Police : Darmanin fâche la justice
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De retour de Nouvelle-Calédonie, où il accompagnait le président de la République, Gérald Darmanin pris la parole hier pour la première fois depuis le mouvement de grogne d’une partie des policiers. "Je comprends cette émotion, cette colère, cette tristesse", a déclaré le ministre de l'Intérieur, en déplacement dans un commissariat du 19e arrondissement de Paris. "Les policiers ne doivent pas être les seules personnes en France pour qui la présomption d'innocence n'existe pas" et serait remplacée par une "présomption de culpabilité", a-t-il souligné, rappelant toutefois que "quand l'un d'entre eux commet une erreur, il doit être sanctionné". Interrogé par ailleurs par un journaliste sur les propos du directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Veaux, qui affirmait dimanche 23 juillet qu’un policier n’avait pas sa place en détention provisoire, le ministre de l’Intérieur l’a pleinement conforté : "Il a parlé comme parle un chef vis-à-vis de ses policiers, je le soutiens totalement et je suis très fier que ce soit mon collaborateur." Peu après, le ministre de l’Intérieur a reçu en compagnie de ce dernier et du préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, les organisations syndicales de la profession au ministère.
À la sortie, les syndicats se sont montrés "satisfaits". "On a le sentiment que notre ministre est en soutien des forces de l'ordre", a déclaré devant la presse Olivier Varlet, secrétaire général du syndicat Unsa Police. Détention provisoire, protection fonctionnelle, anonymisation... Plusieurs revendications des policiers ont été abordées lors de cette réunion et d’après les représentants syndicaux, Gérald Darmanin se serait engagé à "étudier la loi pour revenir sur la détention provisoire d’un policier agissant en mission". Autre acquis revendiqué par Unité-SGP : le "maintien des primes en plus du traitement lors d’une suspension". Il s’agit des principales revendications des syndicats, au cœur du mouvement des policiers déclenché après l'incarcération d'un collègue marseillais, soupçonné d'avoir roué de coups un jeune homme nommé Hedi, avec trois autres collègues, dans la nuit du 1er au 2 juillet, en marge des émeutes qui ont suivi la mort de Nahel à Nanterre. Gérald Darmanin a également fait savoir aux syndicats qu’il gagnerait la cité phocéenne sous peu pour y rencontrer les policiers en colère et qu’une réunion commune avec le garde des Sceaux aura lieu à la rentrée.
Depuis le début de la crise, Eric Dupond-Moretti n’est sorti qu’une fois de son silence, avec un tweet citant Emmanuel Macron de son allocution du début de semaine : "nul n’est au-dessus de la loi de la République". Dans un communiqué, les conférences nationales des chefs de cours d’appel ont fait part de leur "inquiétude". "Nous sommes soucieux de maintenir des relations apaisées avec les forces de sécurité intérieure, mais nous ne pouvons que craindre qu’une forme de radicalisation des positions s’installe parmi les fonctionnaires de police, facilitée par les atteintes publiques de leurs plus hautes autorités aux principes de la séparation des pouvoirs et de l’indépendance de l’autorité judiciaire" écrivent-ils.
Alors que va décider l’exécutif ? Après l’horizon qu’Emmanuel Macron a voulu tracer lundi à la télévision, la Première ministre est revenue mardi sur le choix de sa nouvelle équipe gouvernementale plus politique et moins issue de la société civile. Face à "une situation politique qui est dure à l’Assemblée, des débats qui peuvent être parfois très violents", il "est important", a-t-elle expliqué que "des ministres dirigent leur administration, puissent porter les positions du gouvernement dans le débat public et puissent aussi aller à la rencontre de nos parlementaires de la majorité et des oppositions, travailler avec eux." A la veille de la pause estivale du gouvernement, Élisabeth Borne a rappelé qu’elle attend d’eux à la rentrée des "résultats très rapides et tangibles."
De son côté le chef de l’État poursuit son voyage en Nouvelle-Calédonie. Depuis Nouméa, il a loué mardi l'action de son ancien Premier ministre Édouard Philippe et évoqué la possibilité qu’il puisse "prendre le relais" à l'Élysée en 2027, en se disant soucieux "qu'il y ait vraiment une suite" à sa propre action. L’intéressé, de son côté, a annoncé la sortie de son prochain livre, intitulé "Des lieux qui disent", le 13 septembre prochain.
Nos experts :
- Carl Meeus, Rédacteur en chef - Le Figaro Magazine
- Alexandra Schwartzbrod, Directrice adjointe de la rédaction - Libération
- Cyril Graziani, Chef du service politique - France Télévisions
- Frédéric Micheau, Directeur général adjoint - Opinion Way
Présenté par : Axel de Tarlé
Maison de production : France Télévisions / Maximal Productions