Salon de l'agriculture : les leçons d'un chaos
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C'est l'image du week-end. Des agriculteurs chargés par les CRS au milieu des vaches du Salon de l'agriculture. Le passage d'Emmanuel Macron samedi a déclenché leur colère. Face à la cohue, le Président a dû se limiter à un coin du salon et n’a pu débattre qu’avec quelques agriculteurs à qui il a assuré avancer "à fond la caisse" sur la simplification, notamment sur les normes, la grande demande de ces derniers mois. Profitant de cette visite chaotique, le président du Rassemblement national Jordan Bardella n'a pas hésité le lendemain à souffler sur les braises de la colère, à moins de quatre mois des élections européennes. Il estime le chef de l'État atteint d'"une dérive schizophrénique assez inquiétante et dangereuse au regard de sa fonction". Quelques heures plus tôt, Emmanuel Macron a désigné le parti d'extrême droite comme responsable des échauffourées. Le Premier ministre Gabriel Attal a même été envoyé en catastrophe dimanche soir pour reconquérir le terrain et rencontrer des responsables de filières auprès de qui il a défendu le marché unique européen et la Politique agricole commune (PAC).
C'est dans cet échange d'attaques ciblées qu'Emmanuel Macron a remis sur la table une proposition émise de longue date par la gauche : celle des prix planchers. Une mesure obligeant les grands groupes agro-alimentaires à prendre en compte les coûts de production inhérents à chaque filière pour leur permettre de ne pas vendre à perte. Les prix planchers "permettront de protéger le revenu agricole et de ne pas céder à toutes les pratiques les plus prédatrices qui aujourd'hui sacrifient nos agriculteurs et leurs revenus", a justifié Emmanuel Macron, samedi au Salon de l'agriculture. Cette mesure devrait s'inscrire dans le futur projet de loi sur le revenu des agriculteurs que le Premier ministre Gabriel Attal s'est engagé à présenter d'ici l'été. Elle n'est pourtant pas nouvelle. En novembre dernier, une proposition de loi déposée par les députés LFI avait été rejetée de justesse, en raison notamment de l'opposition de la majorité présidentielle. "Depuis six ans, nous le réclamons à l’Assemblée nationale (…) C’est le grand choix aujourd’hui", s'est empressé de tweeter sur X, François Ruffin, le député LFI de la Somme. De son côté, la droite dénonce une "très mauvaise idée : il s’agira d’un revenu minimum universel agricole, idée socialiste, et le prix plancher deviendra un prix de marché dans Egalim. Dans la diversité des régions et des exploitations, les écarts vont s’agrandir", a commenté sur le même réseau social Bruno Retailleau, le président du groupe Les Républicains au Sénat. Du côté des syndicats, la question est loin de faire l’unanimité. La FNSEA craint que le prix minimum devienne “un prix plafond pour le revenu des agriculteurs”.
Un parti n'a pour l'instant pas réussi à se faire une place dans ce débat. Les Verts, et leur tête de liste pour les européennes, Marie Toussaint, peinent à se faire entendre entre le camp présidentiel et le Rassemblement national. Interrogée sur l'arrivée compliquée d'Emmanuel Macron au Salon de l'agriculture, l'écologiste a estimé qu'il "n'a eu de cesse de marcher sur les parties prenantes, sur le dialogue social, sur les conventions citoyennes qu'il a lui-même mises en place". Marie Toussaint, militante de longue date, députée européenne depuis 2019, encore peu connue du grand. Dans les derniers sondages, les Verts restent au coude à coude avec le Parti socialiste et La France Insoumise entre 7 et 10% des intentions de vote. Le parti espère atteindre le score de 13,5% de Yannick Jadot aux élections européennes de 2019. Mais encore faudra-t-il réussir à apaiser les doutes qui, déjà, s'élèvent en interne.
Le gouvernement va-t-il réussir à amadouer les agriculteurs ? Pourquoi Emmanuel Macron a-t-il cédé sur l'idée des prix planchers ? À 4 mois du scrutin, la campagne des européennes est-elle lancée entre la majorité présidentielle et le Rassemblement national ?
Nos invités :
Louis Hausalter, Journaliste politique - "Le Figaro"
Audrey Goutard, Grand reporter - France Télévisions, spécialiste des faits de société
Éric Fottorino, Écrivain - Cofondateur de "Zadig" et "Le 1 Hebdo"
Brice Teinturier, Directeur général délégué - Institut de sondages Ipsos
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé
Maison de production : France Télévisions / Maximal Productions