Carlos Ghosn : les mystères d’une chute

C dans l'air

C'est un séisme dans le monde des constructeurs automobiles. Le patron emblématique de Renault-Nissan-Mitsubishi Carlos Ghosn est ce mardi en garde à vue dans un centre de détention de Tokyo. Interpellé hier à la sortie de son jet privé, il est soupçonné d’avoir dissimulé la moitié de ces revenus au fisc japonais, soit près de 40 millions d'euros depuis 2011.   L’arrestation a eu lieu à la suite d’une enquête interne menée chez Nissan qui mentionne également « de nombreuses autres malversations, telles que l'utilisation de biens de l'entreprise à des fins personnelles » a expliqué Hiroto Saikawa, le président exécutif du groupe automobile. Ce dernier a dénoncé le « côté obscur de l'ère Ghosn », et a estimé que les pouvoirs accrus du président de l'alliance automobile représentaient un « problème ».   Patron inamovible, qui faisait pour certains figure d’icône, Carlos Ghosn devrait être limogé rapidement par les deux constructeurs japonais. En France, Bruno Le Maire a demandé ce mardi la mise en place d'une direction intérimaire pour Renault. « Carlos Ghosn n’est plus en état de diriger le groupe » a affirmé ce matin le ministre de l’Economie alors que l’inquiétude grandit chez Renault dont l’Etat possède 15 %.   Si l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi est devenue en début d'année le premier constructeur automobile mondial, cette arrestation et ces soupçons soulèvent de nombreuses interrogations sur l’avenir du groupe : faut-il y voir le signe annonciateur d’un divorce entre Renault et Nissan ? Qu’adviendra-t-il du premier groupe automobile mondial et de Renault ? Enfin le salaire de Carlos Ghosn finira-t-il par causer sa perte ?   Le salaire de ce capitaine d’industrie suscite depuis longtemps la critique. Avec cette affaire, le débat sur l’encadrement des salaires des grands patrons est relancé. Selon une étude de l’ONG Oxfam publiée en mai dernier, les rémunérations du CAC40 ont augmenté de 46 % entre 2009 et 2016. Sur cette période, le salaire de Carlos Ghosn, à la tête de Renault depuis vingt ans, est passé de 1,2 à 7 millions d’euros.   Invités :   Dominique Seux - directeur délégué de la rédaction des Echos   Flavien Neuvy - économiste, directeur de l’Observatoire Cetelem   Christine Kerdellant - directrice de la rédaction de L’Usine nouvelle et L’Usine digitale   Claude Soula - chef du service Eco à L’Obs