Marchés publics : l'Etat toujours perdant ?
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C’est la fin du voyage pour les petites voitures grises d’Autolib. Hier soir à minuit, le service d’autopartage parisien s’est officiellement arrêté, après sept ans de fonctionnement. Une fin prématurée après un bras de fer entre le Syndicat mixte Vélib' Autolib' Métropole (SVAM) et le groupe Bolloré, sur fond de déficit. L’industriel réclamait en effet 233 millions d’euros aux 103 communes desservies par Autolib, pour compenser les pertes de ce service. Une requête que les élus ont refusée, préférant résilier le contrat qui devait initialement durer jusqu’en 2023. Mais l’addition s’avère encore plus salée après cette rupture anticipée : le groupe Bolloré exige à présent plus de 250 millions d’euros en guise de dédommagement et de remboursement des pertes accumulées. Face à une telle facture, le syndicat mixte s’apprête à « négocier très fermement pour sortir par le haut de cette situation ». En attendant, le sort des 260 salariés d’Autolib et des quelque mille stations de chargement réparties en Île-de-France reste en suspens.
A Marseille, le combat pour la rénovation et la construction des écoles continue. Mais la municipalité s’est attiré les foudres des citoyens en choisissant de faire appel aux partenariats public privé (PPP) pour construire et entretenir une trentaine d’écoles. En contrepartie, la ville devra payer un loyer pendant 25 ans. Pour les équipes éducatives et les parents d’élèves, le PPP représente une perte d’indépendance et de contrôle sur les écoles marseillaises. Ils dénoncent notamment « le désengagement de la mairie de Marseille pour ses écoles » et craignent que la gestion des établissements ne se complique avec l’arrivée d’un acteur privé.
Des autoroutes aux parkings, en passant par les stades et les aéroports : Vinci est sur tous les fronts. La multinationale, mastodonte du BTP français, a vu son chiffre d’affaires progresser de 6,7% à la fin du premier semestre 2018. Et le carnet de commandes ne désemplit pas. L’entreprise, qui se définit comme « un accélérateur de projets », n’a pas perdu de son dynamisme sur le marché des PPP. Mais ce type de contrat peut s’avérer risqué pour les collectivités. A Bordeaux par exemple, l’avenir du stade Matmut soulève des inquiétudes, après la vente de son club de football.
Après l’arrêt anticipé d’Autolib, quelle est l’addition pour les communes d’Île-de-France ? Les partenariats public privé sont-ils un piège pour les collectivités ? Quels enjeux politiques soulèvent les PPP ?
Invités :
Philippe DESSERTINE - Economiste, Directeur de l’Institut des Hautes Finances
Patrick MARTIN-GENIER - Professeur de droit public, spécialiste des collectivités territoriales et des affaires publiques
Guillaume DUVAL - Editorialiste à Alternatives économiques
Isabelle REY-LEFEBVRE - Journaliste au Monde
Présenté par : Axel de Tarlé