Michel Barnier : "La crise financière est devant nous"
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"Cela va être très dur" a prévenu hier soir le Premier ministre dans l’émission L'Evènement sur France 2. "Dans l’effort que nous allons faire pour réduire la dette, 60 milliards (d’euros), il y aura deux tiers de réduction des dépenses publiques" et un tiers de recettes fiscales a expliqué Michel Barnier. Mais "il n’y aura pas de choc fiscal" a-t-il affirmé. Seules "les 300 entreprises" qui font plus "d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires" et "les 65 000 foyers" fiscaux les plus riches paieront plus temporairement.
C’est, en revanche, sur les économies, 40 milliards d'euros, que "ça va être très dur". Avec des services publics en première ligne : "On va fusionner des services publics. On va sans doute ne pas remplacer tous les fonctionnaires quand ils ne sont pas en contact direct avec les citoyens, tous les fonctionnaires qui partent en retraite", a-t-il affirmé.
Une pilule amère pour les syndicats qui l’avaient rencontré dans l’après-midi. "C'est de la pure démagogie de penser que seuls les fonctionnaires qui seraient en contact direct avec les usagers seraient utiles" a dénoncé le secrétaire général de la FSU ajoutant : "L'argument qui consiste à dire que la France serait suradministrée est démagogique, il est faux". "Je pense que les prochaines semaines vont être tendues", a assuré, de son côté, Mylène Jacquot de la CFDT fonction publique.
Parmi les autres pistes évoquées ces derniers jours par Matignon et Bercy figurent le report de six mois de l’indexation des pensions des retraites sur l’inflation, qui n’interviendrait pas le 1er janvier mais le 1er juillet l’an prochain. Le gouvernement compte également limiter à 2,8 % la progression de l’Ondam (objectif national des dépenses d’assurance maladie), après une hausse de 3,2 % en 2024. L’exécutif prévoit aussi 6 milliards d'euros de coupes budgétaires sur les collectivités locales qui sont épinglées dans leur dernier rapport par la Cour des comptes. Dans ce document, les magistrats proposent notamment de supprimer progressivement 100 000 emplois dans les collectivités locales, sur les deux millions d'agents publics qui y travaillent, pour économiser 4,1 milliards d'euros par an.
Pour l’heure, le Premier ministre n’a pas précisé comment celles-ci allaient participer à la réduction du déficit public mais il avait affirmé dans son discours de politique générale vouloir un "nouveau contrat de responsabilité" avec elles. Il avait également indiqué vouloir encourager "les expérimentations telles que les Territoires zéro chômeur de longue durée qui donnent des résultats".
Enfin sur l’immigration, "c’est moi qui fixe la ligne" a déclaré hier soir Michel Barnier après les propos de son ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. "Il y aura des mesures rigoureuses pour (la) maîtriser" a-t-il ajouté se défendant de négocier avec Marine Le Pen. La leader du parti d’extrême droite avait salué ces derniers jours l’"envolées lyriques sur le rétablissement de l’ordre" du nouveau locataire de la place Beauvau et des propositions qui "ne sont pas sans me rappeler un certain programme présidentiel". A la suite du discours de politique générale, la cheffe des députés RN - qui est jugée depuis le 30 septembre et pour deux mois dans l’affaire dite des assistants parlementaires européens du FN - avait confirmé qu’elle n’entendait pas censurer a priori le Premier ministre, tout en conditionnant ce soutien à trois exigences.
Alors 40 milliards d’économies, 20 milliards de recettes fiscales, que prévoit le gouvernement Barnier ? Quelles conséquences sur les services publics ? Qu’est-ce que les territoires zéro chômeur de longue durée ? Enfin quels sont les enjeux du procès des assistants parlementaires européens du Front national (devenu le RN) ? Que reproche la justice au parti et à Marine Le Pen ?
Les experts :
- NICOLAS BOUZOU - Économiste – Directeur fondateur du cabinet de conseil Asterès
- CÉCILE CORNUDET - Éditorialiste politique - Les Echos
- JEFF WITTENBERG - Journaliste politique - France Télévisions
- ANNE DE GUIGNÉ- Grand reporter Le Figaro Economie
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé
Maison de production : France Télévisions / Maximal Productions