Terrorisme : Macron promet un "état impitoyable"
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C'est un triste hasard de calendrier. Ce samedi, au lendemain du meurtre du professeur Dominique Bernard par un de ses anciens élèves dans un lycée d'Arras, d'autres enseignants organisaient la remise des prix Samuel Paty à la Sorbonne, en hommage au professeur assassiné il y a 3 ans par un assaillant islamiste, à Conflans-Sainte-Honorine. Ce nouvel attentat a ranimé le débat sur la sécurité des écoles, alors que Gérald Darmanin a relevé le niveau d'alerte du plan vigipirate à "urgence attentat", renforçant mécaniquement la surveillance et le contrôle aux abords des établissements scolaires.
Placer des policiers en faction devant chacun des 59.000 établissements relève néanmoins de l'impossible, comme l'a admis le ministre de l'Intérieur. Pour les syndicats d'enseignants, le risque zéro n'existe pas. "Ce n'est pas en transformant nos écoles ou bâtiments publics en bunkers qu'on va régler le problème", a déclaré Gaëlle Paty, la sœur de Samuel Paty. Invité au JT de TF1 hier, le ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal a annoncé que l’école devait "aller plus loin" en termes de sécurité. Gaëlle Paty, reste réaliste : "Tant que le terreau qui permet à des jeunes de construire ce genre de projet existe, il y aura des terroristes qui pourront passer à l'acte."
Au-delà de la sécurité des bâtiments, c'est le statut même du meurtrier de Dominique Bernard qui pose question. Mohammed Mogouchkov, 20 ans, était fiché S et même inscrit au Fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation depuis début octobre. Mais arrivé avant ses 13 ans en France, il bénéficiait de fait d'une protection quasi absolue contre l’éloignement. Dès 2014, la famille, en situation irrégulière depuis son arrivée de la République d'Ingouchie dans le Caucase, avait fait l'objet d'une obligation de quitter le territoire (OQTF). Mais cette mesure administrative avait finalement été suspendue à la dernière minute, à la suite d'une intense mobilisation d'associations. "Mon cabinet a examiné le dossier et a considéré que cette expulsion ne respectait pas la circulaire dite Valls", s'est justifié Manuel Valls, à l'époque ministre de l'Intérieur.
Pour Gérald Darmanin, qui peine à faire passer son projet de loi sur l'immigration, faute de majorité, cette nouvelle attaque pourrait rebattre les cartes. "Il y a 4 000 étrangers délinquants que je ne peux pas expulser du territoire national parce que la loi m'en empêche", a regretté le ministre de l'Intérieur. "C’est bien pour cela que le projet de loi immigration […] lève cette protection et permettra d’expulser des étrangers délinquants ou suspectés de radicalisation", a plaidé la Première ministre Élisabeth Borne. Jusqu'à maintenant, les députés Les Républicains refusaient de voter le texte, qui sera examiné dans trois semaines au Sénat, à cause des mesures de régularisation concernant les sans-papiers dans les secteurs en tension. Le meurtre de Dominique Bernard pourrait bien changer la donne.
Alors que les premières auditions de Mohammed Mogouchkov par la sous-direction anti-terroriste de la police judiciaire n'ont pour l'instant rien donné, l'assaillant refusant de s'expliquer sur son geste, une question reste entière : cette attaque a-t-elle été influencée par le retour de la guerre entre Israël et le Hamas ? Une semaine après la sanglante offensive du Hamas en Israël qui a fait plus de 1300 morts, l'état sioniste mène une contre-offensive toute aussi brutale qui a déjà fait plus de 2300 morts à Gaza.
Le gouvernement d'urgence de Benyamin Netanyahou a appelé la population du nord de Gaza à évacuer au sud du territoire pour mener une contre-offensive terrestre contre les chefs du Hamas qui enjoignent les habitants à ne pas quitter leur maison. "Le Hamas ne veut pas que les gens quittent la ville pour pouvoir créer un bouclier humain", a déclaré le porte-parole de l'armée israélienne, Olivier Rafowicz. De son côté, la communauté internationale s'est élevée contre cette évacuation forcée, et multiplie les appels pour la mise en place de couloirs humanitaires. "Une catastrophe humanitaire inédite" se déroule à Gaza, prévient l'ONU, rappelant que "pas une goutte d’eau, pas un grain de blé, pas un litre de carburant n’a été autorisé à entrer à Gaza ces huit derniers jours". Dans un communiqué, l'ONU a estimé "qu'il est impossible qu'un tel mouvement s'opère sans des conséquences humanitaires dévastatrices". Même les États-Unis, alliés historiques d'Israël, s'inquiètent de l'ampleur de l'opération militaire, qui pourrait démarrer dans les prochains jours. Le président Joe Biden a estimé que l'occupation de Gaza par l'armée israélienne serait "une grave erreur".
Comment mieux sécuriser nos écoles ? Faut-il changer la loi pour expulser plus facilement les étrangers fichés S ? Comment l'attentat d'Arras peut-t-il rebattre les cartes sur le projet de loi immigration ? Que peut faire la communauté internationale pour limiter les pertes civiles dans la bande de Gaza ?
Nos invités :
- Frédéric Dabi, directeur Général Opinion Groupe Ifop
- Audrey Goutard, journaliste - France 2
- Yaël Goosz, éditorialiste et chef du service politique - France Inter
- Étienne Girard, rédacteur en chef société - L'Express
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé
Maison de production : France Télévisions / Maximal Productions