Affaire Khashoggi : l'Arabie Saoudite sous le feu des critiques
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« Khashoggi a été victime d’un assassinat barbare » . Devant le Parlement à Ankara et les médias, le président turc Erdogan a apporté de nouvelles précisions sur le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. S’appuyant sur « des éléments solides », il a dénoncé un assassinat « planifié » auquel 18 personnes auraient participé, dont trois agents saoudiens arrivés en Turquie la veille. Le dirigeant turc a détaillé leur parcours, dont une étrange excursion dans une forêt proche d’Istanbul, avant l’assassinat dans le consulat saoudien où tout le personnel aurait été congédié ce jour-là. Mais le déroulé de l’opération et le rôle exact de chaque protagoniste reste un mystère. Face à ses contradictions, Riyad est dans la tourmente et essaie de protéger son prince-héritier, Mohammed ben Salmane. Si la thèse saoudienne d’un accident au cours d’une rixe ne convainc pas, Erdogan a toutefois souligné que Riyad a fait « un pas important » en reconnaissant la mort de Khashoggi. Face à la polémique et aux doutes qui subsistent autour de ce meurtre, plusieurs dirigeants et chefs d’entreprises étrangers ont refusé de participer au « Davos du désert », une conférence économique qui se tient en ce moment en Arabie saoudite.
L’absence de ces hauts responsables internationaux est une mauvaise nouvelle pour Mohammed ben Salmane, qui cherche à diversifier l’économie saoudienne. Dans le cadre de son projet « Vision 2030 », le jeune prince essaie d’attirer les investissements étrangers pour ouvrir son pays aux nouvelles technologies et au tourisme notamment. Après les désistements en cascade de grands groupes, certains projets pourraient être menacés et affaiblir l’attractivité économique dans le pays. Mais l’Arabie saoudite, premier exportateur de pétrole au monde, ne serait pas la seule à subir les conséquences d’un « boycott » international. Les intérêts des puissances étrangères qui commercent avec elle sont également en jeu, y compris en Europe. C’est pourquoi certains chefs d’entreprise ont décidé de se rendre à la conférence malgré tout, comme le PDG de Total Patrick Pouyanné, qui a souligné l’importance de maintenir des relations, même « dans les temps difficiles ».
La chute de Mohammed ben Salmane sera-t-elle aussi fulgurante que son ascension ? Il y a quelques mois, le prince héritier, présenté comme un homme moderne et réformateur, incarnait un nouveau souffle pour l’Arabie saoudite. Mais depuis l’affaire Khashoggi, cette image ne cesse de s’effriter. Sous le vernis des réformes économiques et sociales se cachent des purges, de l’autoritarisme et une sévère répression. Derrière les effets d’annonces, certaines mesures prises par Mohammed ben Salmane peuvent sembler anecdotiques. Les femmes sont par exemple autorisées à conduire, mais elles restent tout de même sous la tutelle des hommes. Après quatre ans au pouvoir, le chômage chez les jeunes est toujours considérable. Guerre contre le Yémen, embargo contre le Qatar et maintenant l’affaire Khashoggi : le renouveau porté par Mohammed ben Salmane n’était-il qu’une illusion ?
Quelles conséquences peut avoir l’affaire Khashoggi sur l’économie saoudienne et ses partenariats commerciaux internationaux ? Les réformes de Mohammed ben Salmane en Arabie saoudite sont-elles seulement des effets d’annonce ?
Invités :
Alain Bauer – Criminologue, CNAM
Philippe Dessertine – Economiste, directeur de l’Institut de Haute Finance
Jean-Dominique Merchet – Journaliste à L’Opinion, spécialiste des questions de Défense et Diplomatie
Sylvie Matelly - Directrice adjointe de l’IRIS
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé