Loi Travail : la révolution, vraiment ?
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C'était devenu ces dernières semaines le secret le mieux gardé de la République ! Le contenu – près de 200 pages - des ordonnances réformant le Code du travail a été dévoilé par le gouvernement ce jeudi. Aux syndicats d'abord, au cours d'une réunion ce matin à Matignon, puis lors d’un point presse du Premier ministre Edouard Philippe et de la ministre du Travail. Prud'hommes, indemnités de licenciement, simplification des instances de représentations du personnel… Que contiennent les cinq ordonnances ? Quelles sont "les 36 mesures concrètes" qui vont, selon Muriel Pénicaud , "changer le mode du dialogue social dans notre pays" ? Qu’en pensent les partenaires sociaux ?
Si le chef du gouvernement défend une réforme "ambitieuse, équilibrée et juste", celle-ci ne fait pas l’unanimité chez les syndicats. Loin de là. Ainsi Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, s’est dit "déçu" et a estimé que le gouvernement a "raté le coche". "Toutes les craintes que nous avions sont confirmées", a réagi de son côté Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, avant d’appeler à manifester le 12 septembre contre la réforme. Le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, a indiqué qu'il restait "des points de désaccord" mais que son syndicat ne se joindrait pas à cette journée d’actions, se satisfaisant qu’il y ait eu une "vraie concertation". "Le rapport de force s'est effectué en coulisses. On va continuer à se battre sur les décrets" et d’autres concertations sont à venir.
Pour l’exécutif, en effet, ces ordonnances sont une première étape d’une "rénovation du modèle social" français. Suivront la réforme de l’assurance chômage, de la formation professionnelle et de l’apprentissage à partir de septembre, puis celle des retraites en 2018.
C'est "une réforme de transformation profonde" qui "doit être assez ambitieuse et efficace pour continuer à faire baisser le chômage de masse et permettre de ne pas revenir sur ce sujet durant le quinquennat", a expliqué le président Emmanuel Macron dans les colonnes du Point. Après 100 jours au pouvoir, le chef de l’Etat, dont la popularité chute dans les sondages, a accordé un long entretien à l’hebdomadaire. Une interview d’une vingtaine de pages, réalisée il y a huit jours, dans laquelle il revient sur les débuts de sa présidence et assume tout. Pas de mea culpa donc sur les premiers mois de son mandat, notamment après la crise dans l’armée et la démission de son chef d’état-major, mais des précisions sur plusieurs points. Le président dit ainsi envisager une nouvelle baisse des APL dans le cadre d’une transformation profonde qui doit, selon lui, faire baisser les loyers. Il défend également la hausse de la CSG et demande un effort aux retraités les plus aisés. Enfin, Emmanuel Macron en profite pour envoyer quelques piques à François Hollande, Jean-Luc Mélenchon et à tous ceux qu'il appelle "les forces du monde ancien" qui "sont toujours là, toujours engagées pour faire échouer la France".
Invités :
- Raymond Soubie, président des sociétés de conseil Alixio et Taddeo
- Yves Thréard, éditorialiste au Figaro
- Cécile Cornudet, éditorialiste aux Echos
- Mathieu Plane, économiste
Présenté par : Caroline Roux, Bruce Toussaint