Gauche : "ça sera l'extrême droite ou nous"
C dans l'air- Décryptage & investigation
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C dans l'air du 14 juin - Gauche : " ce sera l'extrême droite ou nous"
Après quatre jours de discussions, les partis de gauche sont parvenus à un accord pour former un "Nouveau Front populaire" avec un programme commun de "rupture" pour les élections législatives. En cas de victoire le 7 juillet prochain, le gouvernement de gauche entend décréter l’état d’urgence sociale et mettre en œuvre rapidement l’indexation des salaires et des pensions de retraite sur l’inflation, la hausse du smic à 1600 euros net, le blocage des prix des biens de première nécessité (alimentation, énergie, carburants) et le rétablissement d’un impôt sur la fortune. Le nouveau Front populaire promet aussi un prix plancher pour les agriculteurs, une réforme de la PAC, une relance de la construction du logement social, la création de places en hébergement d'urgence, un moratoire sur les mégabassines et les autoroutes ainsi que l’abrogation des réformes de l’assurance chômage, des retraites et de la loi immigration.
Sur le dossier sensible du conflit au Proche-Orient, l'alliance de gauche dénonce dans son programme "les massacres terroristes du Hamas", qui ont été commis le 7 octobre dernier en Israël. L'alliance propose de "rompre avec le soutien coupable du gouvernement français au gouvernement suprémaciste d'extrême droite de Netanyahu pour imposer un cessez-le-feu immédiat" et "agir pour la libération des otages détenus depuis les massacres terroristes du Hamas". Le nouveau Front populaire reconnaît également une "explosion inquiétante, sans précédent" des "actes racistes, antisémites et islamophobes" en France, une réponse assez nette à la formule contestée de Jean-Luc Mélenchon, qui avait considéré début juin que l'antisémitisme "restait résiduel en France". Enfin il assure "défendre indéfectiblement la souveraineté et la liberté du peuple ukrainien", à travers notamment "la livraison d'armes nécessaires, et l'annulation de sa dette extérieure".
L’ancien président de la République socialiste François Hollande lui a apporté un soutien immédiat hier soir et a fustigé la décision d’Emmanuel Macron qui "intervient au pire moment et dans les pires circonstances". Raphaël Glucksmann, arrivé en tête des listes de gauche aux élections européennes, s’est lui aussi clairement prononcé en faveur du nouveau Front populaire ce matin sur France Inter. "La seule chose qui importe pour moi c’est que le RN ne gagne pas et ne gouverne pas. La seule manière de le faire c’est qu’il y ait une union de la gauche, c’est notre responsabilité historique. C’est ça qui m’a guidé ces derniers jours", a-t-il assuré après avoir dénoncé dans le "chaos" créé par Emmanuel Macron.
Reste à savoir qui sera l’incarnation de ce nouveau Front populaire et prendra les commandes de Matignon en cas de victoire. Raphaël Glucksmann a assuré qu’il n’est pas candidat et qu’"à la fin ça ne sera pas Jean-Luc Mélenchon. Il faut quelqu’un qui fasse consensus". "Il y a d’autres figures infiniment plus consensuelles", a-t-il souligné, citant le député insoumis François Ruffin, les socialistes Boris Vallaud et Valérie Rabault, ainsi que l’ex-leader de la CFDT Laurent Berger.
Du côté de l’extrême droite, on attend toujours les détails du programme du Rassemblement national. Jordan Bardella s’est contenté de présenter les grandes lignes dans une allocution sur X hier soir et ce matin sur BFM TV. Signe que tout n’est pas encore au point, les revirements ces derniers jours du président du RN sur la réforme des retraites ou encore ceux de son vice-président Sébastien Chenu qui a annoncé hier soir la suppression de la double nationalité et a présenté ses excuses un peu plus tard. La mesure ayant été abandonnées il y a deux ans par Marine Le Pen.
Jordan Bardella a en revanche confirmé l'accord qu'il a qualifié d'"historique" avec Eric Ciotti, qui conteste devant la justice son éviction de la présidence des Républicains pour cause d’alliance avec le RN et annonce 80 candidatures sous la double étiquette aux législatives. La réponse du tribunal judiciaire de Paris est attendue vers 19 heures.
Pendant ce temps-là, Emmanuel Macron est en Italie pour participer à un sommet du G7 tandis que dans la macronie, nombre d’élus sont encore sidérés par sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale. Si tous savaient, dans un contexte de majorité relative, leurs fonctions précaires, apprendre la clôture de leur mandat à la télévision a été vécue comme une trahison. Quelques-uns ont tout simplement décidé de ne pas se représenter et parmi ceux qui s’élancent dans la campagne, beaucoup ont fait le choix d'être seuls sur le tract ou aux côtés de Gabriel Attal, le Premier ministre. Très clairement, certains préfèrent jouer la carte du bilan local plutôt que d'incarner la macronie.
Selon un sondage Elabe pour La Tribune Dimanche et BFMTV, publié jeudi, le RN recueillerait 31 % des voix devant l’alliance de gauche (28 %) et le camp macroniste (18 %). Par ailleurs, pour sept Français sur 10, l'implication du chef de l'Etat est perçue plutôt comme un handicap pour son camp.
LES EXPERTS :
- Louis Hausalter - Journaliste politique – Le Figaro
- Cécile Cornudet - Editorialiste politique – Les Echos
- Anne-Charlène Bezzina - Politologue et constitutionaliste, maître de conférences en droit public
- Frédéric Dabi - Directeur général Opinion - Institut de sondages IFOP
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé
Maison de production : France Télévisions / Maximal Productions