Niger : veillée d’armes au Sahel
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Un cap a été franchi dans la crise en cours au Niger. La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a ordonné hier "l’activation immédiate" de sa force d’intervention, en vue de "restaurer l’ordre constitutionnel" dans le pays. Les dirigeants de la Cédéao étaient réunis au sein d'un sommet extraordinaire à Abuja, au Nigéria, pour discuter de la marche à suivre alors qu'à Niamey, la junte qui a pris le pouvoir lors d'un coup de force le 26 juillet étend chaque jour un peu plus son emprise sur l'appareil d'État. S'il n'a pas précisé de calendrier, le président ivoirien Alassane Ouattara a promis que cette intervention aurait lieu "dans les plus bref délais". L'organisation dit toujours privilégier une résolution pacifique de la crise mais le général Tiani, nouvel homme fort du Niger, ferme la porte. Un conflit armé pourrait donc bel et bien avoir lieu. Côté Cédéao, le Nigeria, géant régional, est à la tête d'une coalition qui compte notamment le Sénégal et la Côte d'Ivoire. Des pays frontaliers du Niger, l’Algérie et le Tchad, se sont prononcés contre une action armée. De leur côté, le Mali et le Burkina Faso, eux-mêmes des régimes militaires, soutiennent les putschistes. Dans son initiative, la Cédéao a reçu le soutien de la France mais aussi des États-Unis. Les deux pays ne devraient toutefois pas s'investir militairement dans l'opération.
Dans la région, un autre acteur fait depuis de nombreuses années parler de lui par la terreur qu'il inspire. La secte terroriste islamiste Boko Haram n'épargne pas la région du lac Tchad. Assassinats de masse, rapts d'hommes, de femmes et d'enfants, le groupe a fait de très nombreux dégâts au Tchad, au Niger et surtout au Nigéria. Ses exactions ont provoqué des exodes de populations entières en grande souffrance. Les affrontements sont réguliers avec l’armée nigérienne et les milices du pays. Car même si le groupe n'est pas officiellement implanté au Niger, le pays est régulièrement attaqué, faisant en quelques années des centaines, voire des milliers, de victimes. Entre janvier 2020 et août 2022, ce ne sont pas moins de 13 attaques qui ont été recensées par le ministère des Affaires étrangères britannique. Le général Tiani a justement justifié son putsch par "la dégradation de la situation sécuritaire".
La violence et l'insécurité que font régner Boko Haram et les autres groupes djihadistes du Sahel ont donc pour conséquence des déplacements de populations. Ces déplacés viennent aussi nourrir le flot de migrants qui quittent la région avec l'Europe pour espoir. Sur le vieux continent, la crise migratoire prend de l'ampleur. Pour y répondre, l’Union européenne a conclu avec la Tunisie un accord le 16 juillet dernier. Objectif pour les deux parties : lutter contre l'immigration clandestine vers l’Europe, en plein essor depuis le pays nord-africain. Selon l’agence des réfugiés de l’ONU, 50000 personnes sont arrivées illégalement par bateau en Italie au cours des cinq premiers mois de l’année 2023, contre 19 000 sur la même période en 2022. Plus de la moitié d’entre eux sont partis de Tunisie, devenue premier pays des départs vers l’Europe. Les filières de passeurs s'y sont multipliées, notamment à Sfax. La présence croissante de migrants dans la cité portuaire génère depuis des mois de vives tensions avec les locaux. Celles-ci ont dégénéré depuis la mort d’un tunisien lors d’une altercation avec des subsahariens, début juillet, entraînant une véritable chasse aux migrants. Le racisme antinoir avait déjà été exacerbé par un discours tenu en février par le président tunisien, Kaïs Saïed. Il dénonçait alors un "grand remplacement" de la population arabo-musulmane du pays.
Depuis la signature de l'accord entre Tunis et Bruxelles, des centaines de migrants subsahariens sont ainsi reconduits hors des frontières tunisiennes et laissés en plein désert, sans eau et sans nourriture, sous le regard silencieux de l'Europe.
Un conflit armé est-il inévitable au Niger ? Comment endiguer et neutraliser les groupes djihadistes au Sahel ? Quelle réponse apporter face à la crise migratoire en cours ?
Nos invités :
- Yves Thréard, éditorialiste et directeur adjoint de la rédaction - Le Figaro
- Niagalé Bagayoko, politologue et présidente de l’African Security Sector Network
- James André, journaliste - France 24
- Seidik Abba, chercheur associé et président du CIRES
Présenté par : Maya Lauqué
Maison de production : France Télévisions / Maximal Productions