La France vit-elle au-dessus de ses moyens ?
C dans l'air- 1 h 4 min
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La nouvelle était attendue avec fébrilité par le gouvernement. L’agence de notation américaine Standard & Poor’s, la plus influente, devait rendre publique sa note financière de la France. Si tous les observateurs tablaient sur une dégradation de cette note, l'agence a finalement décidé hier soir de la maintenir inchangée, à "AA". Soupir de soulagement pour Bercy et l'exécutif. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire "prend acte" de la décision de Standard & Poor’s dans laquelle il voit un "signal positif" et promet sa "fermeté la plus totale" dans la poursuite de la stratégie de réduction des déficits. Cette note est loin d'être anecdotique pour l'Etat. C'est en effet sur la foi de cette dernière que la France emprunte, à des taux plus ou moins élevés, sur les marchés pour financer une partie de son budget. Une dégradation de cette dernière peut donc entraîner le renchérissement des intérêts à payer, et donc peser plus lourd sur les deniers publics.
Cette publication d'une note non dégradée intervient toutefois après la dégradation de la note par une autre agence financière, Fitch, il y a quelques semaines. La France est en effet désormais notée "AA-" par cette seconde agence. Malgré ses bonnes notes relatives, l'endettement du pays reste élevé. Et pour lutter contre cet état de fait, la majorité relative du camp présidentiel à l'Assemblée pourrait être inquiétante à l'avenir.
Parmi les nombreuses causes du déficit public, la fraude sociale est souvent pointée du doigt par l'exécutif. C'est la caisse primaire d'assurance maladie qui est chargée de lutter contre ce phénomène. Dans son viseur on retrouve certains praticiens dont les pratiques tarifaires obscures confinent à l'escroquerie. Dans certains cabinets dentaires, la surfacturation permet à ces escrocs de récupérer de l'argent indu. Ces fausses factures ou surfacturations sont rendues plus faciles depuis le passage au tiers payant. Les patients n'ayant en effet plus besoin d'avancer les frais, leur professionnel de santé peut ainsi en profiter pour faire passer des dépenses sur leur dos auprès de l'assurance maladie. Le tout sans que les patients ne puissent s'en rendre compte.
Mais l'État et la sécurité sociale ne sont pas les seules entités publiques à connaître un endettement élevé. Les collectivités locales sont elles aussi confrontées à cette difficulté. Poussées par la hausse des dépenses, certaines municipalités en viennent même à vendre des "bijoux de famille", comme l'église ou le moulin de la commune. D'autres réalisent des coupes dans leurs dépenses, en limitant l'éclairage public ou en baissant le chauffage des bâtiments publics. Certains projets de rénovation sont retardés ou annulés. Tout est fait pour éviter d'avoir à augmenter la taxe foncière, qui apparaît comme l'ultime recours.
L'instabilité parlementaire peut-elle effrayer les agences financières et donc faire peser un risque sur notre capacité d'emprunt ? Comment lutter plus efficacement contre la fraude sociale ? Comment redonner du souffle aux collectivités territoriales, qui semblent en grande difficulté financière ?
Nos experts :
- Philippe Dessertine, directeur de l’Institut de Haute Finance
- Christine Kerdellant, essayiste et journaliste économique
- Gaëlle Macke, directrice déléguée de la rédaction - Challenges
- Yves Thréard, éditorialiste et directeur adjoint de la rédaction - Le Figaro
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé