L'incursion ukrainienne, la sidération russe

C dans l'air

L'Ukraine poursuit son avancée sur le territoire russe... Et semble bien décidée à y rester. Le commandant de l'armée ukrainienne, Oleksandre Syrsky, a en effet annoncé avoir mis en place une administration militaire dans la région de Koursk. Celle-ci est chargée des affaires courantes, de la logistique de l'armée ainsi que d’assurer la sécurité.Depuis le début de cette offensive inédite, le mardi 6 août dernier, l'Ukraine a progressé de 35 km en profondeur et contrôle 82 localités, pour un total de 1 150 km2. C'est la plus grande incursion d'une armée étrangère sur le sol de la Russie depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.Si ce pari est risqué pour Kiev, qui manque de moyens humains et matériels, l'opération permet de montrer les faiblesses de l'armée russe et porte un coup dur à la propagande officielle du Kremlin.Car, en face, Moscou a du mal à s’organiser pour reprendre du terrain. Des soldats partent de Kaliningrad mais aussi de Biélorussie pour venir en renfort.La Russie a, de son côté, revendiqué hier la capture d'un village dans l'est de l'Ukraine, à une quinzaine de kilomètres de la ville de Pokrovsk, dans l'oblast de Donetsk. Dans cette région, la pression russe ne semble pas faiblir. Cette guerre compte donc désormais deux fronts, un en Ukraine, l'autre en Russie.L'information est une arme majeure dans ce conflit. C'est pourquoi les Ukrainiens ont monté une véritable armée pour empêcher toute tentative russe de faire de la désinformation. Ils tentent également d’inventer des produits audiovisuels à destination des Ukrainiens mais aussi des Russes. Objectif : influencer les opinions publiques et leur faire prendre conscience de l’horreur de la guerre. Une équipe de C dans l'air a pu les rencontrer.Alors que la guerre fait rage chez son voisin, la Pologne estime être en première ligne. Son budget de la défense représente déjà 4% de son produit intérieur brut, soit deux fois le seuil que préconise l'Otan dont elle est membre. Mais le pays ne compte pas s'arrêter là et investit toujours plus.Le 9 août dernier, Varsovie a signé un accord avec Washington sur l’achat de quelques centaines de missiles air-air Patriot américains, qui seront construits en Pologne, ainsi que de 96 hélicoptères Apache. Si ces investissement portent sur le long terme, ils montrent les ambitions polonaises. Entre 2013 et 2022, son budget de la défense a augmenté de de 95 % et ses dépenses militaires représenteront 5% de son PIB en 2025.A la frontière polonaise, les tensions sont déjà vives, autour de la question des migrants. Moscou et Minsk, sont accusés de déstabiliser volontairement le pays en maintenant une pression migratoire constante depuis l’automne 2021. Ce sont ainsi plus de 17 000 tentatives de passage clandestins qui ont été recensées par les autorités depuis le début de l’année.Mais Varsovie prend les choses en main avec une mesure radicale. Le 11 juillet dernier, le Parlement a adopté un texte qui allège les règles d’ouverture du feu des militaires, garde-frontières et gendarmes aux frontières entre la Pologne, la Biélorussie et la Russie. Cette loi a été vivement critiquée par les associations humanitaires qui prennent en charge les migrants.Jusqu'où l'Ukraine pourra-t-elle s'avancer en territoire russe ?Kiev pourra-t-elle contrer Moscou dans la bataille de l'information ?La Pologne et ses investissements massifs est-elle un exemple dont les autres pays européens devraient s'inspirer ?Nos invités : Vincent Hugeux, Journaliste indépendant, essayiste, spécialiste des enjeux internationauxMarie Jégo, Journaliste - Le Monde, ancienne correspondante en RussieOxana Melnychuk, Politologue Ukrainienne Patrick Dutartre, Général de l’armée de l’Air et de l’Espace, ancien pilote de chasse