La France face à l’antisémitisme
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Le chiffre est glaçant, comme le sont les actes récents perpétrés sur les arbres plantés en mémoire d'Ilan Halimi, sur une boîte aux lettres à l'effigie de Simone Veil ou sur la vitrine d’un restaurant parisien : les actes antisémites ont bondi de 74 % en France en 2018, selon le ministère de l'Intérieur.
Insultes, menaces, inscriptions, graffitis mais aussi agressions physiques ou homicides, 541 actes antisémites ont été recensés l’année dernière dans notre pays, un calcul qui se fonde sur les plaintes et les signalements. Une haine antijuive de plus en plus décomplexée qui semble s’accentuer ces dernières semaines, selon l’exécutif, et qui suscite une condamnation unanime de la part du gouvernement, de la classe politique, des organisations juives.
« L'antisémitisme se répand comme un poison, comme un fiel. Il attaque, il pourrit les esprits, il assassine », a déclaré lundi le ministre de l’Intérieur à Sainte-Geneviève-des-Bois où Ilan Halimi, un jeune homme de 23 ans, a été torturé à mort pendant vingt-quatre jours en 2006 parce qu’il était juif. « L’antisémitisme fait mal parce qu’en attaquant un culte, la mémoire de Simone Veil ou d’Ilan Halimi, c’est la République que l’on attaque » a-t-il souligné.
« Depuis janvier 2018 s’installe un climat anxiogène inquiétant. Au-delà de l’antisémitisme islamiste, nous assistons à la résurgence d’une extrême droite identitaire virulente qui n’hésite plus à passer à l’acte » a déploré Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah). «Il y a une tendance qui n'est pas que française» a-t-il poursuivi : « les actes antisémites ont bondi de 66 % en Italie l’année dernière, et d’environ 50 % aux États-Unis. Au premier semestre, ils étaient également en hausse de 42 % en Espagne, de 34 % aux Pays-Bas, de 49 % en Allemagne ».
Un antisémitisme aux multiples visages qui prospère notamment sur les réseaux sociaux avec de nombreux commentaires haineux et des milliers de vidéos qui reprennent la théorie du complot. Pour contrer ce phénomène de haine, le directeur de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), Mario Stasi, demande au gouvernement de passer à l’action : « Sur les réseaux sociaux, on est au paroxysme de ce que l’on craignait. Sous couvert d’anonymat on se prête à des propos qui sont des délits. Il faut sortir de l’anonymat et responsabiliser les hébergeurs. Il faut également faire qu’un délinquant raciste soit traité de la même façon qu’un délinquant ordinaire ». Pour Jean-François Bensahel, président de l’Union libérale israélite de France, il y a également un important travail à faire « d’éducation, d'enseignement de la mémoire de la Shoah ».
Selon un sondage Ifop publié en décembre dernier, 10 % des Français interrogés n’auraient pas « entendu parler » du génocide des juifs. Et ce pourcentage augmente en fonction de l’âge : ils seraient 21 % parmi les 18-24 ans, et 19 % pour les 25-34 ans.
Alors d'où vient l'antisémitisme auquel nous faisons face aujourd'hui ? Nos voisins européens font-ils le même constat ? Comment le combattre ?
Invités :
- Thomas Snegaroff, historien
- Claude Weill, éditorialiste à Nice Matin et Var Matin
- Soazig Quéméner, rédactrice en chef du service politique de Marianne
- Ivanne Trippenbach, journaliste à l’Opinion, spécialiste de l’extrême-droite
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé