Qui a éliminé le cerveau du nucléaire iranien ?
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C'est une mort qui pourrait dégrader un peu plus les relations entre l'Iran et Israël et entraîner une nouvelle escalade des tensions dans la région. L'un des principaux responsables du programme nucléaire iranien, Mohsen Fakhrizadeh, a succombé à ses blessures après une attaque au véhicule piégé, suivie d'une fusillade contre sa voiture, vendredi 27 novembre. Le ministère de la Défense iranien a annoncé la nouvelle, en précisant que la victime était le chef de son département recherche et innovation, chargé notamment de la "défense antiatomique". Le jour même, Téhéran a accusé le Mossad, les services secrets israéliens, d'être derrière cet assassinat et a promis des représailles.
Alors que sait-on de ce scientifique iranien ? Le Mossad l’a-t-il assassiné ? Et surtout quelles pourraient en être les conséquences ? Le meurtre de ce scientifique est une lourde perte pour le programme nucléaire iranien. Mais au-delà de l’aspect militaire, son assassinat promet de compliquer les efforts diplomatiques annoncés par le président-élu des États-Unis Joe Biden.
En effet, ce dernier même s’il ne peut être considéré comme un ami de l'Iran, n’a pas caché néanmoins sa volonté de faire réintégrer les États-Unis dans l’accord nucléaire iranien du 14 juillet 2015. Une volonté de renouer le dialogue qui était bien accueillie par le président iranien. Mercredi dernier, Hassan Rohani affirmait ainsi que Téhéran et Washington pouvaient revenir "à la situation qui prévalait" sous l'ère Obama et que cela pourrait "changer complètement le cours des choses". Mais l'assassinat vendredi de l'un des pères du programme nucléaire iranien, compromet, au moins à court terme, cette détente.
Dès samedi le président iranien a accusé Israël de vouloir semer le "chaos" et a promis une riposte "en temps et en heure". Il a également prévenu que l’Iran ne tomberait pas dans le "piège" tendu selon lui par Israël. Mais les tenants de la ligne dure en Iran préconisent une réponse musclée à l’assassinat de Mohsen Fakhrizadeh qui pourrait considérablement envenimer les choses avant l’arrivée au pouvoir du nouveau président américain. Car elles pourraient, selon nombre d’experts, fournir le prétexte recherché par Washington de surenchérir par des frappes massives sur les sites nucléaires iraniens et ce dans les derniers mois restant de l’administration Trump.
De son arrivée à la Maison-Blanche, Donald Trump a fait de l’Iran sa bête noire. Il a sorti unilatéralement son pays de l’accord en 2018, trois ans après la conclusion à Vienne de ce pacte que le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, n’a cessé de combattre.
Les sanctions imposées ou réimposées par Washington ont plongé l’économie iranienne dans une violente récession et ont poussé l’Iran à suspendre l’application de la plupart de ses engagements, mais pas l’accès consenti aux inspecteurs de l’AIEA.
Or désormais les voix s’élèvent en Iran pour demander la reprise du programme nucléaire et le départ des inspecteurs de l’AIEA alors que la stratégie de Téhéran, ces derniers mois, avait été de faire le dos rond dans l’attente de l’arrivée d’un nouveau président américain. Ainsi l’assassinat en janvier dernier du Général Soleimani, artisan de la stratégie régionale de l'Iran, n’a donné lieu qu’à des frappes contre les bases américaines en Irak avec information préalable de ces derniers de les évacuer. L’incendie du site des centrifugeuses de Natanz en juillet dernier, attribué aux israéliens n’a pas fait l’objet de représailles non plus.
Alors qu’en sera-t-il aujourd’hui ? Que va faire Téhéran ? Quelles peuvent être les conséquences pour l’administration de Joe Biden qui veut renouer le dialogue diplomatique avec l’Iran ? Quel bilan tirer de la politique de "pression maximale" mise en œuvre par Donald Trump dans la région ?
Invités :
- François Clemenceau, rédacteur en chef du service international du Journal du Dimanche
- Pierre Servent, expert militaire et spécialiste des questions de défense, auteur de “De Gaulle et Pétain”, publié aux éditions Perrin
- Agnes Levallois, maître de recherche à la Fondation pour la Recherche Stratégique, vice-présidente de l'IREMMO, l'Institut de Recherche et d'Études Méditerranée Moyen-Orient
- Armelle Charrier, éditorialiste en politique internationale à France 24
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé