Mobilisation, violences : Macron peut-il reculer ?
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Après deux mois de mobilisation contre la réforme des retraites, et au lendemain de l’interview du chef de l’État qui a ulcéré opposition et syndicats, les cortèges étaient à nouveau très fournis hier un peu partout dans le pays. Entre 1,089 million de manifestants (Intérieur) et 3,5 millions (CGT) ont défilé dans plus de 300 villes. À Paris, où la participation a même atteint de nouveaux records, à la fois selon la CGT (800.000) et Beauvau (119.000), des affrontements ont rapidement éclaté. Des violences qui ont également resurgies dans plusieurs villes comme à Rennes, Lille, Rouen - où une femme a eu le pouce arraché par une grenade de désencerclement -, Lyon et Lorient.
"On a recensé, hier, 903 feux de mobilier urbain ou de poubelles à Paris, 457 interpellations partout en France, 441 policiers et gendarmes blessés" a expliqué ce matin le ministre de l’Intérieur. Les manifestations se sont poursuivies jusqu'à "tard" dans la nuit, a poursuivi Gérald Darmanin, tout en dénonçant des scènes d'une "grande violence" et en remerciant les policiers, gendarmes et sapeurs-pompiers pour leur travail. Le patron de Beauvau a également affirmé que la "quasi-totalité" des manifestants ont défilé "pacifiquement", mais a déploré la présence de casseurs mêlés aux cortèges. Selon les estimations du ministère de l'Intérieur, 1000 à 1500 casseurs, "quasiment même 2000", ont commis des violences dans la capitale. Gérald Darmanin a fait état d'attaques au pavé, au cocktail Molotov et à la barre de fer commises par des "black blocs" ou plutôt des "black bourges" a-t-il souligné puisque "l'on sait tous que ce sont parfois des enfants de bonnes familles qui font ça". Outre les heurts et dégradations dans la capitale, le ministre a également évoqué la ville de Bordeaux où l’hôtel de ville a été pris pour cible. Le porche de la mairie où devait être reçu le roi Charles III la semaine prochaine, a été incendié dans la soirée en marge d’un rassemblement spontané contre la réforme des retraites.
Des violences qui sont montées d'un cran hier et ont eu raison de la visite d'État du roi Charles III en France, prévue initialement du 26 au 29 mars. Celle-ci a finalement été reportée a fait savoir ce vendredi l'Élysée dans un communiqué. Le chef de l’État s’est également dit "à disposition de l'intersyndicale" pour "avancer sur des sujets comme l'usure professionnelle, les fins de carrière, les reconversions, l'évolution des carrières, les conditions de travail, les rémunérations dans certaines branches". "Pour le reste et la réforme des retraites, elle est devant le Conseil Constitutionnel et il est évident que nous attendrons la décision du Conseil Constitutionnel". "Mais le pays ne peut pas être à l'arrêt", "nous continuons à avancer", a également déclaré Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse à Bruxelles.
De son côté, l’intersyndicale qui s’était réunie hier soir au siège de la CFDT a appelé à une dixième journée d’action nationale dès mardi prochain et a estimé que la "responsabilité de la situation explosive" depuis une semaine à Paris et dans plusieurs villes du pays incombe au gouvernement. Les responsables politiques de gauche ont eux aussi invité les Français à amplifier encore la contestation contre la réforme des retraites, Fabien Roussel appelant à "mettre le pays à l'arrêt", et Jean-Luc Mélenchon à "jeter toutes les forces dans la bataille". Marine Le Pen a pour sa part affirmé mardi qu’elle ne participera "pas à éteindre le feu".
Alors comment sortir de la crise politique ? Assiste-t-on à un tournant dans la mobilisation contre la réforme des retraites ? Et comment est-elle perçue à l’étranger ? Scrutée par la presse étrangère, la situation en France est suivie notamment en Allemagne où les syndicats, insatisfaits des négociations salariales en cours, ont décidé d'appeler pour la première fois à une grève d'avertissement commune de 24 heures lundi prochain dans les infrastructures de transport de tout le pays.
Nos Experts :
- Roland Cayrol, Politologue, Directeur du Centre d’études et d’analyse (CETAN)
- Cécile Cornudet, Éditorialiste politique "Les Échos"
- Caroline Michel-Aguirre, Grand reporter au service politique "L’Obs"
- Driss Aït Youssef, Docteur en droit public, Spécialiste des questions de sécurité
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé