Prisons : un attentat... et des failles
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La sécurisation de la prison de Condé-sur-Sarthe, sortie de terre en 2014 et « la forteresse » dans le milieu carcéral, n'a pas empêché Michaël Chiolo de passer à l'acte. Hier, ce détenu radicalisé de 27 ans a grièvement blessé deux surveillants à coups de couteau. Il purgeait une peine de 30 ans pour enlèvement, séquestration suivie de mort et vol avec arme. Il s'en était pris à un homme de 89 ans, rescapé du camp de concentration de Dachau.
Converti à l'islam en 2010, cet homme, radicalisé en prison, a également été condamné à un an d'emprisonnement pour apologie publique d'acte de terrorisme : le 14 novembre 2015, au lendemain des attentats de Paris, il avait demandé à ses codétenus de rejouer l'attaque terroriste du Bataclan dans la cour de la prison.
Hospitalisé après l'intervention du Raid, Michaël Chiolo est suivi par le renseignement pénitentiaire et est inscrit au fichier pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT). Sa compagne qui lui avait apporté l’arme n’était pas fichée pour des faits de radicalisation. Blessée dans l’assaut des forces d’élite de la police nationale, elle est morte des suites de ses blessures, mardi soir. Une enquête confiée à la section antiterroriste du parquet de Paris a été ouverte. « Le caractère terroriste » de cette attaque « ne fait aucun doute » a déclaré la ministre de la Justice. Nicole Belloubet a également précisé qu’une mission de l'inspection générale de la justice a été diligentée pour comprendre comment le couteau a été introduit dans la prison.
Mais aujourd’hui les surveillants pénitentiaires sont bouleversés et en colère car l’histoire se répète. Janvier 2018 la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), septembre 2016 Maison d'arrêt d'Osny (Val-d'Oise)… La liste des agressions par des individus radicalisés s’allongent, suscitant beaucoup d’amertume chez les surveillants et de débats sur la manière de gérer ce type de détenus.
On dénombre aujourd’hui 1074 détenus de droit commun repérés comme radicalisés et 502 personnes incarcérées pour acte de terrorisme. Si depuis février 2017, un bureau de renseignement pénitentiaire composé de 300 agents suit près de 3.000 détenus, ces moyens sont encore insuffisants aux yeux des gardiens, qui bloquaient ce matin l’entrée de la moitié des prisons du pays. Avec un surveillant pour 90 détenus, il est d’après eux impossible de suivre, détecter et prévenir ces comportements dangereux.
Et en plus de ça, il faudra bientôt gérer le retour de la cinquantaine de combattants ou sympathisants français de l’État islamique – dont une moitié de femmes – aujourd’hui toujours détenus en Irak ou en Syrie. La porte aux rapatriements de ces « revenants » a été ouverte par le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner. « D’abord, ce sont des Français avant d’être des djihadistes », a-t-il confirmé, en rappelant que leur incarcération sera quasi automatique dès leur entrée sur le territoire.
Est-ce qu’il y a eu une faille de sécurité au sein de la prison lors de l’attaque terroriste d’hier soir ? Comment lutter contre les processus de radicalisation en milieu carcéral ? Quel serait le sort des djihadistes français arrêtés en Syrie ou en Irak s'ils étaient rapatriés en France ?
Invités :
Alain Bauer - Professeur de criminologie
Sébastien Nicolas - Directeur des services pénitentiaires, secrétaire général du Syndicat national pénitentiaire FO Direction
Elise Vincent - Journaliste en charge des questions Police/Justice au Monde
Hugo Micheron - Chercheur à l’École normale supérieure, spécialiste du djihadisme
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé