Migrants : quand le Pape nous sermonne !
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C'est un message fort, à la hauteur de l'urgence migratoire. En visite à Marseille, le Pape François a tenu un long discours sur la question migratoire ce vendredi matin à quelques mètres de la basilique Notre-Dame-de-la-Garde, qui veille sur la ville et ses marins. "Devant un tel drame, les mots ne servent à rien." Il faut "des actes", a ainsi déclaré le souverain pontife quelques jours après les arrivées massives de migrants subsahariens sur l'île de Lampedusa qui ont fait la une de l'actualité. La tragédie migratoire "qui ensanglante la Méditerranée" est un thème cher au pape, qui a rencontré Emmanuel Macron ce samedi. Des camps de migrants de Lesbos en 2021 à Marseille en passant par Lampedusa, François n'a cessé d'appeler les Européens à un sursaut collectif. "Ne nous habituons pas à considérer les naufrages comme des faits divers et les morts en mer comme des numéros" a-t-il averti, tout en encourageant les ONG qui patrouillent en mer Méditerranée au grand damne du gouvernement d'extrême droite italien. Ce discours a d'ailleurs irrité l'extrême droite française, à l'image d'Éric Zemmour qui s'est fendu d'un tweet : "Que veut le pape ? Il veut que l’Europe chrétienne, berceau du christianisme, devienne une terre islamique ?". Marion Maréchal a de son côté pointé la "vision un peu naïve du Pape" sur l'immigration : "Le pape n'a pas à se mêler de politique, il ferait mieux de remplir les églises qui sont aujourd'hui désespérément vides."
L'extrême droite belge a aussi été à la manœuvre, en Belgique cette fois, où les cours d'éducation sexuelle instaurés à l'école (4 heures entre la 6e et la seconde) depuis la rentrée sont devenus la cible d'une violente opposition complotiste. Les militants, qui accusent le gouvernement de vouloir imposer "un nouvel ordre mondial sexuel", ne se sont pas limités à de la désinformation sur les réseaux sociaux, mais ont aussi vandalisé ou incendié 8 écoles ces derniers jours, à Charleroi et Liège. "Comment a-t-on pu en arriver à un tel niveau de désinformation ?" déplorent certains instituteurs, dépassés par l'ampleur des événements. Dimanche dernier, 1500 personnes se sont rassemblées à Bruxelles pour demander le retrait du fameux livret "Evras", parmi lesquels le leader de l'association catholique traditionaliste Civitas, et des militants musulmans. "On peut avoir un débat, des points de vue différents, mais ça ne peut jamais déboucher sur de la violence", a prévenu le Premier ministre belge Alexander de Croo. "On s'attaque ici à des libertés publiques, à la liberté d'enseignement, et c'est pour moi une forme de terrorisme qui est absolument inacceptable", a de son côté dénoncé le maire de Charleroi, Paul Magnette.
Un autre débat, qui suscite de fortes oppositions, doit revenir sur le devant de l'actualité française d'ici la fin du mois : celui du droit à mourir. En décembre dernier, le gouvernement avait lancé une convention citoyenne sur le sujet pour faire évoluer la loi actuelle, qui limite la sédation profonde aux malades en phase terminale et en très grande souffrance, dont la vie est menacée "à court terme". L'exécutif veut désormais présenter son projet de loi la semaine prochaine, tandis que des sénateurs de gauche entendent rédiger leur propre proposition de loi sur le sujet auquel 70% des Français se disent favorables. Tout le débat portera justement sur les conditions de ce droit à mourir dans la dignité : aide active à mourir ? Euthanasie ? Suicide assisté ? Les débats au Parlement s'annoncent passionnants.
Quelles conséquences le discours du Pape sur les migrants peut-il avoir en Europe ? Face aux divergences politiques sur le sujet, comment les États européens peuvent-ils s'accorder sur l'accueil des migrants ? Pourquoi les cours d'éducation sexuelle suscitent toujours autant de polémiques en Europe ? Le gouvernement français va-t-il trouver la voie pour faire évoluer le droit à mourir dans la dignité ?
Nos experts :
- Yves Thréard, éditorialiste, directeur adjoint de la rédaction - Le Figaro
- Eve Roger, journaliste, spécialiste des questions de société et d’éducation - RTL
- Rachel Binhas, journaliste au service société - Marianne
- François Beaudonnet, chroniqueur international, rédacteur en chef Europe - France Télévisions
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé
Maison de production : France Télévisions / Maximal Productions