Budget, retraites : Bercy regarde à gauche...
C dans l'air- Décryptage & investigation
- 1 h 5 min
- Français
- tous publics
Du même programme
Le ministre de l’Économie et des Finances ainsi que la ministre des Comptes publics débutent ce lundi à Bercy les consultations des partis politiques dans l’optique de faire voter rapidement par le Parlement un projet de loi de finances pour 2025. Avec un objectif : ramener le déficit entre "5 et 5,5 %", cette année, ce qui nécessitera un "effort" budgétaire "autour de 50 milliards d’euros", moins que les 60 milliards qu’ambitionnait le gouvernement précédent, et qui passera "essentiellement" par des économies, a affirmé ce matin Éric Lombard sur France Inter.
Pour rassurer le monde économique, les marchés qui prêtent à l’Etat mais aussi Bruxelles, il faut "que dans les meilleurs délais, notre pays ait un budget" a expliqué l’ancien directeur général de la Caisse des dépôts. Pour cela, le nouveau patron de Bercy souhaite obtenir "a minima un accord de non-censure" et lance un appel du pied aux partis de gauche avec qui "il y a plus de perspective d’un dialogue fécond qu’avec le RN". Et le ministre d’embrayer sur ce qu’il dit partager avec le parti socialiste, mais aussi les communistes et les écologistes : la recherche de justice fiscale. "Il y a dans ce pays des mécanismes d’optimisation fiscale qui font que des personnes qui ont des revenus importants ne paient pas leur part d’impôt. Il s’agit que chacun paie sa juste part de l’impôt."
Même angle d’attaque sur France 2 ce matin pour la ministre des Comptes publics qui promet "un plan d’action très concret, très ambitieux" concernant l’égalité devant l’impôt, et axé sur la lutte contre la "suroptimisation fiscale". Dans les colonnes du Parisien ce dimanche, Amélie de Montchalin a également indiqué que le gouvernement n’envisage pas de "hausse d’impôts pour les ménages" mais veut garder les éléments qui ont fait consensus lors de l’examen des projets de budget de l’État et de la Sécurité sociale laissés en suspens par la censure du gouvernement Barnier. Parmi les mesures que l’exécutif compte conserver, la ministre a cité la contribution supplémentaire sur les grandes entreprises, la taxe sur les rachats d’actions et sur les billets d’avion. Quid de la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus ? Si celle-ci "ne peut plus s’appliquer" du fait de la censure,"nous réfléchissons à de nouvelles modalités", a fait savoir Amélie de Montchalin. "Il ne s’agit pas de proposer des impôts nouveaux, mais de vérifier que chacun paye sa juste part de l’impôt (...). Pas taxer davantage les très riches mais veiller à ce que leur niveau d’impôt soit homogène à celui que payent les autres Français", a relevé de son côté Éric Lombard qui a reçu ce matin le MoDem et les socialistes.
À la sortie de Bercy, le PS s’est dit favorable à "une négociation où chacun est responsable, où chacun fait des pas vers l’autre. Nous sommes prêts à en faire", a lancé Olivier Faure, mais également à censurer le gouvernement s’il n’y a de "concessions remarquables". Le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner, a par ailleurs fait état de la part du gouvernement d'"une proposition de modification, d'évolution de la réforme de la retraite".
"La négociation du PS avec le gouvernement Macron-Bayrou n'engage que lui" a réagi sur X Jean-Luc Mélenchon. "Le NFP n'a été ni informé ni saisi auparavant. LFI ne sera donc pas concernée par le plat de lentilles servi à O. Faure. Les insoumis ne sont pas engagés par la non-censure négociée par le PS" a écrit le le leader de La France insoumise
Du côté du RN, Marine Le Pen poursuit ce lundi son déplacement à Mayotte trois semaines après le passage dévastateur du cyclone Chido. Présente sur place depuis hier, la figure de proue du Rassemblement national a appelé l’exécutif à ne pas oublier "les promesses faites aux Mahorais" et a déploré que la stratégie du gouvernement "n’aille pas assez loin". "Sans régler le problème de l’immigration clandestine, rien ne sera utile", a-t-elle estimé dimanche, en référence notamment au droit du sol, qui est déjà largement encadré sur le sol mahorais, et ce à l’heure où le gouvernement est divisé sur ce point. Une façon pour la leader du parti d’extrême droite de mettre la pression sur l’exécutif. C’est également pour la cheffe de file des députés RN qui dans les colonnes du Parisien du 18 décembre déclarait se préparer à une élection présidentielle anticipée "par précaution", de montrer sa popularité sur place. En 2022, les Mahorais l’ont placé en tête du second tour de la présidentielle avec 59 % des voix. Deux ans plus tard, la liste de Jordan Bardella aux européennes a recueilli 51 % des suffrages.
Alors quel budget pour la France en 2025 ? Le gouvernement vise 50 milliards d'euros d'économies pour 2025, avec des promesses de ne pas augmenter les impôts pour les ménages. Comment compte-t-il faire ? Enfin le remboursement des Prêts Garantis par l'État, est-il le grand oublié du débat sur le budget ? Environ un tiers de ces PGE, accordés à 700 000 TPE et PME entre 2021 et 2022, doit encore être remboursé, selon la Banque de France, qui indiquait par ailleurs, le mois dernier, que les défaillances d'entreprises ont battu un nouveau record sur l'année écoulée. Nous avons rencontré le patron de l’un d’entre elles.
Les experts :
- DOMINIQUE SEUX - Éditorialiste - Les Echos et France Inter
- GAËLLE MACKE - Directrice déléguée de la rédaction - Challenges
- MYRIAM ENCAOUA - Journaliste- présentatrice - LCP
- BRICE TEINTURIER - Directeur général délégué - Institut de sondages Ipsos
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé
Maison de production : France Télévisions / Maximal Productions