Dette : Faire payer les riches... et les retraités ?
C dans l'air- 1 h 3 min
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Après sept années passées au ministère de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire sonne depuis plusieurs jours l’alerte sur la dette. À l'offensive dans les médias, le patron de Bercy vient d’annoncer un tour de vis budgétaire obligatoire de 10 milliards d’euros pour réduire le déficit public à 4,4 % du produit intérieur brut (PIB) en 2024 et use de formules chocs- "l'État n'est pas une pompe à fric", "le quoi qu’il en coûte c’est fini"- le tout sous le regard des agences de notation.
Pour l’heure, ces coupes visent la transition écologique, l’assurance chômage et l’éducation. Mais elles ne sont qu’une première étape, avant un possible "projet de loi de finances rectificative à l’été", puis au moins 20 milliards d’euros d’économies supplémentaires en 2025. Pour le premier président de la Cour des comptes, c’est bien "50 milliards d’euros d’économies minimum qu’il faut faire sur les trois années qui viennent" pour parvenir à 3 % de déficit public en 2027. "C’est beaucoup mais il y a eu 800 milliards d’euros de dette en plus depuis cinq ans" a expliqué la semaine dernière Pierre Moscovici sur le plateau de C dans l’air l’invité.
Avec une croissance au ralenti et des rentrées fiscales à la baisse, c’est également le débat sur les hausses d’impôt qui ressurgit. Mais pour l’instant ni Emmanuel Macron, ni Bruno Le Maire ne veulent en entendre parler, y compris ceux des plus riches comme le réclament de nombreuses voix jusque dans le camp macroniste.
Alors comment faire 50 milliards d’euros d’économies ? La rigueur pour qui ? L’idée d’une sous-indexation des retraites en 2025 évoquée en février par le ministre délégué chargé des Comptes publics a irrité le chef de l’État qui l’a immédiatement recadré en Conseil des ministres. Pas question de toucher aux retraités. En 2024, les pensions de retraite de base ont toutes été revalorisées à hauteur de 5,3 % soit 14 milliards d’euros. Certaines voix appellent à une indexation sur l’inflation moins importante pour les retraités qui ont des revenus élevés.
De son côté, dans une interview fleuve au Journal du Dimanche, parue à l'occasion de la sortie d'un nouveau livre, le ministre de l’Économie évoque la fin de "l’État-providence", remplacé par un "État protecteur". Il plaide pour une "meilleure organisation des services publics" et annonce qu'"avec le ministre des Comptes publics" Thomas Cazenave, après la revue en cours des dépenses publiques, il invitera "en avril toutes les forces politiques à participer à un échange sur les priorités des dépenses". Après une première réforme des retraites menée par le gouvernement en 2023, et deux réformes controversées en 2019 et 2023 sur les droits à l'assurance-chômage, Bruno Le Maire en remet une couche sur sa volonté de durcir encore les conditions de l'assurance-chômage et défend à nouveau l’idée d’une reprise en main "par l'État" de l'assurance chômage.
Des choix qui ulcèrent nombre de syndicats dont la CGT. "On a l'impression d'avoir la réincarnation de Margaret Thatcher", a lancé Sophie Binet sur BFMTV-RMC ce lundi. "Ce qu'il nous propose, c'est de mettre fin définitivement à l'héritage du Conseil national de la résistance, à savoir à notre Sécurité sociale qui permet à chacun d'être sécurisé face aux aléas". La secrétaire générale de la CGT conteste l'argument des caisses vides. "Bruno le Maire, c'est un peu Robin des bois à l'envers : il prend de l'argent aux pauvres pour le donner aux riches. Il y a 170 milliards d'euros d'aides aux entreprises qui sont donnés chaque année sans contreparties ni conditions". Et de rappeler "qu'on est dans un contexte où les dividendes versés aux actionnaires du CAC40 atteignent des records avec en plus la nouveauté des rachats d'actions, c'est 30 milliards qui ont été jetés par les fenêtres. Cela devrait être interdit ou a minima taxé".
Alors comment réduire le déficit public ?
Nos invités :
Dominique Seux, Directeur délégué de la rédaction - "Les Échos"
Thomas Porcher, Économiste, membre des "Économistes Atterrés"
Caroline Michel-Aguirre, Grand reporter au service politique - "L’Obs"
Jérôme Fourquet, Directeur département Opinion - Institut de sondages IFOP, Auteur de "La France d’après"
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé
Maison de production : France Télévisions / Maximal Productions