Essence : le coup de pompe de Borne !
C dans l'air- 1 h 4 min
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C’est un refus très clair de la proposition gouvernementale. Tout comme les dirigeants de Carrefour, Leclerc et Intermarché, le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné refuse de vendre à perte ses carburants et "ne descendra pas plus bas" que le prix actuel de 1,99 euro par litre fixé actuellement dans les stations-service de son groupe en France. "Vous vendez souvent à perte, vous, des produits ?", a-t-il demandé au journaliste qui l’interrogeait. "Un peu de bon sens, voilà, merci", a-t-il conclu mardi, mettant à terre la dernière idée de l’exécutif pour lutter contre l’inflation.
Samedi, la Première ministre Élisabeth Borne avait levé un vieux tabou en annonçant que les carburants pourraient être vendus à perte. Cette mesure, interdite depuis 1963 en France, doit faire l’objet d’un projet de loi, pour une entrée en vigueur prévue début décembre pour une durée de six mois. Mais la plupart des acteurs de la grande distribution ont déjà fait part de leur opposition unanime. Confronté à une impasse, que va faire l’exécutif ?
Le gouvernement entend maintenir le projet d'autoriser les distributeurs de carburant à vendre à perte. "Ce que l'on veut c'est permettre à ceux qui peuvent le faire de le faire, opérations coup de poing, plafonnement, et pour ceux qui veulent, vente à perte" a expliqué mercredi le ministre des Comptes publics Thomas Cazenave. Un fonds, d'un montant encore à l'étude, serait par ailleurs déboursé par l'État pour venir en aide aux petits distributeurs qui seraient très affectés par une concurrence qui vendrait à perte. Interrogé sur une reconduction en 2024 de la taxe sur les superprofits des pétroliers, le ministre a répondu que "tout est sur la table.
De son côté, le groupe pétrolier Total, qui gère le tiers des stations-service en France, avait annoncé la semaine dernière qu’il prolongerait l’an prochain le plafonnement à 1,99 euro par litre du prix de l’essence et du gazole dans ses 3 400 stations, "tant que les prix resteront élevés". Et n’entend pas faire plus. Le patron du groupe, qui n’aime pas qu’on lui dicte ce qu’il doit faire, d'autant plus quand cela vient des politiques, a une fois encore été très clair. Patrick Pouyanné a toujours tenu à garder une forme de distance avec l’État. Pendant la crise du Covid-19, TotalEnergies n’a pas touché d’aide publique. Toujours lors de la pandémie, le groupe a continué à distribuer des dividendes, alors que Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, appelait à la modération. Ainsi l’année dernière, alors que son groupe a fait des bénéfices records, le dirigeant ne s’est pas privé de verser 2,6 milliards d’euros à ses actionnaires en septembre dernier ou même d'augmenter son salaire de 50 %. Et c’est seulement après 20 jours de grève dans les raffineries et la pression de l’exécutif, qu’il a commencé à négocier avec ses salariés. Par ailleurs, si au début de la guerre en Ukraine, le patron de Bercy a jugé qu’il y avait un problème de principe à ce qu’un groupe français reste en Russie. Dix-huit mois après, TotalEnergies y est toujours présent, contrairement à ses concurrents comme Shell ou BP, qui ont quitté le pays.
Alors le groupe Total, un État dans l’État ? Quelles cartes l’exécutif peut-il jouer pour éviter que les prix à la pompe ne s’envolent ?
Nos invités :
- Thomas Porcher, économiste, membre des “économistes atterés”
- Gaëlle Macke, directrice déléguée de la rédaction - Challenges
- Soazig Quéméner, redactrice en chef - La Tribune dimanche
- Sharon Wajsbrot, journaliste spécialiste des énergies - Les Échos
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé
Maison de production : France Télévisions / Maximal Productions