Loi alimentation : la défaite de trop pour Hulot ?

C dans l'air

Après de longues et âpres discussions pendant une semaine, la loi alimentation est votée ce mercredi à l'Assemblée nationale. Mais pour les militants écologistes et des droits des animaux, ainsi que de nombreux députés LREM, le texte final n'est pas à la hauteur des attentes, et il n'en finit plus de créer des remous au sein de la majorité.   Au cours des débats plusieurs lignes de fracture ont, en effet, vu le jour entre défenseurs du bien-être animal et d’une alimentation biologique d'une part et d'autre part la majorité des députés qui ont voté contre la vidéosurveillance dans les abattoirs, l'interdiction des poules en cage, celle de broyer les poussins et la castration à vif des porcelets. Pendant tout le week-end les parlementaires se sont affrontés dans une ambiance survoltée.   Mais c’est un pesticide « probablement cancérigène » selon l'OMS qui depuis quarante-huit heures prend des allures de poison pour la majorité. Le sort du glyphosate a occupé les débats lundi. Plus d'une quarantaine d'élus LREM avaient déposé des amendements pour inscrire son interdiction d’ici trois ans dans la loi, comme l’avait promis Emmanuel Macron en novembre 2017. Mais ils ont été rejetés par la majorité des députés, ouvrant la porte à un flot de critiques difficilement endiguées par le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux qui a assuré que l'engagement présidentiel serait néanmoins respecté.   Ainsi Matthieu Orphelin, proche de Nicolas Hulot, s'est fendu d'un tweet sans équivoque : « La sortie du glyphosate ne sera pas inscrite dans la loi [...] C'est à mes yeux, un rendez-vous manqué et une vraie déception car l'urgence écologique et de changement de modèle agricole est si forte ». Le député européen écologiste Yannick Jadot a lui accusé le ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert, de « négationnisme écologique » et de plier « en permanence » depuis sa prise de fonction face au lobby agro-industriel. Un lobby « qui a dicté la loi et qui a gagné contre la société, contre la santé, contre l'environnement et contre tous les paysans » a-t-il déclaré. Même la fondation Nicolas-Hulot, rebaptisée Fondation pour la nature et l'homme, s'est fendue d'un communiqué pour dénoncer « une non-assistance à personnes en danger ».   Alors quel est le contenu de la loi alimentation ? Va-t-elle fracturer durablement la majorité ?   Invités :   - Bruno Jeudy, rédacteur en chef du service politique de Paris Match   - Soazig Quémener, rédactrice en chef du service politique de Marianne   - Pascale Hébel, directrice du pôle consommation et entreprises au Credoc   - Eric de la Chesnais, journaliste spécialiste de l’Alimentation et des questions agricoles au Figaro