Privatisations : la menace du référendum
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Le projet de loi Pacte a été définitivement adopté par les députés ce jeudi, validant ainsi sa mesure la plus polémique : la privatisation du groupe ADP (Aéroports de Paris). Et les débats autour de ce projet auront été une nouvelle fois tendus. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire avait ouvert le bal en début de matinée en accusant les députés de l’opposition à l’origine de la procédure de référendum d’initiative partagée (RIP) de faire « le jeu des populismes ».
C’est la première fois que cette procédure de RIP est déclenchée depuis son instauration lors de la réforme constitutionnelle de 2008. 218 députés des différents partis d’opposition ont signé le RIP contre la privatisation d’ADP mais le parcours législatif avant que la mesure puisse être soumise au vote des Français est encore long et sinueux. Boris Vallaud, député socialiste à l’origine de la fronde, reste confiant : « Nous n'avons aucun doute d'avoir la validation du Conseil constitutionnel et l'opinion publique veut le maintien d'ADP dans le giron public » a déclaré l’élu dans l’émission les 4 Vérités.
Et les arguments utilisés contre cette privatisation sont nombreux : on reproche au gouvernement de vouloir céder un actif considérable, la participation de l’État dans ADP (50,1 %) étant valorisée à 9,7 milliards d’euros. Les détracteurs de la mesure font également référence à un cas récent de privatisation présentée comme une erreur stratégique : celle des autoroutes. Lors des débats sur la loi Pacte, les parlementaires n’ont pas hésité à parler de « fiasco » et de « désastre financier » pour parler de cette mesure décidée par le gouvernement Villepin en 2005. La privatisation des autoroutes avait alors rapporté 15 milliards d’euros à l’État qui avait vendu ses parts à trois groupes : Vinci, Eiffage et Abertis. Mais depuis 2006, les sociétés d’autoroutes ont versé à leurs actionnaires 27 milliards d’euros de dividendes. C’est cette manne financière dont l’État s’est privé qui crispe les détracteurs des privatisations.
Et le fait que Vinci lorgne maintenant sur les aéroports de Paris est tout autant source de crispation. Certains députés communistes et insoumis, dont François Ruffin, ont ainsi demandé au gouvernement s’il ne comptait pas faire « un cadeau à Vinci » avec cette privatisation. Robin Reda, député Les Républicains, est allé jusqu’à parler de « capitalisme de connivence ». Bruno Le Maire avait tenu à répondre à ces accusations en assurant que Vinci « ne bénéficierait d’aucun privilège » dans le processus de cession des parts.
Le gouvernement défend la privatisation en maintenant ses positions. D’une part, l’État n’était pas le meilleur actionnaire possible pour ADP. Selon le ministre de l’Économie, « l’État n’a pas vocation à diriger des entreprises concurrentielles à la place d’actionnaires qui ont les compétences pour le faire mieux que lui ». D’autre part, l’argent récupéré grâce à la cession des parts de l’État dans ADP sera utilisé pour alimenter « un fonds pour l’innovation de rupture ». Il permettra également d’œuvrer au désendettement de l’État.
L’opposition peut-elle encore faire plier le gouvernement sur la privatisation d’ADP ? Quelles leçons le gouvernement peut-il tirer de l’exemple de la privatisation des autoroutes ? La portée symbolique de cette mesure en fait-elle une erreur stratégique dans un contexte de sortie de crise politique ?
Invités :
- Christophe Barbier, éditorialiste à L’Express
- Philippe Dessertine, directeur de l’Institut de Haute Finance
- Sophie Fay, grand reporter à L’Obs
- Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l’institut de sondages IFOP
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé