Otages : un hommage... et des questions
C dans l'air- 1 h 4 min
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Un hommage et des questions. C’est une tonalité contradictoire qui accompagne le retour en France des deux ex-otages français libérés dans la nuit de jeudi à vendredi au Burkina Faso, lors d’une opération militaire qui a coûté la vie à deux membres des forces spéciales. Accueillis par le chef de l’État samedi à leur arrivée à Villacoublay, près de Paris, Laurent Lassimouillas et Patrick Picque avaient été enlevés le 1er mai dernier alors qu’ils visitaient le parc animalier de Pendjari, dans le nord du Bénin, avec un guide béninois. Leurs ravisseurs les avaient ensuite emmenés au Burkina-Faso voisin, d’où ils devaient, semble-t-il, être remis à un groupe djihadiste au Mali. Juste avant leur transfert, les forces françaises sont intervenues pour les libérer. Mais pendant l’intervention, deux militaires ont été tués.
Tout le week-end, les hommages à Cédric de Pierrepont, 33 ans, et Alain Bertoncello, 28 ans, les deux nageurs de combat du commando d’élite Hubert, se sont multipliés. Parallèlement, les ex-otages se sont retrouvés sous le feu des critiques.
Samedi, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a assuré que les deux touristes n’avaient pas suivi les « conseils aux voyageurs » publiés sur le site du Quai d’Orsay : « La zone où étaient nos deux compatriotes était considérée depuis déjà pas mal de temps comme une zone rouge, c’est-à-dire une zone où il ne faut pas aller ». En réalité, le parc du Pendjari était jusqu’à la fin 2018 entièrement en zone jaune, soit « vigilance renforcée », et la totalité du parc, qui s’étend sur 4 800 km2 le long de la frontière, n’a été classée en rouge qu’après leur enlèvement.
Dimanche, sur BFM, Marine Le Pen a fustigé l'« inconscience » du couple, et a jugé que « le président de la République n’avait pas à les accueillir un peu comme des héros ». La veille, le maire de Toulon, Hubert Falco (LR), avait utilisé quasiment les mêmes termes dans un tweet : « Nos seuls compatriotes qui méritent aujourd’hui l’hommage de la Nation, ce sont nos deux héros, #CedricdePierrepont et #AlainBertoncello, nos deux soldats varois morts au combat, pour sauver la vie de touristes inconscients ! Eux, et eux seuls, méritent d’être honorés par la Nation ! »
Pourtant, du côté des forces armées, le ton est bien différent. Dans une interview au Journal de Dimanche, le vice-amiral Laurent Isnard, patron des forces spéciales, a assuré que « tant que des citoyens français seront menacés et que nous recevrons la décision d'aller les chercher, nous irons les chercher. C'est notre métier, c'est notre mission et nous continuerons à la faire. Il n'y a aucun doute là-dessus (...) nous sommes prêts à recommencer dès demain matin ». De son côté la ministre de la Défense a estimé ce lundi que « l'heure n'est pas aux polémiques sur l'attitude des otages libérés mais à l'hommage aux soldats tués dans l'opération », « audacieuse » et « très complexe » qui a été menée. Un hommage national aux deux militaires tués, présidé par Emmanuel Macron, sera rendu demain aux Invalides à Paris.
Alors où se trouvaient les touristes français au moment de leur enlèvement ? Qui sait-on des preneurs d'otages ? Que s’est-il passé pendant l’opération de sauvetage qui a coûté la vie à deux membres des forces spéciales ? Qu’est-ce que le commando Hubert ? Enfin faut-il un durcissement de la réglementation dans les zones à risque ?
En un peu plus de dix ans, dix-sept Français ont été kidnappés dans la région du Sahel : sept sont morts, neuf ont été libérés. Une Française est toujours en captivité, l’humanitaire Sophie Pétronin, otage depuis 2016.
Invités :
Pierre Servent - Expert en stratégie militaire et auteur de « 50 nuances de guerre »
Jean-Dominique Merchet - Journaliste à L’Opinion, spécialiste des questions de défense et diplomatie
Armelle Charrier - Chroniqueuse internationale à France 24
Jean-François Rial - Président de Voyageurs du monde
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé