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Macron / Borne : Ils s'affrontent... sur le RN
C dans l'air- 1 h 3 min
- Français
- indisponible
- tous publics
Le Rassemblement national "héritier de Pétain" ? Lors du Conseil des ministres, mardi 30 mai, le chef de l’État a condamné, sans la nommer, la déclaration de sa Première ministre sur le parti de Marine Le Pen, critiquant "des mots des années 1990 qui ne fonctionnent plus" selon des propos rapportés par le Parisien. Dimanche, lors d’une interview sur Radio J, Élisabeth Borne avait estimé que le Rassemblement national n’a pas changé et est toujours un "héritier de Pétain". "Je n’ai jamais entendu Marine Le Pen dénoncer ce qu’ont pu être les positions historiques de son parti et je pense qu’un changement de nom ne change pas les idées, les racines", avait déclaré la cheffe du gouvernement. Marine Le Pen s’était indignée des propos "infâmes et indignes" de la cheffe du gouvernement. Visiblement pas convaincu par sa Première ministre, Emmanuel Macron aurait longuement insisté hier, d’après le Parisien, sur l’idée de répliquer au Rassemblement national par "le concret", "le réel" et non pas avec "des arguments moraux. On n’arrivera pas à faire croire à des millions de Français qui ont voté pour elle que ce sont des fascistes", aurait-il déclaré. Depuis Emmanuel Macron a affirmé qu'Élisabeth Borne avait toute sa "confiance" et Matignon a tenté de déminer l’épisode. L’entourage de la Première ministre assure que Élisabeth Borne est revenue "très zen" de son déjeuner hebdomadaire avec le Président. Mais dans la classe politique, les propos du chef de l’État n’ont pas manqué de faire réagir. "Comment le président de la République ose-t-il recadrer Elisabeth Borne, fille de rescapé des camps, parce qu’elle a rappelé la filiation idéologique de l’extrême droite ? S’il y a "décivilisation", c’est celle du Président", s’est indigné le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, sur Twitter. L'insoumis Alexis Corbière a lui aussi tenu à s'exprimer sur Twitter : "C'est pourtant factuel, le FN fut fondé en 1972 par des pétainistes", a rappelé le député de la Seine-Saint-Denis. "Partez Élisabeth Borne. Restez dans l'Histoire comme celle qui a refusé de voir un président aussi cynique qu'inculte normaliser l'extrême-droite'", a pour sa part conseillé Aurélien Taché, député écologiste, à la patronne de Matignon. À droite, si le président de la Région Hauts-de-France, Xavier Bertrand assure qu’il faut privilégier les actions politiques concrètes pour convaincre les électeurs du RN, il estime également qu’oublier l’histoire du parti à la flamme contribue à le banaliser. " À l’origine, c’est un parti xénophobe, raciste et antisémite", a-t-il souligné, ajoutant que le RN s’était "aperçu" au fil du temps qu’afficher de telles positions "n’était pas très vendeur". Ainsi, pour Xavier Bertrand, le RN a dû "élargir son audience" en lissant son image, ses membres devenant des "professionnels du marketing qui se déguisent en parti de gouvernement". Côté RN, on s’enthousiasme de cette apparente discorde au sommet de l’Etat. "Une mauvaise élève qui se prend un blâme par le proviseur avant le conseil de discipline et l’exclusion définitive. Tic tac tic tac", s’amuse le député RN Thomas Ménagé tandis qu’à l’Assemblée, les députés de la majorité sont embarrassés à l’idée de départager les deux têtes de l’exécutif. Une gêne révélatrice de la difficulté stratégique du camp d’Emmanuel Macron face au parti d’extrême droite, au plus haut dans les sondages après l’épisode de la réforme des retraites, et qui cherche la parade. Après avoir passé "beaucoup de temps à taper sur la Nupes", selon le député Sylvain Maillard, les macronistes veulent aller chercher les députés du RN "cachés dans le terrier". C’est la mission de la "task force" lancée par le groupe Renaissance au Parlement. Parallèlement, la présidente de l’Assemblée nationale a inauguré au début du mois en Bretagne une série de rencontres citoyennes sur la réforme des institutions que le président de la République veut présenter dans les prochains mois. Mais d’ici là, Emmanuel Macron a choisi de mettre l'immigration à l'ordre du jour de la rentrée et laissé entendre que l'aide médicale d'Etat pourrait être réajustée. Au sein du gouvernement, Gérald Darmanin (Intérieur), soucieux de parvenir à un accord sur ce texte avec les LR, est pour revoir ses modalités. Gabriel Attal (Comptes publics) et François Braun (Santé) y sont défavorables, rappelant que l’AME représente aujourd’hui "0,5 %, même un peu moins, de l’ensemble du budget de la Sécurité sociale", et que "en plus de conserver les valeurs humanistes de la France", "pour des enjeux de sécurité sanitaire pour les Français, il faut garder un système qui soigne ces personnes présentes sur notre sol". Alors pourquoi Emmanuel Macron a-t-il recadré Élisabeth Borne après ses propos sur le RN ? Quelle est la stratégie de l’exécutif face à l’extrême droite ? Et comment fonctionne l’AME ? Qui est concerné par cette dernière ? Nos invités : - Guillaume Daret , Grand reporter au service politique – "France Télévisions" - Marie Moley , Journaliste au service politique de RTL - Christelle Craplet , Directrice du département opinion - BVA - Martial Foucault , Politologue, Directeur du Cevipof , auteur de "L’État ou le dialogue social"
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Le Rassemblement national "héritier de Pétain" ? Lors du Conseil des ministres, mardi 30 mai, le chef de l’État a condamné, sans la nommer, la déclaration de sa Première ministre sur le parti de Marine Le Pen, critiquant "des mots des années 1990 qui ne fonctionnent plus" selon des propos rapportés par le Parisien. Dimanche, lors d’une interview sur Radio J, Élisabeth Borne avait estimé que le Rassemblement national n’a pas changé et est toujours un "héritier de Pétain". "Je n’ai jamais entendu Marine Le Pen dénoncer ce qu’ont pu être les positions historiques de son parti et je pense qu’un changement de nom ne change pas les idées, les racines", avait déclaré la cheffe du gouvernement. Marine Le Pen s’était indignée des propos "infâmes et indignes" de la cheffe du gouvernement.
Visiblement pas convaincu par sa Première ministre, Emmanuel Macron aurait longuement insisté hier, d’après le Parisien, sur l’idée de répliquer au Rassemblement national par "le concret", "le réel" et non pas avec "des arguments moraux. On n’arrivera pas à faire croire à des millions de Français qui ont voté pour elle que ce sont des fascistes", aurait-il déclaré.
Depuis Emmanuel Macron a affirmé qu'Élisabeth Borne avait toute sa "confiance" et Matignon a tenté de déminer l’épisode. L’entourage de la Première ministre assure que Élisabeth Borne est revenue "très zen" de son déjeuner hebdomadaire avec le Président.
Mais dans la classe politique, les propos du chef de l’État n’ont pas manqué de faire réagir. "Comment le président de la République ose-t-il recadrer Elisabeth Borne, fille de rescapé des camps, parce qu’elle a rappelé la filiation idéologique de l’extrême droite ? S’il y a "décivilisation", c’est celle du Président", s’est indigné le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, sur Twitter. L'insoumis Alexis Corbière a lui aussi tenu à s'exprimer sur Twitter : "C'est pourtant factuel, le FN fut fondé en 1972 par des pétainistes", a rappelé le député de la Seine-Saint-Denis. "Partez Élisabeth Borne. Restez dans l'Histoire comme celle qui a refusé de voir un président aussi cynique qu'inculte normaliser l'extrême-droite'", a pour sa part conseillé Aurélien Taché, député écologiste, à la patronne de Matignon.
À droite, si le président de la Région Hauts-de-France, Xavier Bertrand assure qu’il faut privilégier les actions politiques concrètes pour convaincre les électeurs du RN, il estime également qu’oublier l’histoire du parti à la flamme contribue à le banaliser. " À l’origine, c’est un parti xénophobe, raciste et antisémite", a-t-il souligné, ajoutant que le RN s’était "aperçu" au fil du temps qu’afficher de telles positions "n’était pas très vendeur". Ainsi, pour Xavier Bertrand, le RN a dû "élargir son audience" en lissant son image, ses membres devenant des "professionnels du marketing qui se déguisent en parti de gouvernement".
Côté RN, on s’enthousiasme de cette apparente discorde au sommet de l’Etat. "Une mauvaise élève qui se prend un blâme par le proviseur avant le conseil de discipline et l’exclusion définitive. Tic tac tic tac", s’amuse le député RN Thomas Ménagé tandis qu’à l’Assemblée, les députés de la majorité sont embarrassés à l’idée de départager les deux têtes de l’exécutif. Une gêne révélatrice de la difficulté stratégique du camp d’Emmanuel Macron face au parti d’extrême droite, au plus haut dans les sondages après l’épisode de la réforme des retraites, et qui cherche la parade.
Après avoir passé "beaucoup de temps à taper sur la Nupes", selon le député Sylvain Maillard, les macronistes veulent aller chercher les députés du RN "cachés dans le terrier". C’est la mission de la "task force" lancée par le groupe Renaissance au Parlement. Parallèlement, la présidente de l’Assemblée nationale a inauguré au début du mois en Bretagne une série de rencontres citoyennes sur la réforme des institutions que le président de la République veut présenter dans les prochains mois. Mais d’ici là, Emmanuel Macron a choisi de mettre l'immigration à l'ordre du jour de la rentrée et laissé entendre que l'aide médicale d'Etat pourrait être réajustée. Au sein du gouvernement, Gérald Darmanin (Intérieur), soucieux de parvenir à un accord sur ce texte avec les LR, est pour revoir ses modalités. Gabriel Attal (Comptes publics) et François Braun (Santé) y sont défavorables, rappelant que l’AME représente aujourd’hui "0,5 %, même un peu moins, de l’ensemble du budget de la Sécurité sociale", et que "en plus de conserver les valeurs humanistes de la France", "pour des enjeux de sécurité sanitaire pour les Français, il faut garder un système qui soigne ces personnes présentes sur notre sol".
Alors pourquoi Emmanuel Macron a-t-il recadré Élisabeth Borne après ses propos sur le RN ? Quelle est la stratégie de l’exécutif face à l’extrême droite ? Et comment fonctionne l’AME ? Qui est concerné par cette dernière ?
Nos invités :
- Guillaume Daret , Grand reporter au service politique – "France Télévisions"
- Marie Moley , Journaliste au service politique de RTL
- Christelle Craplet , Directrice du département opinion - BVA
- Martial Foucault , Politologue, Directeur du Cevipof , auteur de "L’État ou le dialogue social"
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé