Transition écologique : faire payer les riches ?
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"Les militants du climat sont dans leur rôle d’alerter et de dire qu’il faut accélérer." Élisabeth Borne a réagi vendredi après que des militants ont perturbé l’Assemblée générale des actionnaires du groupe TotalEnergies, qu’ils accusent de "greenwashing". "Il faut que tous nous accélérions sur la transition écologique", a estimé la cheffe du gouvernement en marge d’un déplacement en Côte d’Or. Dans la matinée, à l’appel d’une coalition d’ONG environnementales, des militants du climat avaient investi les rues entourant la salle Pleyel, dans le VIIIe arrondissement à Paris, pour tenter de bloquer l’évènement du groupe pétrogazier. Une réunion annuelle des actionnaires du groupe qui s’est déroulée sous haute tension, à la fin d’une saison d’AG houleuses, où des militants ont multiplié les actions contre les grands groupes, comme chez les concurrents Shell et BP ou la banque Barclays, accusée de financer l’expansion de projets d’hydrocarbures, et à la fin d’une semaine placée sous le thème de la transition écologique par l’exécutif.
La Première ministre a rappelé en début de semaine qu’il va falloir baisser nos émissions de gaz à effet de serre deux fois plus vite qu’aujourd’hui afin d’atteindre les objectifs européens pour limiter le réchauffement climatique. Mais comment y parvenir ? Dans un rapport commandé par Matignon qui a été rendu public lundi, l’économiste Jean Pisani-Ferry, professeur à Sciences Po, souligne l’urgence de la situation : "Il va nous falloir faire en dix ans ce que nous avons eu de la peine à faire en trente ans. L’accélération est brutale". La France va devoir hausser le rythme, martèle le document, en s’appuyant sur la "réorientation du progrès technique", la sobriété énergétique, et une coûteuse décarbonation nécessitant "un accroissement des prélèvements obligatoires". Car le coût pour les finances publiques de cette transition écologique est faramineux. D’après ce travail de plus de 150 pages, réalisé avec l’inspectrice générale des finances, Selma Mahfouz, l’adaptation aux objectifs environnementaux va entrainer 250 à 300 milliards d’euros de dette en plus, en cumulé, en 2030, et jusqu’à 34 milliards d’investissement public supplémentaire par an à cet horizon.
Qui va payer ? Pour financer ces montants faramineux, Jean Pisani-Ferry appelle à " programmer l’investissement climat sur trois décennies", plaide pour un recours massif à l’endettement et préconise de mettre en place un "impôt exceptionnel et temporaire" sur le patrimoine financier des 10 % de Français les plus aisés, à hauteur de 5 milliards d’euros par an.
Une dernière proposition qui a déjà été balayée par la Première ministre, mais qui crée du débat, et séduit au sein même de la majorité alors que l’année 2022 a marqué un changement dans la perception du changement climatique dans le pays notamment avec les incendies de l’été dernier et la sécheresse qui touche depuis des mois de nombreux territoires, notamment dans les Pyrénées-Orientales. Le département vient d’être placé en stade critique en raison de la sécheresse historique qui le frappe. De nombreuses interdictions courent et les pompiers conscients du manque d'eau et du risque d’incendies, constituent déjà des ressources. L'eau des piscines est pompée afin de ne pas puiser dans lesréserves d'eau potable.
Parallèlement, dans un dernier rapport publié lundi, la Cour des comptes recommande "une réduction importante du cheptel bovin" afin de respecter les "engagements de la France en matière de réduction des émissions de méthane". D’après les Sages de la rue Cambon, l'élevage bovin est "responsable en France de 11,8 % des émissions d'équivalents CO2, comparables à celles des bâtiments résidentiels du pays". Ils appellent à une baisse qui ne mettrait nullement en danger les objectifs de souveraineté alimentaire de la France et suggère de revoir les dispositifs de soutien aux éleveurs.
Nos Experts :
- Marc Lomazzi, Journaliste, auteur de "France 2050 - Le scénario noir du climat"
- Thomas Porcher, Économiste, auteur de "Mon dictionnaire d’économie"
- Neila Latrous, Cheffe adjointe du service politique - "France Info"
- Chloé Nabedian, Journaliste spécialiste des questions climatiques
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé