Sécheresse : la France déjà en état d'alerte
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La sécheresse continue de s'étendre sur la France. Ce sont désormais 55 départements qui sont concernés par des restrictions d'eau. Parmi les territoires les plus touchés, on retrouve la Vendée, la Creuse, le Loir-et-Cher ou encore le Tarn-et-Garonne. Dans les vingt départements où l'alerte « Crise » a été déclarée, les prélèvements d'eau non prioritaires, comme pour irriguer des cultures, sont strictement interdits. Seuls les prélèvements pour assurer « l'exercice des usages prioritaires : santé, sécurité, civile, eau potable, salubrité » sont autorisées.
Un manque de précipitations et d'irrigation qui rend la végétation très inflammable. Plusieurs départs de feu ont déjà eu lieu ce week-end, notamment en Ardèche. Face au risque d’incendies, le commandant Sylvain Besson, pompier dans les Bouches du Rhône et porte-parole de la Fédération des Pompiers de France en appelle à la prudence et à la vigilance. Dans le massif vosgien, où la forêt est parsemée de tâches rouges de plus en plus nombreuses, certaines communes ont dû faire abattre en urgence des centaines de sapins secs. Quand dans de nombreuses communes, comme dans le Territoire de Belfort, les propriétaires de maisons fissurées par la sécheresse de 2018 attendent inquiets la publication imminente de l’arrêté de catastrophe naturelle.
Mais est-on dans une situation exceptionnelle ? Malheureusement « c'est une situation qui se répète ces dernières années » a déclaré ce lundi Marillys Macé, directrice générale du centre de l'information sur l'eau. « La sécheresse pourrait devenir chronique. Tous les experts sont d'accord avec cette façon de voir les choses. Il n'y a pas de quoi être optimiste. On pense que les débits des cours d'eau vont se réduire dans les cinquante ans qui viennent, entre 10 % et 40 %. On va avoir des températures qui vont s'élever et une baisse des précipitations en été ». Un constat partagé par le ministre de la Transition écologique François de Rugy qui, dans le sillage des conclusions des Assises de l’eau, au début du mois, a présenté une vingtaine de mesures afin de mieux préserver et économiser l'eau douce en France. Celles-ci vont d’une modulation du prix de l’eau en fonction de la consommation et des saisons à l’augmentation des zones humides protégées, en passant par la récupération de l'eau de pluie.
Des mesures qui sont toutefois jugées insuffisantes par de nombreuses associations. Ainsi Alain Bazot, président d’UFC-Que Choisir, dit regretter qu' « il n’y a absolument rien d’obligatoire, de contraignant, les agences de bassin étant seulement « invitées » à prendre en compte les incitations aux économies d’eau dans leurs taux de redevance » pour l’agriculture et l’industrie. « Le financement de la politique de l’eau (est) actuellement payé à 86 % via la facture des consommateurs », rappelle-t-il. L’association demande que les agriculteurs paient pour la dépollution d’eau potable. Florence Denier-Pasquier, vice-présidente de France Nature Environnement (FNE), a salué, de son côté, la volonté de « mettre la sobriété au cœur de la politique », mais a relevé des « déceptions et des oublis complets » sur la répartition du financement de la politique de l’eau ou encore la cartographie des cours d’eau.
Alors peut-on manquer d’eau cet été ? Quels sont les départements en état d'alerte ou de crise ? Comment économiser l’eau potable qui devrait se faire plus rare dans les prochaines décennies ?
Invités :
• Frédéric Denhez - Journaliste spécialiste des questions d’environnement
• Bernard Barraqué - Directeur de recherches émérite au CNRS sur les ressources en eau
• Marillys Macé - Directrice générale du Centre d'information sur l'eau
• Françoise Vimeux - Climatologue
Présenté par : Caroline Roux