Affaire Benalla : l'Elysée s'explique

C dans l'air

Nouveau coup de théâtre dans une affaire qui ne manque pas de rebondissements : Alain Gibelin, le directeur de l'ordre public à la préfecture de police de Paris, est revenu sur ses déclarations ce matin. Hier soir, devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale, il avait affirmé qu’Alexandre Benalla avait participé à des réunions avec la préfecture de police entre le 4 et le 19 mai. Période durant laquelle il était censé être suspendu de ses fonctions. La nouvelle version d’Alain Gibelin donne raison à l’Elysée, qui avait démenti ses dires : il se serait en fait trompé dans les dates. Après le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb et le préfet de police Michel Delpuech, c’est aujourd’hui au tour de Patrick Strzoda de répondre à la Commission d’enquête de l’Assemblée nationale. Le directeur de cabinet de l'Elysée devra expliquer le mécanisme de décisions qui a entraîné la participation d’Alexandre Benalla à la manifestation du 1er mai, auprès des forces de l’ordre. Edouard Philippe et son gouvernement doivent également répondre aux questions des parlementaires à l’Assemblée et au Sénat cet après-midi, après plusieurs jours de blocages dans l’hémicycle.     Alors que les auditions s’enchaînent, la Commission doit encore établir les responsabilités dans l’affaire Benalla. Le rôle de Patrick Strzoda est notamment au cœur des interrogations. Supérieur hiérarchique d’Alexandre Benalla, le directeur de cabinet du Président devra rendre compte de ses décisions, à trois mois de la retraite. Mais d’autres personnalités du gouvernement sont dans le viseur : le secrétaire général de l’Elysée Alexis Kohler sera notamment auditionné jeudi. Alors que tous semblent se renvoyer la balle, quelle est l’organisation hiérarchique de l’Elysée ? Quel est le rôle de chacun dans la prise de décisions ?     Après quasiment une semaine d’enquête, la pression pèse toujours sur les épaules du gouvernement. Les Républicains entendent déposer une motion de censure face au manque d’explications de l’exécutif. Du côté des forces de l’ordre, la colère monte toujours : un syndicat de policiers appelle à la démission de Gérard Collomb. Les deux jeunes gens agressés par Alexandre Benalla se sont quant à eux portés parties civiles, afin d’être reconnus comme « victimes de violences policières ». S’ils ne faisaient pas partie des manifestants, ils ont admis avoir jeté des projectiles sur des CRS. Alexandre Benalla serait alors intervenu pour « prêter main forte » aux policiers, selon ses avocats.     Les prochaines auditions permettront-elles de nommer les responsables de l’affaire Benalla ? Attaqué de toutes parts, le gouvernement peut-il sortir de cette crise ? Va-t-il donner des réponses claires ?       Invités :   Roland CAYROL - Politologue - Directeur du Centre d’études et d’analyses (Cetan)   Bruno JEUDY - Rédacteur en chef du service politique de Paris Match   Tristan QUINAULT-MAUPOIL - Journaliste politique au Figaro   Mathieu DELAHOUSSE - Grand reporter spécialiste des affaires judiciaires à L’Obs