Macron : l’appel à la paix… sans Trump
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Il ne s’agit pas seulement de commémoration car « cent ans après, la cicatrice de cette guerre est encore visible sur la face du monde » et « aujourd’hui ce rassemblement ne peut pas être seulement celui d’un jour ». Ce dimanche, devant 70 dirigeants du monde réunis au pied de l'Arc de Triomphe pour célébrer le centenaire de l'armistice de la Grande Guerre, Emmanuel Macron a lancé un appel « pour la paix ».
Après avoir, une semaine durant dans le nord et l’est de la France, comparé la période actuelle avec l’entre-deux-guerres, le président de la République a profité de cette tribune pour appeler ses pairs à refuser « la fascination pour le repli, la violence et la domination ». « Le nationalisme est une trahison du patriotisme » a-t-il lancé. « En disant nos intérêts d’abord et qu’importent les autres, on gomme ce qu’une nation a de plus précieux, ce qui la fait vivre, ce qui la porte à être grande, ce qui est le plus important : ses valeurs morales ».
« Les démons anciens resurgissent, prêts à accomplir leur œuvre de chaos et de mort. Des idéologies nouvelles manipulent des religions, prônent un obscurantisme contagieux. L’Histoire menace parfois de reprendre son cours tragique et de compromettre notre héritage de paix » a martelé le chef de l’Etat avant d’appeler à additionner « nos espoirs au lieu d’opposer nos peurs ! Ensemble, nous pouvons conjurer ces menaces que sont le spectre du réchauffement climatique, la pauvreté, la faim, la maladie, les inégalités, l’ignorance. Ensemble, nous pouvons rompre avec la nouvelle ‘trahison des clercs’ qui est à l’œuvre, celle qui alimente les contre-vérités, accepte les injustices qui minent nos peuples, nourrit les extrêmes et l’obscurantisme contemporain ».
Le multilatéralisme, ce mot forgé après la Première Guerre mondiale, a également été le thème dominant du reste de la journée. En grande partie pour pallier le désengagement américain des grandes institutions internationales, Emmanuel Macron a ainsi lancé hier après-midi à Paris la première édition du Forum pour la paix. Mais partout dans le monde, beaucoup d'acteurs doutent désormais de l'efficacité du modèle multilatéral. Et d’ailleurs un acteur majeur était absent de cette grand-messe qui se tenait hier à la Grande halle de La Villette : les Etats-Unis qui n’avaient pas envoyé la moindre délégation.
Alors pourquoi le multilatéralisme recule-t-il dans un monde multipolaire ? Emmanuel Macron peut-il relancer le modèle multilatéral ? Ou au contraire est-ce l’option Trump, et son retrait de l’ordre mondial, qui est en train de prendre l’ascendant ? Comment se redessinent les équilibres géopolitiques ? Quel rôle pour l’UE et l’Otan ? A quoi pourrait ressembler l’armée européenne voulue par Emmanuel Macron ? Cent ans après l’armistice de la Première Guerre mondiale, la paix est-elle menacée ?
Invités :
Yves Thréard - éditorialiste et directeur adjoint de la rédaction du Figaro.
Jean-Dominique Merchet - journaliste à « L’Opinion », spécialiste des questions de Défense et Diplomatie. Son dernier livre « Macron Bonaparte » est publié aux éditions Stock.
Thomas Snegaroff – historien, enseignant à Sciences Po Paris et chroniqueur sur France info. Il vient de publier un ouvrage sur la Première Guerre mondiale qui s’intitule « 14-18 comme si vous y étiez », publié aux éditions Larousse/France info.
Sylvie Kauffmann - éditorialiste en politique internationale au Monde.
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé