la gauche et le Rassemblement national. Il s’agirait d’une sorte "d'impôt de guerre", pour le numéro un du PCF Fabien Roussel. De son côté, le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, estime que ce serait "un très mauvais signal".
Jusqu’à présent, le gouvernement a martelé qu'il ne veut pas revenir sur les baisses d'impôts décidées depuis 2017, ni même rétablir l'impôt sur la fortune (ISF). Pour autant le Grand confinement ne sera pas sans conséquence : selon le quotidien les Echos, l’exécutif entend prolonger la Contribution au remboursement de la dette sociale, un prélèvement de 0,5 % sur tous les revenus, jusqu’en 2033. Créée en 1996 pour rembourser les dettes de la Sécurité sociale, la CRDS s'applique indifféremment à tous les revenus, que ce soit les salaires, les dividendes, les retraites, les allocations chômage, les prestations familiales, les aides au logement... Elle devait s’éteindre en 2024.
Comment relancer la production après deux mois de confinement et avec des entreprises dans une situation financière fragile ? À gauche et au sein des organisations syndicales, on défend un partage du temps de travail, et une réflexion pour "travailler autrement" et "mieux", selon le patron de la CFDT Laurent Berger. À droite, on plaide pour en finir avec "le carcan des 35 heures". "Dans certains secteurs, la demande peut être soutenue, mais les contraintes sanitaires font que la productivité baisse : c'est là que la question du travailler plus peut se poser", a estimé Geoffroy Roux de Bézieux. Il avait auparavant évoqué une réduction de jours de congés ou de jours fériés pour "faciliter, en travaillant un peu plus, la création de croissance supplémentaire".
Dans les entreprises, syndicats et direction peuvent conclure des accords de "performance collective" pour renégocier le temps de travail et la rémunération des salariés en cas de difficultés, a rappelé la ministre du Travail Muriel Penicaud. De son côté le ministre de la Santé Olivier Veran a promis de meilleurs salaires à l’hôpital et un assouplissement des 35 heures. "De nombreuses infirmières sont contraintes de faire des "ménages", c’est-à-dire des heures supplémentaires, illégalement, dans d’autres établissements. Si des salariés de l’hôpital souhaitent travailler davantage et augmenter leur rémunération, il faut que ce soit possible", a-t-il expliqué.
Parallèlement les pénuries de masques et de médicaments pendant la crise ont conduit l'exécutif à défendre une plus grande indépendance économique dans des secteurs clés et à encourager les relocalisations, comme dans la santé ou l’automobile. Bruno Le Maire a notamment demandé aux constructeurs automobiles de "relocaliser certaines productions" en France en contrepartie d’un soutien public.
Mais après la crise du coronavirus, les entreprises vont-elles vraiment prendre la voie des relocalisations ? Comment relancer l’économie ? Que faire de notre montagne de dettes ? Enfin à l’heure où le revenu universel connait un regain d’intérêt en France mais aussi en Ecosse, au Canada, en Espagne et en Finlande où un projet pilote a été mené. Comment ça marche exactement ?
Invités
- Béatrice Mathieu, rédactrice en chef à L'Express
- Sophie Fay, grand reporter à L'Obs
- Elie Cohen, économiste, directeur de recherche au CNRS
- Agnès Michel, consultante en finances et membre du Comité éditorial du think tank Terra Nova
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé