Carlos Ghosn le fugitif
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Dimanche dernier, l’ex-PDG de Renault-Nissan Carlos Ghosn a fui Tokyo, où il vivait en résidence surveillée dans l’attente de son procès pour malversations financières. Comment a-t-il pu s’envoler pour la Turquie, puis le Liban, alors qu’il lui était formellement interdit de quitter le Japon ? Comment a-t-il pu échapper aux caméras surveillants son domicile ? De quelles complicités l’ancien magnat de l’industrie automobile a-t-il bénéficié ?
Des images de vidéosurveillance ont révélé que l’homme d’affaire a quitté seul sa résidence. Un jet privé aurait décollé d’Osaka direction Istanbul après 23 heures. Les services d’immigration nippons n’ont pas enregistré ce départ : la taille de l’aéroport et la discrétion accordée aux voyageurs ont pu être favorable à Carlos Ghosn selon plusieurs sources de Reuters. "Nous ne faisons pas vraiment attention au visage des gens" a déclaré un employé. Lundi, nouveau transit depuis l’aéroport d’Atatürk vers Beyrouth : une enquête a été ouverte en Turquie pour découvrir les détails de ce vol, également non enregistré. La compagnie aérienne MNG Jet a confirmé que les jets privés qui ont permis à Carlos Ghosn de s’enfuir jusqu’à Beyrouth ont été utilisés "illégalement". Les autorités turques ont également arrêté sept personnes dont quatre pilotes soupçonnées d’avoir participé à l’exfiltration.
Ce descendant d’une famille d’immigrés libanais au Brésil a choisi le Liban comme refuge, pays où la loi ne permet pas aux autorités de livrer des ressortissants à un État étranger. Il avait quatre passeports, un brésilien, un libanais, deux français. Trois étaient en la possession de ses avocats japonais tandis que le dernier dormait dans un étui scellé. A-t-il été forcé ? Ou a-t-il eu recours à une fausse identité ? Une autre théorie, digne d’un film d’espionnage, a été relayée par une chaîne de télévision libanaise : Carlos Ghosn se serait caché dans une boîte pour instrument de musique pendant son évasion !
Un des avocats japonais de l’homme d’affaire, Takashi Takano, a dit s’être senti "trahi", ce samedi 4 janvier. "Mais la colère a cédé la place à autre chose, quand je me suis rappelé comment il était traité par le système judiciaire du pays", a-t-il ensuite précisé. Depuis l’arrestation en novembre 2018 de l’ancien patron de Renault, ses défenseurs n’ont cessé de dénoncer les conditions de détention et la façon dont la procédure est menée.
Fuir ainsi la justice d’un territoire n’est pas donné à tout le monde. Après quarante ans de cavale, l’Italien Cesare Battisti a finalement été jugé en Italie. En 1977, c’est le cinéaste Roman Polanski qui quitte les États-Unis pour échapper à sa condamnation. Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, s’est quant à lui réfugié durant presque sept ans dans l’Ambassade d’Équateur à Londres.
Visé par une demande d’arrestation d’Interpol, Carlos Ghosn doit donner une conférence de presse mercredi prochain depuis Beyrouth. Fera-t-il des révélations ? Que risque-t-il désormais au Liban ? Le Japon peut-il espérer un jour le juger sur son territoire ?
Invités :
• Christine Kerdellant, directrice de la rédaction de L’Usine nouvelle.
• Matthieu Suc, journaliste de Mediapart, auteur de "Renault, nid d’espions" aux éditions HarperCollins.
• Bertille Bayart, rédactrice en chef au service économie pour Le Figaro, auteure de "Le piège. Enquête sur la chute de Carlos Ghosn" aux éditions Kero.
• Valérie Niquet, responsable du pôle Asie de la Fondation pour la Recherche Stratégique, auteure de "Le Japon en 100 questions" aux éditions Tallandier.
Présenté par : Axel de Tarlé, Caroline Roux