Brexit : Boris l'a fait !

C dans l'air

Semaine historique au Royaume-Uni. Les élus britanniques ont fait leurs adieux hier au Parlement européen avant que le pays quitte l’Union européenne ce vendredi après trois ans et demi de psychodrame. Une consécration pour le Premier ministre conservateur Boris Johnson. Lui qui avait tout misé sur le Brexit a réussi son pari et s’est affranchi au passage de son image de clown inconstant.   Volontiers provocateur, outrancier et amateur de mensonges durant cette folle croisade, le voilà désormais reconnu pour ses talents de stratège, y compris de l’autre côté de la Manche : "Il est parfois pittoresque, il a son tempérament, mais il a une vraie pensée stratégique", a dit de lui Emmanuel Macron, en octobre dernier. "Ceux qui ne l’ont pas pris au sérieux ont eu tort".   Elève du prestigieux collège-lycée d'Eton, point d'étape de 19 Premiers ministres, avant d'étudier à Oxford, puis journaliste, correspond à Bruxelles, député, maire de Londres, et ministre des Affaires étrangères, le locataire du 10 Downing Street est un personnage infiniment plus complexe, qu’il n’y paraît. Et les Européens, qui ont jusqu’au 31 décembre pour négocier les termes du futur partenariat avec le Royaume-Uni, n’ont pas fini de s’y frotter.   Car ce 31 janvier va s’ouvrir une nouvelle phase dans le Brexit qui est très loin d'être fini. En effet, malgré cette rupture, les règles européennes continueront de s'appliquer sur le territoire britannique jusqu'à la fin de l'année, période de transition devant permettre à Londres de négocier les modalités de ses relations avec le bloc des 27 mais aussi avec les autres puissances mondiales, Etats-Unis en tête. Et c'est ici que les choses se compliquent.   À quel Boris Johnson les Européens auront-ils à faire ? Auront-ils en face d'eux l'impétueux candidat aux accents de hard brexiter prêt à couper au plus vite avec l'Europe pour se rapprocher des Etats-Unis qui lui ont promis un "accord commercial massif" ou à l'homme politique plus avisé qui prendra le temps de reconstruire une relation fluide et fructueuse avec le Continent ? De quoi sera fait le "nouvel âge d’or" promis par Boris Johnson ? Le style "Bojo" peut-t-il faire des émules en France ?   Après avoir menacé l’Europe de "super-taxes" et défié Donald Trump en ouvrant le marché de la 5G britannique du géant chinois des télécoms, Boris Johnson poursuit à Londres l’élaboration avec Sajid Javid, le chancelier de l'Echiquier (l'équivalent de notre ministre de l'Economie), de sa future politique économique. Le premier budget post-Brexit sera présenté le 11 mars prochain.  Il fera figure de test.     Invités :     • Patrick Martin Genier, enseignant en droit public, spécialiste des questions européennes et internationales   • Anne-Elisabeth Moutet, journaliste, éditorialiste au journal britannique Le Daily Telegraph   • Marion Van Renterghem, grand reporter   • Pauline Schnapper, professeure de civilisation britannique contemporaine à l'université Sorbonne-Nouvelle