Poutine met l'Europe à cran
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Entre la Russie et l'Union Européenne, la tension monte de jour en jour. Mardi, l'Espagnol Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, a déclaré vouloir "proposer aux dirigeants de l'UE des sanctions contre le Kremlin". "Le gouvernement russe est sur une voie autoritaire et se montre sans pitié dans l'affaire Navalny […]. Il serait bon de prévoir ses sanctions. Je vais user de mon droit d'initiative et je ferai des propositions qui combineront des actions pour lutter contre la désinformation et les cyberattaques", a-t-il expliqué lors d'un discours devant le Parlement européen à Bruxelles.
Ces déclarations font suite à l’affront subi lors de sa visite à Moscou vendredi dernier qui lui a valu une volée de critiques et des appels à la démission. Plusieurs eurodéputés ont notamment dénoncé ce déplacement, évoquant "une erreur grossière" et "un manque de clairvoyance" alors qu'Alexeï Navalny est en prison, et des opposants politiques arrêtés par milliers. De son côté, le diplomate a expliqué être allé à Moscou "pour vérifier si la Russie était disposée à inverser la tendance négative de nos relations". La réponse fut sans équivoque : Non. Mais il maintient qu’il fallait tenter ce déplacement même au risque de tomber dans un piège, avec à la manœuvre le ministre russe des Affaires étrangères.
Ainsi on a vu vendredi dernier Josep Borrell tenir une conférence de presse au côté du ministre Sergueï Lavrov, avant l’annonce quelques minutes plus tard de l’expulsion de trois diplomates européens - un Allemand, un Polonais et un Suédois - en raison de leur "participation" à des manifestations de soutien à Navalny. Une manœuvre qui avait tous les airs de guet-apens et témoigne d’un mépris pour le représentant des 27 dont les implications sont lourdes. Joseph Borell les a évoqués hier : "l’Europe et la Russie s’éloignent l’une de l’autre".
De fait, en guise de riposte à ces expulsions jugées "injustifiées", l'Allemagne, la Suède et la Pologne ont expulsé des diplomates russes basés sur leurs territoires respectifs. Il s’agit de la quatrième fois en cinq ans que des pays occidentaux expulsent des diplomates russes. À chaque fois, cela concernait des affaires d’empoisonnement ou d’espionnage, comme en 2018, lorsque Londres et Moscou avaient procédé à des expulsions de diplomates dans le cadre de l'affaire Skripal.
Mais cette fois l’Europe pourrait aller plus. Le chef de la diplomatie européenne a annoncé qu’il allait proposer de nouvelles sanctions contre la Russie lors du prochain sommet des 27 en mars. Quelles seront-elles ? La France réclame l’abandon du projet de gazoduc Nord Stream 2, qui arrivera en Allemagne, mais Angela Merkel refuse d’y toucher. A moins que l'administration Biden ne vienne s’en mêler.
Lors d'une conférence sur sa politique étrangère, Joe Biden a promis de contrer l'autoritarisme de la Russie, en insistant sur sa volonté de rompre avec la politique menée par son prédécesseur Donald Trump. "Le temps où les États-Unis se soumettaient face aux actes agressifs de de la Russie (...) est révolu" a déclaré le président américain. Lui qui juge "fondamentalement mauvais" le projet Nord Stream 2 qui devrait permettre de doubler l’acheminement de gaz russe vers le continent et viendrait ainsi concurrencer le gaz américain, pourrait-il aller jusqu'à empêcher sa mise en activité ?
L'affaire Navalny a en tout cas fait monter d'un cran les tensions entre Washington et le Kremlin. "Les États-Unis condamnent l'usage persistant de tactiques brutales de la Russie", a déclaré le secrétaire d’État américain, réclamant la libération d'Alexeï Navalny. Ce à quoi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a répondu en dénonçant "l'ingérence grossière des États-Unis dans les affaires intérieures de la Russie".
Invités :
- François Clemenceau, rédacteur en chef international - Le Journal du Dimanche
- Clémentine Fauconnier, politologue, spécialiste de la Russie
- Alain Bauer, professeur de criminologie - Conservatoire national des Arts et Métiers
- Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert Schuman et de l’ILERI
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé