Monsanto : l'amende à deux milliards !

C dans l'air

C’est de très loin la plus lourde amende infligée dans un procès du Roundup. Monsanto, détenu par Bayer, a été condamné lundi aux États-Unis à verser plus de deux milliards de dollars à un couple atteint d’un cancer attribué à son désherbant au glyphosate. La justice californienne a estimé que le Roundup était un produit défectueux et que Monsanto avait omis d'avertir des risques cancérogènes que présentait son herbicide. Il s’agit du troisième revers judiciaire aux États-Unis pour le groupe.   Ce procès s’était en effet ouvert fin mars, juste après la condamnation – pour les mêmes raisons – de Monsanto à verser 80 millions de dollars à un septuagénaire atteint d’un lymphome non-hodgkinien qu’il attribuait au Roundup. En août 2018 déjà, Monsanto avait également été condamné à verser 289 millions de dollars à un jardinier atteint lui aussi de ce même type de cancer, une somme réduite ensuite à 78 millions par une juge. À chaque fois Bayer fait appel et affirme que son produit est sans danger. Mais le groupe allemand, qui a officiellement absorbé Monsanto en juin 2018, fait grise mine. Depuis ce rachat, les condamnations en justice s'enchaînent et les procès se multiplient. Aux États-Unis, une dizaine sont prévus sur 2019-2020 et plus de 13 000 procédures sont en cours. Quand en France, la cour d’appel de Lyon a confirmé en avril 2019 la responsabilité de Monsanto dans l’intoxication dont souffre l’agriculteur Paul François, suite à l’utilisation de l’herbicide Lasso. Le tribunal de grande instance de Lyon doit désormais statuer sur la demande de dommages et intérêts de « plus d’un million d’euros ».   À cette avalanche de procédures judiciaires vient s'ajouter un autre scandale : des médias français ont révélé, le 9 mai dernier, qu’un cabinet de lobbying aurait réalisé pour le compte de Monsanto des fichiers répertoriant des personnalités françaises (journalistes, hommes politiques, syndicalistes, scientifiques…) favorables ou hostiles au géant de l’agrochimie au moment où celui-ci opérait pour le renouvellement du glyphosate au niveau européen, fin 2016. En 2017, après des mois de vifs débats, l’Union Européenne avait décidé de renouveler l’homologation du glyphosate pour cinq ans. Suite à ces révélations, Bayer a présenté ses « excuses » et plusieurs des personnalités répertoriées ont décidé de porter plainte.     Invités :   • Dominique Seux, directeur délégué de la rédaction des Échos. • Thomas Snégaroff, journaliste et historien spécialiste des États-Unis contemporains. • Aurore Gorius, journaliste pour les jours.fr et spécialiste des lobbys. • Arnaud Gossement, avocat, spécialiste en droit de l’environnement.