Budget : après les retraités, qui va payer ?
C dans l'air- Décryptage & investigation
- 1 h 5 min
- Français
- indisponible
- tous publics
Du même programme
- C dans l'air C dans l'air Edition spéciale Etats-Unis diffusé le 13/10 | 2 h 20 min
- C dans l'air plus que 2h C dans l'air Trump : l'outrance, la surenchère... et la victoire ? diffusé le 22/10 | 1 h 3 min
- C dans l'air plus que 2j C dans l'air Communes : le retour de la taxe d'habitation ? diffusé le 23/10 | 1 h 5 min
- C dans l'air plus que 3j C dans l'air Le député achetait de la drogue dans le métro... diffusé le 24/10 | 1 h 4 min
40 milliards d’économies, 20 milliards de recettes supplémentaires soit 60 milliards d’euros à trouver l’année prochaine pour réduire le déficit à 5 % du PIB. Jamais la France n’a prévu un tel effort sur un seul budget. Comment le gouvernement Barnier compte-t-il y parvenir ? Pour l’instant peu de détails sur les économies envisagées si ce n’est que les retraités vont devoir attendre 6 mois pour voir leurs pensions revaloriser en fonction de l'inflation. Juillet plutôt que janvier 2025 ce qui permettra de récupérer 3 milliards d’euros.
Côté recettes, Matignon et Bercy ont confirmé des impôts temporaires sur les grandes entreprises profitables et sur les personnes les plus fortunées. Si les modalités des prélèvements sur les sociétés ne sont toujours pas précisées, ils représenteraient 8 milliards d’euros. Sur les ménages les plus fortunés, le gouvernement réfléchirait à une manière de corriger ce qui a été expliqué par l’Institut des politiques publiques l’an dernier, à savoir que, proportionnellement, les gigariches paient moins d’impôts que les autres contribuables. Sans dévoiler la piste retenue, le nouveau ministre de l’Économie, Laurent Saint-Martin, a précisé ce jeudi matin qui serait concerné : les 0,3 % les plus aisés, à savoir un "ménage sans enfant qui touche des revenus d’à peu près 500 000 euros par an" a-t-il expliqué. Son cabinet a ensuite indiqué qu’il s’agit de 65 000 ménages. Parmi les recettes supplémentaires, figurent également des mesures de fiscalité verte à hauteur de 1,5 milliard d’euros, assurent Bercy et Matignon, concernant notamment les voitures polluantes et le transport aérien.
Mais ces pistes font déjà vivement réagir à l’Assemblée nationale au sein de la coalition gouvernementale. L'ancien ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a jugé ce jeudi "inacceptable" le projet de budget esquissé critiquant les augmentations d'impôts qui ne sont pas accompagnées, selon lui, de propositions de réformes structurelles. "Il faut expliquer ce qu'on va faire du pays", a affirmé celui qui a également été ministre des Comptes publics entre 2017 et 2020. "Je ne voterai pas une augmentation d'impôts", a-t-il menacé sur franceinfo. Au sein de la commission des finances du Sénat, des élus se disent également "interrogatifs" voire inquiets, en l’absence d’éléments plus précis.
"Certains ont des lignes rouges, parfois très rouges d'ailleurs" avait ironisé lors de son discours de politique générale Michel Barnier. Le Premier ministre fustigeait ainsi la liste à la Prévert déroulée par les oppositions sur les sujets qui fâchent - et qui pourraient conduire à de vifs débats lors de l’examen du budget 2025 voire une censure du gouvernement.
Alors que prépare le gouvernement Barnier pour boucler le budget 2025 ? Pourquoi la France emprunte-t-elle désormais à un taux plus élevé que le Portugal et l'Espagne ? Comment la péninsule espagnole est-elle redevenue une des locomotives de la zone euro ? Alors qu’en France l’INSEE prévoit une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 1,1 %, la Banque d'Espagne anticipe une croissance de 2,8 % d'ici la fin de l'année, soit un niveau bien supérieur à la moyenne de la zone monétaire (0,8 %, selon la BCE). Une croissance poussée par la consommation dans un pays qui a fait le choix d’augmenter le salaire minimum de 54 % en six ans. En parallèle, les pays d'Europe du Sud ont pris des mesures pour assainir les comptes publics. En 2010, le Portugal affichait un déficit budgétaire à 10 % de son PIB, depuis il a remonté la pente en opérant des coupes budgétaires drastiques avec des conséquences profondes sur le tissu économique et social du pays.
En France pour faire face aux dérapages budgétaires, l'État vend depuis plusieurs années ses biens immobiliers. En 2023, 645 biens publics ont été vendus "pour une valeur de 280 millions d'euros".
Les experts :
- DOMINIQUE SEUX - Editorialiste - Les Echos et France Inter
- NATHALIE SAINT-CRICQ - Éditorialiste politique - France Télévisions, auteure de L’Ombre d’un traître
- CÉLINE ANTONIN - Économiste - OFCE, professeure à Sciences Po
- LISA THOMAS-DARBOIS - Directrice des études France à l’Institut Montaigne
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé
Maison de production : France Télévisions / Maximal Productions