Brexit : et s'ils restaient ?
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C'est la plus lourde défaite enregistrée par un gouvernement britannique à la Chambre des Communes depuis les années 1920. Bien au-delà des pires prévisions, les députés de Westminster ont rejeté par 432 voix contre 202 l’accord sur les modalités du Brexit que Theresa May a conclu avec les Européens en novembre dernier après d’âpres négociations. A deux mois et demi de la date prévue de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, la Première ministre britannique essuie un désaveu historique qui plonge un peu plus le pays dans la crise.
Car parmi les députés de tous bords qui ont infligé à Theresa May cette cuisante défaite, il n’y a d’entente que sur une chose : refuser cet accord. Certains d’entre eux veulent un nouveau référendum sur le Brexit, d’autres veulent modifier le texte ou exigent une rupture plus franche que celle que prévoit l’accord ; d’autres enfin, comme le leader travailliste Jeremy Corbyn souhaitent surtout de nouvelles élections.
Du coup aujourd’hui il n’y a pas de majorité pour le plan de Theresa May mais il n’y a pas non plus d’autres solutions qui se dégagent. « Il est clair que cette chambre ne soutient pas cet accord. Mais le vote de ce soir ne nous dit rien sur ce qu'elle soutient », a d’ailleurs souligné hier soir Theresa May qui doit affronter ce mercredi soir une motion de censure susceptible de faire tomber son gouvernement.
Deux ans et demi après le référendum où 51,9 % des Britanniques ont choisi le Brexit, le pays est dans l’impasse. Et l’inquiétude monte des deux côtés de la Manche alors que le Royaume-Uni est censé sortir de l’Union européenne dans soixante-douze jours. Pour le négociateur en chef de l’UE pour le Brexit Michel Barnier « jamais le risque d’un no deal n’a paru aussi élevé ». « On se prépare à une absence d'accord » a affirmé de son côté ce mercredi la ministre chargée des Affaires européennes Nathalie Loiseau. Le président du Medef a lui appelé les entreprises françaises à se préparer au « pire scénario ». Tandis que la principale organisation patronale britannique, la CBI, a jugé « ingérable » un Brexit sans accord et a réclamé un plan d’urgence pour protéger l’économie.
En fait, aujourd’hui l’incertitude est à son comble et tout semble possible. Alors pourquoi un tel rejet de l'accord par les députés britanniques? Quels sont désormais les scénarios possibles ?
Invités :
- Philippe Dessertine - Directeur de l’Institut de Haute Finance
- Philip Turle - Journaliste britannique à RFI
- Jean-Dominique Giuliani - Président de la Fondation Robert Schuman
- Florence Faucher - Professeure à Sciences Po, spécialiste de la Grande-Bretagne
- Denis MacShane - Ancien Ministre d'Etat en charge des Affaires européennes de Tony Blair (en duplex de Londres)
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé