La France : "L'Allemagne en mieux" !
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C'est devenu la nouvelle manie du gouvernement français. Souligner les difficultés de ses voisins européens pour mieux valoriser ses réussites. Les Allemands appellent ça "Schadenfreude". En déplacement outre-Rhin à l'occasion des Rencontres franco-allemandes d’Evian le 7 septembre, le ministre de l'Économie français Bruno Le Maire s'est félicité de la santé de l'économie française, ce qui n'a pas manqué d'agacer quelques patrons allemands, qui s'inquiètent du déclin de la leur. Même Emmanuel Macron s'est fendu d'une petite pique devant ses ministres le 6 septembre dernier : "Vous êtes des ministres chanceux, dans un pays qui n’est ni en récession ni en cure d’austérité".
Il faut dire que l'économie allemande inquiète, fragilisée par sa dépendance au gaz russe et au marché chinois. Son PIB a diminué de 0,3 % entre janvier et mars, après une première baisse de 0,5 % au dernier semestre 2022. En récession depuis le début de l'année, l'Allemagne peine aussi à endiguer l'inflation qui atteint 6%. "L'industrie allemande était très dépendante des importations d'énergie russe, en particulier de gaz. […] Il fallait le remplacer à des prix plus élevés. C'est pourquoi les prix de l'énergie sont plus élevés", s'est justifié le ministre allemand de l'économie, Robert Habeck. À ces difficultés s'ajoutent des tensions de plus en plus récurrentes dans la coalition d'Olaf Scholz, entre les Libéraux du FDP, tenants de la rigueur budgétaire, les écologistes et les sociaux-démocrates du chancelier. L'un des responsables du FDP accuse les deux autres partis "une addiction à la dépense publique".
Pourtant, le délabrement des services publics allemands n'est plus un secret, à commencer par les écoles. Au printemps dernier, le grand hebdomadaire allemand Der Spiegel faisait sa une sur le délabrement des établissements scolaires : "L’état des écoles est révélateur du désintérêt de la classe politique pour l’éducation : bâtiments vétustes, classes surchargées, enseignants non remplacés. Et le suivi des professeurs est quasi inexistant : tandis que certains se la coulent douce, d’autres croulent sous le travail". Sans parler du système ferroviaire : en 2022, seuls 65,2 % des trains de la Deutsche Bahn (DB), la principale compagnie ferroviaire, sont arrivés « à l’heure ». Le résultat de deux décennies de désinvestissement dans les infrastructures ferroviaires du pays. Pour le gouvernement, qui souhaite remédier au problème, le défi réside en sa capacité à rénover le réseau tout en maintenant le trafic à son niveau actuel.
Du côté du Royaume-Uni, le gouvernement évite la récession mais fait face à une économie au ralenti,avec une quatorzième hausse des taux d’intérêt d’affilée décidée par la banque d'Angleterre en août. Une stratégie qui peine à endiguer la hausse des prix de 6,8% enregistrée en juillet. Le gouvernement vise une diminution de cette inflation à 3% d'ici l'année prochaine. Comme ses voisins européens, le Royaume-Uni est durement impacté par la flambée des coûts de l'énergie, notamment le gaz qui produit 40% de l'électricité britannique. Si le pays connaît un faible taux de chômage (4%), les employeurs peinent à recruter et ont dû affronter de nombreuses grèves de salariés ces derniers mois. Conjuguée à l'effritement des échanges commerciaux depuis le Brexit, l'inflation continue de plomber l'économie britannique. De quoi mettre en péril le gouvernement du conservateur Rishi Sunak à quelques mois des prochaines élections générales ?
Pourquoi l'économie française se porte-t-elle mieux que sa voisine allemande ? L'Allemagne doit-elle rouvrir le débat sur la rigueur budgétaire pour relancer son économie ? Comment les services publics allemands sont-ils devenus aussi fragiles ? Au Royaume-Uni le gouvernement va-t-il faire les frais de la stagnation économique ?
Nos experts :
- Florentin Collomp, journaliste au Figaro, spécialiste des questions européennes
- Hélène Miard-Delacroix, historienne, spécialiste de l’Allemagne contemporaine
- Jade Grandin de l'Eprevier, correspondante à Bruxelles pour l’Opinion
- Marion Van Renterghem, grand reporter et Chroniqueuse à L'Express, auteure de Le piège de Nord stream
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé
Maison de production : France Télévisions / Maximal Productions