5 décembre : la grève qui fait peur
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Emmanuel Macron était de retour ce matin sur le site de l’ex-usine Whirlpool à Amiens, haut lieu de la campagne de 2017. C’est là, dans cette entreprise à l’époque menacée de délocalisation, que le candidat Macron et son adversaire Marine Le Pen étaient passés presque en même temps entre les deux tours de la présidentielle. Une fois élu, le président était revenu défendre un projet de reprise qui a depuis capoté. Alors pour cette nouvelle visite le décor a changé et les salariés présents étaient presque tous au chômage ou pas encore reclassés depuis que le repreneur (WN) a été mis en liquidation en août 2019.
Un reproche qui a été fait au chef de l’État qui l’avait choisi : "Comment avez-vu pu être aussi naïf ? Le repreneur a menti !" "Le repreneur s’est planté mais c’est trop facile de mettre ça sur le dos de l’État", a répliqué Emmanuel Macron au milieu des salariés qui l’accusaient d’avoir été berné et de ne pas avoir su prévenir l’échec. Les échanges devant les caméras ont été longs et vifs, le président se défendant d’avoir "laissé tomber" les salariés et promettant de continuer à suivre le dossier.
Le veille, c’est avec des étudiants de l'université Picardie-Jules Verne que le chef de l’État avait longuement échangé. Après avoir eu une "une pensée" pour l’étudiant lyonnais qui s’est immolé par le feu devant le Crous le 8 novembre, déclenchant, un peu partout en France, des manifestations étudiantes contre la précarité, Emmanuel Macron a estimé que « ce geste nous rappelle, sans nous les faire découvrir, les difficultés de la vie étudiante […], pour se loger, se chauffer, parfois se nourrir". Des difficultés auxquelles le gouvernement fait face a-t-il expliqué avant d’inviter l’auditoire à "comparer la France aux autres pays", et à cesser de se plaindre. "En ce moment notre pays est, je trouve, trop négatif sur lui-même", a-t-il ajouté.
À l’approche de la grève du 5 décembre, Emmanuel Macron a semblé vouloir profiter de son déplacement de quarante-huit heures à Amiens, sa ville natale, pour faire passer un maximum de messages. Pour cela, il a multiplié les contacts directs avec les Français et a renoué avec ce qui fait partie de son style : des échanges très longs parfois âpres au milieu des foules avec des électeurs en colères, des étudiants, des salariés, des syndicalistes… Mais s’il a su montrer qu’il savait affronter les colères, sur le fond l’incendie social semble loin d’être éteint.
Alors que la mobilisation du 5 décembre s’annonce massive, la CFDT-Cheminots a annoncé jeudi se rallier à la grève contre la réforme des retraites. Le patron de la centrale syndicale Laurent Berger a dénoncé la "cacophonie" du gouvernement sur ce dossier et a réclamé plus de clarté après la remise du rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR). Les syndicats seront reçus par le Premier ministre lundi prochain à Matignon. Mais d’ores et déjà Édouard Philippe a indiqué au micro de France Inter qu’il faudra travailler plus longtemps pour redresser les comptes des régimes de retraite.
Alors la centrale réformiste est-elle en train de tourner le dos au gouvernement sur la réforme des retraites ? Quelles sont les pistes de la réforme ? La grève du 5 décembre, un tournant dans le quinquennat ?
Invités :
• Raymond Soubie, expert en gestion des ressources humaines et des politiques sociales. Président des sociétés de conseils Alixio et Taddeo.
• Anne Rosencher, directrice déléguée de la rédaction de L’Express.
• Sophie Fay, journaliste au service économie de L’Obs.
• Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l’institut de sondages IFOP.
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé