Benalla : les sénateurs ciblent l'Élysée
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Le volet politico-judiciaire de l’affaire Benalla vient de s’alourdir considérablement. Après six mois de travaux et 34 auditions, les membres de la commission d'enquête du Sénat sont formels : ils demandent au Bureau du Palais du Luxembourg d'engager des poursuites en justice pour « faux témoignage » contre l'ex-collaborateur d'Emmanuel Macron ainsi que Vincent Crase, ancien employé de La République en Marche (LaREM). Les deux hommes, placés hier en détention provisoire pour violation de leur contrôle judiciaire, sont soupçonnés d’avoir menti sous serment sur l’utilisation de passeports diplomatiques, sur les motifs de la demande de permis de port d’arme et sur leur rôle dans le contrat passé avec un oligarque russe.
Les commissaires recommandent également que la justice soit saisie pour vérifier « un certain nombre d'omissions, d'incohérences et de contradictions » relevées lors des auditions des plus hauts collaborateurs du chef de l'État. Sont nommés le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler et le chef de cabinet Patrick Strzoda, mais aussi le chef du groupe de sécurité de la présidence, le général Lionel Lavergne.
Tout aussi explosif pour l’Élysée, la Commission d’enquête présidée par Philippe Bas (LR) indique avoir relevé des « dysfonctionnements majeurs » au plus haut sommet de l’État qui ont pu « affecter » la sécurité du président et « les intérêts » du pays. Dans son rapport, rendu public aujourd’hui, sont décortiquées sur cent vingt pages de nombreuses défaillances des plus hautes institutions du pays, depuis qu’Alexandre Benalla et Vincent Crase ont molesté deux manifestants place de la Contrescarpe, le 1er mai dernier. Et l’accumulation ne laisse aucun doute sur l’analyse des élus : pour eux, il s’agit d’une affaire d’État, ou plus précisément de l’histoire d’une faillite de l’appareil d’État.
Ainsi les élus pointent « des pouvoirs excessifs laissés à un collaborateur inexpérimenté » dans le domaine de la sécurité du président et « un sérieux manque de précaution dans la prévention des conflits d'intérêts de certains collaborateurs », en référence au contrat négocié avec un oligarque russe par Alexandre Benalla et Vincent Crase. Ils critiquent aussi « une confiance maintenue et une collaboration poursuivie après les graves dérapages commis le 1er mai dernier » place de la Contrescarpe à Paris, ainsi qu'« une remontée d'informations défaillante au sein de l'institution policière et de l'exécutif » sur ces faits. Toujours selon la Commission, il y a eu à cette occasion des « sanctions insuffisantes » et « des faits dissimulés à la justice du fait de l'absence de saisine du procureur de la République ».
Pour son président Philippe Bas, il est à noter que ¡ de nombreuses erreurs ou anomalies, défaillances, ont été constatées ». Or la sécurité du chef de l'État « n'est pas une affaire personnelle, elle regarde tous les Français et doit être au niveau des meilleurs standards internationaux ». Dans ce sens, la Commission formule treize préconisations, dont celle de « mettre fin à l'expérience des collaborateurs 'officieux' du président de la République ». Elle suggère aussi de « conditionner le recrutement des collaborateurs » du président à « une enquête administrative préalable » pour « s'assurer de la compatibilité de leur comportement » avec leurs missions futures.
Quelques heures après, le parquet de Paris a ouvert la semaine dernière une enquête pour « entrave à la manifestation de la vérité ».
Invités :
- Bruno Jeudy, rédacteur en chef du service politique de Paris Match
- Nicolas Chapuis, journaliste police-justice au Monde
- Ivanne Trippenbach, journaliste à l’Opinion
- Evelyne Sire-Marin, magistrate et membre de la Ligue des droits de l’Homme.
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé